Ce que les écoles de journalisme devraient enseigner sur la vie de pigiste

30 nov 2021 dans Etre freelance
Photo d'une femme qui travaille, écrit au stylo

Le monde du journalisme évolue rapidement. Ce qui était valable hier peut ne pas l'être demain, et les programmes d'écoles de journalisme ont du mal à suivre. De nombreuses écoles ne préparent pas pleinement les étudiants aux réalités du marché des médias d'aujourd'hui, comme le développement constant du journalisme en freelance.

Les journalistes indépendants font déjà le gros du travail. Si la tendance de la gig economy se poursuit aux États-Unis, le freelancing ne fera que gagner en importance dans les années à venir. Selon les prévisions, plus de la moitié de la main-d'œuvre américaine sera constituée de travailleurs indépendants d'ici 2027.

Les écoles et les universités ont du mal à s'y retrouver dans ce contexte, ce qui a découragé les freelance et les journalistes salariés. Que peuvent faire les écoles pour s'assurer que les étudiants soient mieux préparés à cette nouvelle réalité ?

Le b.a.-ba de la proposition d'articles

En tant que pigiste de carrière, je suis souvent surpris par le manque de préparation de nombreux collègues reporters lorsqu'ils doivent proposer un article à un responsable éditorial. Souvent, ils ne sont pas sûrs de ce qu'ils doivent dire et de la manière dont ils doivent s'y prendre.

Les responsables éditoriaux peuvent avoir des attentes très différentes quant à la manière dont ils souhaitent être contactés. Certains aiment les pitchs courts et efficaces, tandis que d'autres préfèrent des propositions plus étoffées, par exemple. Cependant, il est très rare qu'ils apprécient de recevoir une première version non sollicitée d'un article qu'ils n'ont pas commandé.

Une collègue, qui a préféré garder l'anonymat, a expliqué qu'elle ne savait pas comment proposer correctement un article parce qu'elle débutait en tant que pigiste. Diplômée en journalisme, elle a demandé si son pitch devait inclure une première version complète de reportage. Son école ne l'a pas préparée à cet aspect du travail de reporter.

La journaliste et militante indépendante Meira Gebel partage ce sentiment. "Vous êtes essentiellement livré à vous-même, et vous ne vous améliorerez pas tant que vous n'aurez pas essuyé une tonne de refus et que vous n'aurez pas compris ce que vous faites mal. Les programmes d'études devraient inclure comment gagner de l'argent, et cela comprend apprendre à proposer des piges."

Mme Gebel prend régulièrement la parole pour que les écoles de journalismes enseignent mieux aux étudiants les nuances et les pratiques commerciales qui prévalent dans le monde des freelances. Elle a souligné ce décalage dans un article pour Business Insider.

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Être freelance, c'est de l'entrepreneuriat

Fixer ses tarifs fait partie intégrante de la vie de pigiste, mais c'est une compétence que beaucoup de journalistes ne possèdent pas. Le freelancing est une activité commerciale et le succès d'une personne dépend beaucoup de son sens des affaires.

"Les écoles doivent intégrer dans leur programme d'études le thème de l'entrepreneuriat pour les journalistes indépendants", dit Mme Gebel. "Les écoles doivent permettre aux étudiants de comprendre les clauses d'un contrat de freelance ou d'entrepreneur indépendant, et enseigner comment fixer un tarif. Beaucoup d'étudiants ne savent pas ce que vaut leur travail, et ils ne savent pas comment mettre une valeur monétaire sur ce qu'ils sont capables de faire."

Les petites écoles qui proposent des programmes de journalisme ont également du mal à garantir aux étudiants les compétences dont les freelances ont besoin pour réussir. C'est l'expérience qu'a vécue Karah Wilson, responsable éditoriale d'un petit journal local de l'Indiana. Elle était auparavant pigiste.

"L'école que j'ai fréquentée ne parlait que très, très rarement, voire jamais, du travail en freelance. Leur objectif principal était de nous enseigner l'éthique, les bases du journalisme et les conventions d'écriture du style AP", raconte-t-elle. "Une chose que j'aimerais apprendre, c'est proposer un article. Cela aurait été quelque chose de très utile d'avoir un cours sur ce sujet à l'université", ajoute-t-elle.

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Créer sa marque personnelle

Les journalistes indépendants doivent être capables de se faire connaître, eux et leur travail, de manière à se démarquer. Cela implique de développer son identité, d'utiliser efficacement les réseaux sociaux pour diffuser son travail et d'ajouter le contexte nécessaire à vos reportages. Les réseaux sociaux sont un excellent moyen d'ajouter votre point de vue à des reportages d'actualité pure ou de discuter de certains points intéressants qui n'ont peut-être pas été retenus dans la version finale.

"Nous avons vu à quel point ce secteur, surtout lorsqu'on est pigiste, dépend de la présence sur les réseaux sociaux", remarque Jack Crosbie, un pigiste de longue date qui a écrit pour The Atlantic et Rolling Stone. Il précise que le fait d'être actif sur les réseaux sociaux peut aider les freelances à se démarquer.

"Je pense que les étudiants bénéficieraient d'être sensibilisés aux alternatives à la vision traditionnelle dans leurs cours. Qu'elles soient au moins présentées aux étudiants pour leur faire comprendre qu'il y a plusieurs façons de faire du journalisme."

Les écoles de journalisme devraient mettre davantage l'accent sur la manière d'utiliser les réseaux sociaux comme outils de reportage et de diffusion, et pas seulement pour la collecte d'informations. De plus en plus, ces plateformes sont un moyen d'entrer en contact avec son public et d'ajouter à vos reportages des éléments de contexte que vous n'aviez peut-être pas pu intégrer dans votre papier faute de place ou de temps.


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