Comment savoir si vous êtes victime de censure

21 sept 2021 dans Bases du journalisme
Une personne tape à l'ordinateur

Ces derniers mois, plusieurs journalistes locaux aux États-Unis ont quitté leur emploi en déclarant avoir été victimes de censure.

La censure implique généralement que des informations vérifiées soient supprimées. Historiquement, elle a été un outil utilisé par des gouvernements autoritaires plutôt que par des organisations privées. Aujourd'hui, avec l'implication des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter dans la diffusion de l'information, la question se pose de savoir si leur choix de taire un sujet relève de la censure ou d'une décision du marché libre.

Dans les récents cas aux États-Unis, les journalistes ont confondu censure et mauvaise décision éditoriale. "Lorsque les rédacteurs en chef exercent leur jugement éditorial sur le travail d'un journaliste, il ne s'agit pas de censure. C'est le rôle des rédacteurs en chef d'utiliser leur expertise professionnelle et leur discernement pour déterminer ce qu'il convient de publier, de diffuser ou d'afficher", a déclaré Alan Miller, PDG du News Literacy Project.

Alors, qu'est-ce que la censure, et quand les journalistes doivent-ils s'en inquiéter dans leur travail ?

Les journalistes doivent se poser des questions essentielles avant de telles accusations. Vous trouverez ci-dessous des points importants à clarifier afin de faire la distinction entre la censure et la simple édition d'un papier.

Votre responsable éditorial coupe-t-il des points importants de votre enquête alors que les faits et vos sources concordent ?

Travailler avec un responsable éditorial signifie que vous devrez parfois faire des coupes dans votre reportage. Il se peut qu'il y ait des incohérences factuelles ou que le texte dépasse le nombre de mots alloué. Ces coupes n'indiquent pas une intention malveillante. Les auteurs visent les étoiles et les rédacteurs les ramènent sur terre.

[Lire aussi : Nos 10 conseils pour mieux éditer des articles d'actualité]

À quelle publication votre reportage s'adresse-t-il ?

Prenez en compte la nature de votre reportage. Il existe de nombreuses publications différentes qui couvrent une grande variété de sujets sur différents supports. Ce n'est pas parce qu'un article ne convient pas au New York Times que The Economist ne le publiera pas. Si vous proposez un article d'actualité à un média lifestyle, ce n'est probablement pas le bon choix.

"On ne peut pas nécessairement dire qu'il s'agit de censure. Il peut y avoir beaucoup d'autres raisons", explique Tessa Jolls, présidente et directrice générale du Center for Media Literacy. "Il pourrait même s'agir d'une question d'espace. Ces raisons peuvent nous sembler stupides. C'est là que l'on se retrouve en eaux troubles."

Pouvez-vous proposer votre enquête ailleurs ?

Jusque là, tout concorde : votre article correspond à la norme éditoriale, est aligné avec les priorités du média, les sources sont exactes et les faits sont vérifiés. Toutefois, si le rédacteur en chef tue l'article à ce stade, cela ne signifie pas encore que vous êtes victime de censure.

La meilleure chose à faire est de vérifier votre contrat. Avez-vous la possibilité contractuelle de proposer un article à un autre organe de presse, que vous soyez un rédacteur salarié ou un collaborateur indépendant ? Si oui, ce n'est pas de la censure.

Pensez également à votre rédacteur en chef. S'il s'agit d'un bon article, mais qu'il craint des répercussions et choisit de ne pas publier, alors il est possible que vous soyez censuré à cause de pressions extérieures. Il conviendrait de lui accorder le bénéfice du doute.

[Lire aussi : Boostez vos compétences sur Twitter grâce à ces cinq astuces]

 

À moins que le gouvernement ne soit directement impliqué dans la non-publication d'un article ou qu'il ait entravé votre accès à l'information, la censure ne peut être établie hors de tout doute raisonnable. Comme vous le feriez pour un reportage, assurez-vous que les faits concordent clairement avant de faire une telle affirmation.

"Si vous avez fait les choses correctement en tant que journaliste, que vous avez respecté les normes et que vous avez signé un accord d'exclusivité avec un éditeur, que vous ne pouvez pas présenter votre article ailleurs et qu'il ne le publie pas pour une raison ou une autre, vous devez parler de rejet, à moins qu'il ne soit clairement indiqué qu'il abandonne l'article parce qu'il essaie, sans équivoque, de cacher des informations à son lectorat", indique Mme Jolls. "Je ne vois pas une publication, une publication privée, faire cela pour de vrai."

Malheureusement, les fausses accusations de censure perpétuent les problèmes liés au manque d'éducation aux médias. Elles sapent notre capacité à informer correctement les téléspectateurs, les lecteurs et les auditeurs avec des faits et des analyses solides.

(Cet article a été édité par un responsable éditorial mais pas censurée)


Photo de Daniel Thomas sur Unsplash.