Vous couvrez la COP26 ? Faites attention à ces points-clefs

3 nov 2021 dans Reportage environnemental
De la neige

La 26e conférence des Nations unies sur le changement climatique, également connue sous le nom de COP26, a suscité un engouement considérable, lançant près de deux semaines de reportages –espérons que ça ne s'arrêtera pas là– sur la crise climatique, l'environnement et de nombreux sujets connexes.

Alors que beaucoup la considèrent comme la plus importante conférence sur le climat depuis des années, la COP26 sera marquée par des débats sur le financement des solutions à la crise climatique. Ces négociations viseront à inciter les pays les plus riches en particulier, à engager davantage de fonds pour soutenir les efforts déployés par les pays à faible revenu pour décarboniser leurs économies. La conférence comprendra également des délibérations sur les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre, sur le fait d'atteindre la neutralité carbone et sur l'inégalité des engagements pris par les pays, certains faisant plus de sacrifices que d'autres.

Des dirigeants mondiaux, dont le président américain Joe Biden, et des militants écologistes de renommée mondiale comme Greta Thunberg sont attendus à la conférence de Glasgow, tout comme des groupes de défense, des militants pour la justice climatique ou l'environnement, des lobbyistes, des acteurs du secteur des combustibles fossiles et d'autres groupes concernés.

Les négociations entre les dirigeants mondiaux constitueront un élément majeur de la conférence. Toutefois, les annonces récentes des absences du président chinois Xi Jinping et du président russe Vladimir Poutine ont suscité des inquiétudes quant à la probabilité de parvenir à des accords majeurs.

La crise climatique n'a jamais été aussi critique et elle ne fait que s'aggraver. Les journalistes doivent ainsi creuser au-delà des communiqués de presse et des annonces officielles pour fournir des informations incisives à leurs lecteurs. Journalistes couvrant la conférence, demandez-vous : qu'est-ce qui est digne d'intérêt d'un reportage à la COP26 ?

J'ai participé à des sessions de formation l'année dernière en tant que lauréat Climate Tracker, une organisation dont la mission est de soutenir, de former et d'encourager les jeunes journalistes des pays en développement à mieux couvrir les questions liées à l'environnement. Voici quelques-uns des principaux enseignements tirés de cette formation à appliquer lorsque vous couvrez ce sommet aux enjeux cruciaux, avec notamment les questions-clefs à garder en tête.

Faites attention aux objectifs principaux de la conférence

Garantir des émissions nettes zéro à l'échelle mondiale d'ici 2050 ; s'adapter pour protéger les communautés et les habitats naturels ; veiller à ce que les pays développés honorent leur engagement de verser 100 milliards de dollars US par an pour financer la transition ; et s'engager à travailler ensemble pour relever les défis de la crise climatique. Tels sont les objectifs-clefs de la COP26, qui doivent être considérés comme des pistes d'articles. Ils peuvent être explorés sous différents angles, pas seulement à partir de ce qui est annoncé (ou non), lors de la conférence.

Différents groupes d'intérêt, organisations, chercheurs et experts peuvent constituer des sources utiles d'idées de sujets au niveau mondial, régional et national. L'Agence internationale de l'énergie et l'Organisation mondiale de la santé n'en sont que deux exemples. Pour en savoir plus, cliquez ici.

[Lire aussi : Ce que les journalistes du monde entier doivent faire lorsqu'ils couvrent la crise climatique]

Tirez les leçons de l'Accord de Paris : le suivi est primordial

L'une des déceptions notables de l'Accord de Paris est son manque de clarté en matière de responsabilité. Les pays ont été incapables de parvenir à un consensus sur des mesures de base, telles que la manière de rendre compte des progrès accomplis, les indicateurs ou référentiels à choisir et les délais à respecter.

Chaque pays peut, par exemple, décider de fixer ses propres objectifs et le moment où il souhaite les atteindre. Cela pourrait entraîner une inégalité dans la course à la neutralité carbone et des émissions nettes zéro, certains pays prenant des engagements plus ambitieux que d'autres.

Les journalistes peuvent rendre compte du trou noir de responsabilité qui en résulte en couvrant les engagements pris par les différents pays et les mesures prises. Ils peuvent couvrir leurs réalisations, ainsi que les mesures concrètes décidées par les pays pour atteindre leurs objectifs.

Suivez les échanges sur le rôle de chacun des pays

L'adhésion de la Chine est essentielle pour que le monde atteigne bon nombre des objectifs fixés par l'Accord de Paris. Cependant, le président chinois Xi Jinping n'assistera pas à la conférence en personne. Le gouvernement chinois s'est montré réticent à prendre un nouvel engagement important en matière de carbone alors que cela pourrait être crucial pour atteindre de nombreux objectifs fixés pour la conférence, et pour le programme mondial de lutte contre le changement climatique en général. Des dommages climatiques importants peuvent être évités, ou du moins minimisés si, par exemple, la Chine, l'Inde et la Russie s'engagent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de plus de moitié d'ici à 2030, et à les éliminer complètement d'ici à 2050.

L'Accord de Paris reconnaît que les pays les plus riches ont historiquement contribué davantage à la crise climatique. En conséquence, il exige que les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et d'autres pays soutiennent financièrement les pays à faible revenu pour lutter contre le changement climatique.

La Chine et l'Inde, dans des déclarations distinctes, se sont prononcées en faveur de l'appel lancé aux pays les plus riches afin qu'ils prennent des engagements financiers plus importants pour soutenir les économies les moins bien loties. L'Afrique du Sud, l'un des pays qui bénéficierait du fonds, a également demandé la mobilisation de 750 milliards de dollars US par an. Toutefois, l'engagement pris par les pays développés, à savoir 100 milliards de dollars US par an, ne sera pas atteint avant 2023.

[Lire aussi : Comment dynamiser votre couverture du changement climatique]

Assurez la veille de sujets comme le charbon et le méthane

Le charbon est une autre question cruciale de la COP26. Selon les experts de Climate Tracker, les journalistes couvrant les pays en développement devraient y prêter attention. L'Agence internationale de l'énergie estime que le charbon produit à lui seul environ 15 milliards de tonnes de dioxyde de carbone par an. En réduisant l'utilisation du charbon et en investissant plutôt dans des sources d'énergie propres, les pays peuvent se rapprocher de la neutralité carbone.

Les gouvernements disposent d'un certain nombre d'options pour lutter contre les émissions des centrales de charbon, notamment en capturant le carbone qu'elles émettent, en utilisant les centrales à d'autres fins et en fermant les centrales existantes. La conférence offrira une plateforme aux organisations internationales telles que l'Agence internationale de l'énergie atomique afin qu'elles présentent de nouvelles solutions pour le traitement du charbon.

Le méthane, qui a un pouvoir de réchauffement nettement supérieur à celui du dioxyde de carbone, sera probablement aussi un thème majeur de la COP26. Les recherches indiquent qu'il est possible de réduire les émissions de méthane de 40 % d'ici à 2030. Un engagement majeur en faveur de la lutte contre le méthane pourrait être un événement marquant à suivre lors de la conférence.


Photo de Magdalena Kula Manchee sur Unsplash.

Paul Adepoju est un journaliste pigiste, universitaire et auteur basé au Nigeria. Il est aussi le community manager du Forum mondial sur la crise sanitaire de l'ICFJ.