À une époque où la confiance des gens dans les informations est à un niveau historiquement bas, comment les journalistes peuvent-ils percer et attirer l’attention des gens ordinaires pour fournir des informations sur leurs communautés, la nation et le monde ?
En ne compliquant pas les choses.
Nos recherches, publiées dans Science Advances, montrent que les titres simples augmentent considérablement l’engagement et les clics sur les articles par rapport aux titres qui utilisent un langage complexe.
Dans notre étude, les lecteurs de journaux préfèrent les titres simples aux titres complexes. Mais ce qui est plus important, c’est que ceux qui écrivent les titres – les journalistes eux-mêmes – ne le font pas.
Nous avons d’abord utilisé les données du Washington Post et d’Upworthy pour voir comment les caractéristiques linguistiques, telles que la longueur des mots et leur fréquence, influent sur le nombre de personnes qui cliquent sur le titre d’un article. Ces ensembles de données comprenaient plus de 31 000 expériences randomisées – également appelées tests A/B – qui comparent deux ou plusieurs versions du titre d’un même article sous-jacent pour déterminer celle qui générait le plus de clics.
Les titres contenant des mots plus courants (des mots simples comme “emploi” au lieu de “profession”), des titres plus courts et ceux communiqués dans un style narratif, avec plus de pronoms que de prépositions, ont reçu plus de clics. Par exemple, le titre du Washington Post “Meghan et Harry discutent avec Oprah. Voici pourquoi ils ne devraient pas en dire trop” a obtenu de meilleurs résultats que le titre alternatif “Meghan et Harry racontent-ils des histoires royales à Oprah ? Ne pariez pas là-dessus”. Cet exemple montre comment un titre plus simple peut parfois générer plus d'intérêt.
Dans le cadre d'expériences de suivi en laboratoire, nous avons constaté que les lecteurs de nouvelles classiques se concentrent davantage sur les titres simples que sur les titres complexes, car le texte était plus facile à comprendre. Lorsque les journalistes ont participé aux mêmes expériences, ils n'ont pas montré de préférence pour les titres simples par rapport aux titres complexes. Autrement dit : ceux qui écrivent les nouvelles semblent être moins réceptifs à l'écriture simple que le public normal.
Des générations de consultants en communication ont conseillé aux communicateurs de suivre l'acronyme plutôt grossier KISS : Keep it Simple, Stupid (Restez simple, stupide). Nous suggérons une version modifiée appliquée aux journalistes. Puisque KISS n'est pas si simple que ça, nous proposons : Keep It Simple, Staffers (Restez simple, employés). La simplicité augmente le nombre de personnes qui cliquent sur un titre d'article et améliore la mémorisation du contenu de l'article par le lecteur. Plus important encore, la simplicité stimule l'engagement du lecteur, notamment l'attention qu'il porte à l'information.
Pourquoi c'est important
Les médias qui semblent en avance sur leur temps ont déjà mis en œuvre des stratégies KISS. Par exemple, Ezra Klein, un journaliste qui a fondé le site d’informations Vox, qui se concentre sur les explications, recommande aux journalistes d’éviter d’écrire pour leurs responsables éditoriaux.
Comme le montre notre travail, les auteurs et les responsables éditoriaux réagissent différemment à la complexité que les personnes qui consomment l’actualité. Par conséquent, une façon pour les journalistes d’éviter le problème de l’écriture pour les responsables éditoriaux est de simplifier l’écriture en pensant aux lecteurs : utiliser des mots plus courts, écrire des phrases plus courtes et utiliser davantage de mots courants au lieu d’alternatives complexes. Un travail plus accessible atteindra le public le plus large et suscitera le plus d’engagement.
L’écriture peut aussi avoir des effets supplémentaires, au-delà de l’engagement. L’information n’a jamais été aussi abondante, et pourtant les lecteurs sont constamment à la recherche de sources d’information crédibles. La simplicité est un moyen potentiel d’améliorer la façon dont les gens perçoivent et ressentent l’actualité. Étant donné qu’une écriture simple est associée à une perception accrue de confiance et de chaleur par rapport à une écriture complexe, les fournisseurs d’informations devraient peut-être réfléchir en profondeur au choix des mots lors de la création de leur prochain article ou de leur prochaine émission.
La simplicité dans la rédaction des titres est importante, d’une part parce que le marché de l’information est extrêmement compétitif et, d’autre part, parce qu’elle réduit la barrière entre le public et les informations importantes. Notre étude ne suggère pas que les sites d’information traditionnels doivent devenir des “pièges à clics”. Elle suggère plutôt que si les titres deviennent plus accessibles aux lecteurs moyens, ils seront plus efficaces pour susciter l’intérêt et, espérons-le, pour un public mieux informé.
David Markowitz est professeur associé de communication à l'Université d'État du Michigan; Hillary Shulman est professeure associée de communication à l'Université d'État de l'Ohio et Todd Rogers est professeur Weatherhead de politique publique à la Harvard Kennedy School.
Cet article est republié par The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l' article original .
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