Vous faites du journalisme sur les réseaux sociaux ? Voici quelques conseils

11 avr 2025 dans Médias sociaux
Une main tenant un téléphone affichant des logos d'applis de réseaux sociaux

Depuis des années, de nombreux médias cherchent à attirer leurs publics vers leurs sites web via les réseaux sociaux. Les rédactions publient des fils de discussion X/Twitter, des publications Facebook et des reels Instagram pour présenter leurs travaux, qui sont publiés intégralement sur leurs sites.

Aujourd’hui, les rédactions et les journalistes qui interagissent avec leurs publics exclusivement sur les réseaux sociaux sont également plus importants.

“Si nous n'allons pas à leur rencontre, ils ne consulteront pas notre site web. C'est pourquoi nous privilégions la rencontre avec eux là où ils se trouvent, en leur proposant des informations dans un format adapté à leurs habitudes et à leurs centres d'intérêt,” déclare Damilola Banjo, productrice chez Kara House

Pour en savoir plus sur la production de journalisme pour les réseaux sociaux, j'ai parlé avec les responsables éditoriaux et exécutifs de Kara House et d'une autre jeune rédaction africaine, gst.

Voici leurs conseils :

Format et narration 

Produire des informations pour les réseaux sociaux diffère grandement de la production de contenu pour un journal ou un site web. “Les rédactions qui privilégient les réseaux sociaux optimisent leur contenu pour les plateformes numériques. Cela signifie que les vidéos courtes, les infographies et les récits conversationnels priment sur les reportages longs,” explique Mme Banjo. “Il s'agit de rendre l'actualité concrète instagrammable.”

Il est important pour les rédactions qui adoptent cette approche de tirer également parti des retours d'expérience, déclare Chiamaka Dike, responsable éditoriale chargée des réseaux sociaux chez gst. “Combien de temps les gens ont-ils regardé une vidéo ? Combien sont restés après les premières secondes et ont regardé jusqu'au bout ? Quels titres captent le mieux l’attention, quelles couleurs suscitent le plus d'engagement ?”

Les réseaux sociaux récompensent un journalisme immédiat, interactif et adaptable. Ce journalisme doit capter l'attention du public et maintenir son engagement dans un paysage numérique hautement concurrentiel. Il nécessite de repenser les techniques de narration, en privilégiant la concision, l'attrait visuel et la pertinence.

Les rédactions qui adoptent cette approche s'appuient sur des indicateurs tels que la durée de visionnage, les taux d'engagement et les taux de visionnage complet pour comprendre ce qui résonne auprès du public, explique Mme Dike. Si une vidéo perd des spectateurs après les 10 premières secondes, cela peut indiquer la nécessité d'une accroche plus convaincante ou d'un récit plus rythmé.

Une autre caractéristique déterminante du reportage est son ton conversationnel. Les plateformes de médias sociaux prospèrent grâce au dialogue, et le contenu doit refléter cela. “Nous explorons constamment des moyens créatifs pour présenter des sujets percutants dans un format à la fois informatif et captivant,” explique Mme Banjo. Cela peut passer par l'humour, des questions ou l'intégration des commentaires des abonnés. Pour réussir dans ce domaine, il faut faire preuve de créativité, de maîtrise des données et comprendre le comportement du public, selon Mme Banjo et Mme Dike.

Les rédactions doivent toujours concilier ces exigences avec un journalisme rigoureux. “Nous avons un processus de montage rigoureux,” déclare Mme Banjo. “Chaque vidéo d'une minute ou chaque article de cinq diapositives subit plusieurs cycles de montage,” précise Mme Dike.

Regagner la confiance

Les réseaux sociaux offrent également l'opportunité de combler les déficits de confiance avec le public, selon Adewunmi Emoruwa, fondateur et PDG de Gatefield, la fondation mère de gst. 

“Les gens voulaient que l'information les touche, leur parle et leur ressemble. C'est pourquoi gst a fait des réseaux sociaux sa principale plateforme,” déclare M. Emoruwa. 

Les acteurs du journalisme considèrent souvent la perte de confiance du public comme un problème qui affecte le journalisme, mais pas suffisamment comme un problème causé ou exacerbé par l'approche du secteur. Une grande partie du travail de gst consiste à collaborer avec des voix locales, notamment des influenceurs, des personnalités locales et des journalistes issus des communautés qu'ils s'efforcent de servir. La campagne de la rédaction, “FWD with Facts,” est composée de vidéos et d'infographies qui partagent les opinions de journalistes, de personnalités publiques et d'influenceurs œuvrant pour une meilleure sensibilisation aux médias. 

“gst est venue répondre à un besoin démographique clair et urgent,” déclare M. Emoruwa. “La génération Z, désillusionnée, se montrait indifférente à la politique. Les médias traditionnels peinaient à s’adresser à cette nouvelle génération de Nigérians, dont les habitudes de consommation médiatique ont profondément évolué.”

Le journalisme sur les réseaux sociaux est aujourd'hui une évidence pour de nombreux médias. “La question n'est plus de savoir s'il faut adopter les plateformes numériques. C'est essentiel,” déclare Mme Banjo. “Si le journalisme veut rester pertinent et percutant, il doit aller à la rencontre des gens là où ils se trouvent, en s'adaptant aux modes de consommation de l'information actuels.”

 


Photo de Brian Ramirez via Pexels.