Les cinq tendances numériques que les journalistes doivent connaître

11 août 2022 dans Journalisme digital
Global news trends

En juin 2022, le Reuters Institute for the Study of Journalism de l'Université d'Oxford a publié son Digital News Report annuel.

Ce rapport, qui en est à sa dixième édition, est essentiel pour comprendre les attitudes et les comportements des consommateurs d’actualités dans le monde. Les conclusions du dernier rapport sont issues d'une enquête menée auprès de plus de 90 000 utilisateurs d’informations numériques dans 46 pays à travers cinq continents.

Comprenant des profils de chaque marché, ainsi qu'une analyse comparative couvrant certains des plus grands pays, l'étude regorge de données que les rédactions peuvent utiliser pour nourrir leurs stratégies numériques en constante évolution.

Au cours de la dernière décennie, ces rapports ont mis en évidence les tendances de la consommation d'informations en ligne, notamment le passage au mobile et l'importance croissante des réseaux sociaux. Parallèlement à ces grandes tendances, les études ont également mis en évidence les problématiques émergentes du journalisme, telles que la montée de la désinformation, la confiance dans le journalisme et les habitudes d'information des jeunes publics.

Dans ce contexte, voici cinq conclusions essentielles, et pas toujours prises en compte, du rapport de cette année :

1. La confiance dans les médias est la plus élevée en Finlande

La Finlande reste le pays qui affiche les niveaux les plus élevés de confiance globale (69 %) dans les actualités.

Ce chiffre est en hausse de quatre points par rapport à 2021, et de 13 points depuis 2020. La Finlande est ainsi l'un des deux seuls autres marchés où plus de 60 % de la population interrogée a indiqué qu'elle "fait confiance à la plupart des informations, la plupart du temps", les autres étant le Portugal et l'Afrique du Sud.

En moyenne, au niveau mondial, seuls quatre répondants sur dix (42 %) ont déclaré faire confiance à la plupart des informations la plupart du temps. La confiance est la plus faible aux États-Unis et en Slovaquie (26 % chacun), suivis de Taïwan et de la Grèce (27 %).

 

 

Trust in news globally
   Source : Reuters Institute for the Study of Journalism

2. L’âge moyen d’un abonné aux médias numériques approche les 50 ans

Obtenir que des publics plus jeunes s'intéressent à l'actualité, et a fortiori qu'ils paient pour l'obtenir, est un énorme défi pour les médias aujourd'hui.

Ce problème a été mis en évidence par les résultats qui indiquent que l'âge moyen des personnes qui paient pour des informations numériques est de 47 ans. Aux États-Unis, seulement 17 % des abonnés aux médias ont moins de 30 ans, et ils sont uniquement 8 % au Royaume-Uni.

Toutefois, le pourcentage de jeunes abonnés aux États-Unis correspond également à la moyenne des 20 pays où les actualités payantes sont relativement répandues. La Norvège continue d'être le leader mondial du paiement des informations numériques (41 % des utilisateurs ont payé pour des informations en ligne au cours de l'année écoulée), suivie par la Suède (33 %), la Finlande (19 %) et les États-Unis (19 %).

Une observation au sujet de la croissance du nombre de personnes prêtes à payer pour des informations est potentiellement préoccupante : "Les tendances à plus long terme suggèrent un ralentissement sur certains de ces marchés précurseurs, ce qui soulève la question de savoir s'ils n'atteignent pas une phase plus mature.”

 

 

News subscribers
Source : Reuters Institute for the Study of Journalism

3. Les plus jeunes consomment véritablement l’actualité différemment

Les données du rapport indiquent que les publics plus jeunes sont plus susceptibles d'éviter intentionnellement l’actualité. Ils sont également moins attachés aux marques médiatiques historiques en raison de la popularité de l'accès à l'information par des "portes annexes", comme les réseaux sociaux, les moteurs de recherche et les agrégateurs mobiles.

Les jeunes sont également moins attachés aux concepts d'impartialité journalistique, en partie parce qu'ils ont grandi dans le monde du web social et participatif. Toutefois, le rapport note que "la méfiance à l'égard de la partialité pousse parfois [les jeunes] à ne pas consommer d'informations du tout".

Sur l'ensemble des marchés, 15 % des adultes âgés de 18 à 24 ans utilisent TikTok pour les actualités, soit 3 % de plus qu'en 2020. Plus généralement, TikTok est utilisé par 40 % de cette tranche d'âge dans 46 pays.

 

 

Social news
 Source : Reuters Institute for the Study of Journalism

4. YouTube est une source d’information plus populaire que vous ne le pensez

Plus de la moitié des consommateurs d'actualités numériques aux Philippines (57 %), en Thaïlande (55 %) et en Inde (53 %) utilisent YouTube pour s’informer au cours d'une semaine type.

Cela s'explique notamment par le fait que certains consommateurs préfèrent les informations vidéo. Un autre facteur pourrait être le contraste, en termes de style, de ton et de contenu, avec les canaux médiatiques plus traditionnels. Par exemple, le rapport note qu'en Thaïlande, "la combinaison de frais Internet peu élevés et d'une plus grande liberté de s'exprimer ouvertement en ligne a donné lieu à une vague d'émissions de télévision indépendantes largement consommées sur téléphone portable.”

YouTube peut également être une plateforme populaire pour la consommation de podcasts. Les podcasts vidéo font partie de cette équation, tout comme la possibilité de laisser YouTube en arrière-plan tout en faisant autre chose. YouTube est le canal le plus populaire pour la consommation de podcasts en Espagne (30 % des auditeurs mensuels de podcasts) et le deuxième plus populaire (19 %) en Allemagne.

Dans l'ensemble, la portée mondiale de YouTube pour les actualités, surtout si on la compare aux plateformes plus traditionnelles de diffusion de l'information, suggère qu'une stratégie YouTube globale pourrait devenir un objectif de développement pour les organes de presse

 

 

Youtube for news
Source : Reuters Institute for the Study of Journalism

5. Les actualités par e-mail sont sûrement moins populaires que vous ne le pensez

Tout comme la popularité de YouTube en tant que canal d'information est sous-estimée, il est possible que l'importance que de nombreuses rédactions ont accordée aux mails et aux newsletters ces dernières années ait été surestimée.

Bien que les lettres d'information puissent être un moyen essentiel de susciter des abonnements et de promouvoir un engagement régulier avec les publics, moins d'un utilisateur d'informations numériques sur cinq (17 %) reçoit l’actualité par courrier électronique au cours d'une semaine classique. Ceux qui le font sont généralement plus âgés, plus instruits et plus engagés dans le cycle de l'information que le consommateur moyen.

Parmi ceux qui utilisent l'e-mail comme source d'information, les raisons invoquées sont la commodité (65 %), la variété des articles (30 %) et le ton/style déployé (24 %). La voix de l'auteur, qui dans les newsletters peut souvent être très différente de celle des autres canaux, est très appréciée sur des marchés comme l'Inde (55 %) et la Corée du Sud (40 %).

Ce ton peut être observé dans la montée en puissance de plateformes telles que Substack. Cependant, le marché des newsletters payantes reste petit. Aux États-Unis, 7 % des abonnés aux actualités paient pour recevoir une infolettre par courrier électronique, contre seulement 1 % en Allemagne et en Australie.

De plus, aux États-Unis, alors que le nombre total de newsletters publiées a considérablement augmenté, leur audience totale a diminué.

 

 

Email news
Source : Reuters Institute for the Study of Journalism

Photo par Campaign Creators sur Unsplash.