Journaliste du mois : Fred Duhoe

14 sept 2021 dans Journaliste du mois
Fred

Dès son plus jeune âge, le journaliste indépendant ghanéen Fred Duhoe a été inspiré par Komla Dumor, présentateur de BBC World News. Le souvenir de la carrière de M. Dumor a donné à M. Duhoe la motivation supplémentaire dont il avait besoin pour quitter l'enseignement et poursuivre une carrière dans le journalisme.

"Tous les matins, il était sur une station de radio nationale et demandait des comptes aux autorités. Le flair et l'enthousiasme dont il faisait preuve m'ont incité à quitter la salle de classe pour poursuivre mes études et devenir journaliste", raconte M. Duhoe.

Après avoir enseigné pendant cinq ans dans la région de la Volta au Ghana, M. Duhoe décide de se lancer dans le journalisme en 2015. "Ma carrière de reporter a commencé un an après avoir quitté l'enseignement. J'exerçais dans une station de radio locale tout en poursuivant mon diplôme de journalisme à l'Institut de journalisme du Ghana", explique-t-il.

Deux ans plus tard, il commence à exercer en tant que professionnel. Depuis, M. Duhoe a travaillé comme pigiste pour BBC News Pidgin, Joy News et Ghana Business News, rédigeant des articles sur les problématiques qui ont un impact sur la vie des citoyens ghanéens.

"J'ai fait des reportages pour promouvoir l'industrie du tourisme au Ghana, des reportages économiques ou traitant de l'accès à l'eau pour les communautés. Je dirais que mon reportage préféré est celui sur le sort des enfants de l'île de Siamekome qui a depuis attiré l'attention du haut-commissaire australien au Ghana, Gregory Andrews", se félicite M. Duhoe.

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En tant que journaliste indépendant, M. Duhoe rencontre de nombreux obstacles lorsqu'il cherche à réaliser un nouveau reportage, mais son engagement pour se servir du journalisme comme outil d'éducation et d'information de sa communauté est ce qui le pousse à aller de l'avant.

"Parmi ces obstacles, il y a l'absence de soutien financier pour les journalistes indépendants comme moi afin qu'ils puissent accomplir leurs tâches. Je dois utiliser mes ressources personnelles pour voyager à la recherche d'histoires percutantes", déplore M. Duhoe. "L'hostilité envers les journalistes au Ghana est une autre préoccupation majeure. Parfois, les journalistes sont attaqués dans l'exercice de leurs fonctions, ce qui provoque de la peur et de l'anxiété au travail."

Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?

En ce moment, je travaille sur un projet en collaboration avec le haut-commissariat australien au Ghana pour fournir une installation d'éclairage solaire à une petite communauté insulaire qui n'a pas eu de lumière au cours des dernières décennies. Trente enfants scolarisés doivent compter sur des lampes torches de téléphone pour étudier la nuit. En cas d'urgence la nuit, ils doivent attendre le lever du jour. Nous en sommes aux premières étapes d'une demande de financement pour que le projet puisse démarrer.

J'ai aussi une organisation à but non lucratif, la LiftUs Foundation, qui est composée d'une équipe de 10 personnes. Notre objectif pour les deux prochaines années est d'obtenir des moyens logistiques tels que des fauteuils roulants pour aider les personnes handicapées.

Comment le journalisme au Ghana se distingue-t-il des réalités médiatiques d'autres pays que vous avez visités ?

Nous tirons parti de ressources limitées pour obtenir de meilleurs résultats. En comparaison, les salaires médiocres que reçoivent les journalistes au Ghana ne leur donnent pas la motivation nécessaire pour pousser au-delà de leur champ d'action, contrairement à ce que d'autres pays comme le Royaume-Uni et les États-Unis offrent à leurs journalistes.

Avec mon expérience à la BBC en tant que pigiste et mon travail de journaliste dans un média national au Ghana, il m'est évident que les exigences imposées aux journalistes au Ghana sont énormes.

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Vous dites ne pas toujours être rémunéré pour votre travail. Comment gagnez-vous votre vie et comment conciliez-vous ce travail avec vos projets de reportages ?

Je ne suis pas payé lorsque je fais des reportages pour des médias locaux, mais la BBC me paie chaque fois que je suis embauché pour une période donnée. Je possède un drone et je propose des services de drones au public. J'utilise les réseaux sociaux pour faire de la publicité pour mon travail et c'est ainsi que j'obtiens des recommandations pour des commandes. C'est ce qui me permet de continuer à travailler en tant que journaliste.

Comment vous êtes-vous servi d'IJNet ou de l'ICFJ pour faire avancer votre carrière ?

J'ai participé à quelques sessions de formation de l'ICFJ, dont une sur la manière d'utiliser les réseaux sociaux pour enquêter sur des profils impliqués dans des crimes. J'ai également assisté à des séances sur le reportage sur le COVID-19 et à une foule d'autres programmes intéressants. Des sessions comme celles-ci, et d'autres auxquelles j'espère participer dans un avenir proche, façonnent mes reportages et contribuent à limiter la propagation de la désinformation.

Quelles sont vos ambitions journalistiques ?

Mon plus grand rêve pour ma carrière de journaliste est de travailler pour la BBC en tant que journaliste à plein temps dans les trois à cinq prochaines années. J'aimerais raconter des histoires qui ont un impact fort et qui suscitent un débat national, afin de soulager les personnes vulnérables de la société ghanéenne. J'aimerais également poursuivre mes études en dehors du Ghana pour obtenir des diplômes en communication et en journalisme.


Photo fournie par Fred Duhoe.

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