Alors que de plus en plus de professionnels se joignent à la "grande démission" ou au "grand départ", quelles sont les options disponibles pour les journalistes qui veulent être leur propre patron ?
Dans le passé, les journalistes indépendants devenaient principalement pigistes pour de grandes publications. Mais il existe aujourd'hui de nombreuses possibilités en ligne parmi lesquelles les journalistes peuvent choisir s'ils veulent travailler en freelance.
Les newsletters payantes
Fondée en 2017, la plateforme Substack a gagné en popularité auprès des journalistes. Il s'agit d'un service tout-en-un qui permet aux rédacteurs de concevoir, de publier et d'envoyer des bulletins d'information numériques directement aux abonnés payants.
Depuis un an environ, un certain nombre de journalistes indépendants influents ont afflué vers Substack dans l'espoir d'obtenir une plus grande liberté éditoriale. Parmi eux, on trouve Bari Weiss, contributeur de Rolling Stones et ancien journaliste du New York Times, et Matthew Yglesias, ancien collaborateur de Vox.
Le journaliste Casey Newton a partagé son expérience avec Substack un an après avoir quitté son emploi et lancé une newsletter payante.
"J'ai l'impression d'avoir plus de contrôle sur ma destinée. Je possède un actif qui peut prendre de la valeur au fil du temps. Et j'aime travailler directement au nom des lecteurs et interagir avec eux quotidiennement."
M. Newton a toutefois énuméré quelques défis : "Devoir faire de la comptabilité ; il y a tellement plus de paperasse qu'avant. Ne pas avoir de correcteur pour la newsletter quotidienne : merci à tous ceux qui me signalent des fautes de frappe, que je m'efforce de corriger aussi vite que possible."
Helena Fitzgerald, autrice indépendante basée à New York, est un autre exemple. Dans une interview accordée à NPR, Mme Fitzgerald a déclaré que sa principale source de revenus provient désormais de la rédaction de sa lettre d'information, Griefbacon qui propose un mélange de messages gratuits et de messages réservés aux abonnés, une stratégie courante pour Substack.
Vendre des formations en ligne
Plusieurs journalistes vendent leur expertise sous la forme de cours en ligne ou de cycles de formation sur des plateformes comme Udemy et Maven.
Sur Udemy, le journaliste et ancien reporter de guerre Julian Gearing vend un cours intitulé "Journalism skills for beginners" (Le journalisme pour les débutants), dans lequel il enseigne aux futurs journalistes comment publier des articles de fond. Son contenu pédagogique comprend des vidéos à la demande, des articles et des ressources téléchargeables que les apprenants peuvent suivre à leur propre rythme.
Le coaching privé
Offrir un enseignement plus personnalisé aux journalistes en devenir et autres auteurs est un autre moyen pour les journalistes de diversifier leurs sources de revenus. Par exemple, la journaliste Wudan Yan propose des services de coaching pour la rédaction de textes en freelance et la rédaction de demandes de subvention. Elle écrit sur son site web : "Ma formation de journaliste me permet d'aborder chaque client avec un esprit ouvert. Je n'ai pas d'idées sur ce à quoi votre entreprise devrait ressembler ; je suis beaucoup plus enthousiaste à l'idée de vous entendre me dire ce que vous voulez.”
Vendre des produits numériques
Les professionnels peuvent vendre leur expertise sous la forme de livres électroniques ou de PDF sur des sites tels que Gumroad, une plateforme d'autoédition et une marketplace numérique.
Robb Montgomery, journaliste mobile et consultant, vend sur ce site un livre électronique sur le journalisme sur mobile qui comprend également des illustrations et un site web d'accompagnement avec des vidéos.
"Je voulais proposer une version PDF personnalisée de [l'e-book] car beaucoup de mes lecteurs m'ont dit qu'ils préféraient ce format", explique Robb Montgomery à IJNet. "Gumroad est une super plateforme et l'équipe qui la soutient travaille avec intégrité. En m'autoéditant, je suis en mesure d'obtenir le meilleur rendement."
Interrogé sur les conseils qu'il peut donner aux journalistes qui veulent publier leurs propres produits numériques, M. Montgomery répond : "Ce que je leur conseille, c'est de devenir véritablement des experts sur un sujet autour duquel ils peuvent ensuite construire leur réputation", ajoutant que pour les journalistes polyvalents, il y a toujours une palette de nouvelles opportunités pour gagner de l'argent grâce au storytelling de non-fiction.
Vendre des adhésions
Un certain nombre de journalistes utilisent Patreon, une plateforme d'adhésion qui permet aux créateurs de contenu de gérer un service d'abonnement. Parmi les journalistes qui utilisent ce service figure la journaliste d'investigation Vicky Smith, basée au Royaume-Uni, qui décrit son Patreon comme la raison pour laquelle elle peut écrire le journalisme qu'elle veut vraiment faire. "Je peux décortiquer les grands sujets et vous dire ce que disent les experts. Je peux analyser les grands sujets d'actualité de la semaine et écrire des articles sur des personnes ou des sujets intéressants."
Certains journalistes choisissent de demander directement le soutien de leur public et de leurs fans fidèles pour pouvoir continuer à travailler de manière indépendante et offrir le contenu que leur public aime. La journaliste indépendante américaine Kaitlyn Arford a utilisé le service Buy Me A Coffee pour demander leur soutien. Le site, à l'instar de Patreon, permet aux supporters de faire des dons mensuels à un créateur en échange d'un accès à du contenu ou à des opportunités exclusifs. Mme Arford écrit : "Si vous me connaissez, vous savez que je fonctionne au café. Entre deux échéances, je partage des conseils et des connaissances sur le freelancing et la transparence des tarifs... Si vous aimez ce que je fais, j'espère que vous envisagerez de m'offrir une tasse de café."
Avec plus de journalistes que jamais qui optent pour le travail indépendant, ces ressources sont essentielles pour permettre aux reporters de publier des reportages qui comptent sans se soucier de leur prochain salaire.
Photo de Markus Spiske sur Unsplash.