Journaliste du mois : Stéphanie Fillion

5 déc 2022 dans Journaliste du mois
Stephanie

Pour la journaliste québécoise Stéphanie Fillion, être journaliste signifie être au service du peuple. Qu'il s'agisse de faire des reportages pour les Nations unies (ONU) ou de rédiger des articles qui, autrement, passeraient inaperçus dans les médias grand public, la passion de Stéphanie Fillion pour les affaires internationales l'a menée à faire des reportages sur des questions qui font rarement la Une des grands médias.

Après avoir obtenu un diplôme de l'Université McGill à Montréal et de l'école de journalisme de l'Université de Columbia, Mme Fillion démarre sa carrière comme journaliste sportive et météo pour CBC/Radio-Canada avant de s’ouvrir à d’autres sujets, tels que les conflits armés, les droits des femmes et la politique gouvernementale, pour des médias tels que Radio Canada Vancouver, Foreign Policy et Forbes.

En tant que collaboratrice d’IJNet en français, Mme Fillion s'efforce de souligner l'importance de connaître les bases du métier. Sa carrière lui a appris que le journalisme est en constante évolution, mais qu'en s'appuyant sur quelques outils et techniques essentiels, il est possible de couvrir le scoop qui vous permettra de percer.

Comment avez-vous démarré dans le journalisme ?

Cela a toujours été mon parcours professionnel idéal. Depuis l'âge de 10 ans, je me souviens avoir composé des rédactions sur l'Égypte et simplement vouloir écrire et voyager. Alors, quand j'ai appris qu'il y avait un très bon programme de journalisme près de ma ville natale au Canada, j'ai sauté sur l'occasion.

Dès mon plus jeune âge, j'ai eu la sensation que je voulais être journaliste. J'ai d’ailleurs commencé ma carrière comme reporter à la télévision pour Radio Canada, qui est le plus grand réseau audiovisuel du pays.

Mon parcours professionnel n'est pas très conventionnel, car je travaille en trois langues et mes articles sont publiés dans de nombreux pays, notamment aux États-Unis, au Canada, en Allemagne, en Suisse, au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et au Japon. J'ai travaillé avec des entreprises internationales sur différentes plateformes : j'ai fait de la télévision, de la radio, des podcasts et du web.

 

Meeting with Charles Michel

Comment vous êtes-vous retrouvée à couvrir les Nations unies ?

En ce qui concerne l'ONU, ce n'était certainement pas quelque chose que j'avais prévu de couvrir lorsque j'étais à l'université de Columbia, qui n'est qu'à un court trajet en métro de l'ONU. Je n’ai même pas mis les pieds à l’ONU une seule fois durant toutes mes études là-bas. Ce n'est qu'après avoir obtenu mon diplôme que j'ai vu une annonce d'un site d'information à but non lucratif recrutant des reporters pour couvrir les affaires internationales. J'adorais New York et avais désormais un master en journalisme, politique et politique internationale. Je me suis dit que ce sujet était parfait pour moi. Dès que j'ai obtenu mon visa et que je suis revenue aux États-Unis, j'ai commencé à faire des reportages au siège de l'organisation. C'est là que j'ai su que c'était vraiment ce que j'aimais faire et ce que je voulais faire à plein temps.

Au départ, j'ai commencé à faire des interviews pour une organisation à but non lucratif appelée PassBlue, et à travailler sur leur podcast, où les Nations unies étaient mises en avant. Aujourd’hui, je me concentre sur d’autres collaborations, avec Foreign Policy, Radio Canada et d'autres médias internationaux.

L'ONU a vraiment changé depuis le début de la guerre en Ukraine. Je dirais qu'il est plus difficile de couvrir l'ONU en raison des défis auxquels l'organisation est confrontée en ce moment. Il est plus important pour les journalistes de couvrir les Nations unies à présent, car l'intérêt pour l'organisation ne cesse de croître.

En même temps, il se passe tellement de choses en ce moment à l'ONU. En tant que journaliste, il faut donc essayer de garder à l'esprit que les sujets dans les différentes régions restent importants à couvrir.

Pouvez-vous nous parler d’un défi inattendu auquel vous avez été confrontée en travaillant en tant qu’indépendante aux Nations unies ?

L'un des défis auxquels je ne m'attendais pas nécessairement est la nécessité d'avoir une connaissance approfondie de chaque endroit que je couvre et de m'assurer que tout est correct, car il est si facile de faire une erreur en raison des nombreux niveaux de lecture d’un sujet. Vous devez comprendre la dynamique politique de l'ONU et vous assurer que vous comprenez également les règles du Conseil de sécurité. Il faut toujours s'assurer que lorsque vous faites un reportage sur une crise spécifique, vous avez tous les tenants et aboutissants de l’histoire.

Pour moi, il s'agit de m'assurer que je parle à autant de sources que possible et que je m'adresse également à d'autres pays pour qu'ils puissent donner leur propre point de vue. Sans oublier de toujours faire de bonnes recherches, d’avoir une documentation complète et de vraiment étayer le tout avec des sources fiables.

Un autre défi est très souvent la notion d'intérêt à prendre en compte en tant que pigiste. Je dis toujours que lorsque vous proposez des articles sur les Nations unies, vous devez être sûr d'écrire quelque chose qui va intéresser un public au-delà des Nations unies. Si vous proposez un sujet, il faut qu’il soit pertinent. C'est le principal défi que j'ai eu à relever en tant que reporter, convaincre les rédacteurs en chef de l’intérêt des sujets que je veux couvrir.

 

Meeting with women

Comment IJNet a-t-il aidé votre carrière ?

J'utilise IJNet depuis aussi longtemps que je me souvienne. C'est un outil qui m'a été extrêmement utile pour trouver des opportunités, des bourses et même des prix auxquels postuler.

IJNet est l'un des outils que je recommande souvent aux étudiants d'utiliser pour trouver des projets qui les intéressent et pour lesquels ils veulent postuler. Je pense qu’[IJNet] possède certaines des meilleures ressources lorsqu'il s'agit d'aider les journalistes dans leur travail et de trouver des annonces.

Quel conseil donneriez-vous à une version plus jeune de vous-même ?

Mon principal conseil, même s'il est un peu ennuyeux, est de commencer au sein d’une chaîne d'information locale, qui vous donnera une très bonne compréhension du journalisme, de l'éthique et du fonctionnement du métier. Aujourd'hui, on croit que n'importe qui peut être reporter. Je pense que c'est tout le contraire. Si vous voulez être journaliste politique ou économique, vous ne pourrez rien faire de tout cela si vous ne comprenez pas les bases de la profession.

Je pense que la meilleure chose que vous puissiez faire pour vous-même est d'aller dans un petit média où vous pourrez être multitâche, où vous pourrez acquérir de l’expérience réelle, que ce soit à la télévision, à la radio ou dans la presse écrite. Obtenez toutes les compétences liées au type de journalisme que vous voulez faire, faites-le pendant quelques années, puis passez à l'étape suivante. Les bases sont vraiment ce qui importe le plus pour construire une carrière de journaliste réussie.


Photos fournies par Stéphanie Fillion.

Cet interview a été édité pour plus de concision et de clarté.