Cinq astuces pour être toujours inspiré en tant que journaliste

11 sept 2020 dans Bases du journalisme
Une étincelle

Les reporters ont parfois des difficultés pour être inspirés, trouver des sujets et des angles de traitement afin de participer au changement, mieux au développement de leurs communautés respectives à travers le monde.

En République démocratique du Congo (RDC), Afrique centrale, par exemple, en 2019, 12 journalistes ont été chassés de leurs rédactions parce que jugés ‘’improductifs’’ par leurs rédacteurs en chef. 

Pourtant, imbus d’une grande responsabilité sociale, ces professionnels des médias ont le devoir de bien informer leurs communautés respectives qui elles-mêmes ont le droit d’accéder aux informations objectives et équilibrées afin de travailler, faire changer et développer leurs communautés. 

Il existe plusieurs astuces auxquelles les journalistes du monde peuvent recourir pour demeurer toujours inspirés et travailler efficacement. Ces stratégies sont des actions qui sont connues, mais parfois les journalistes oublient de les utiliser. Nous en donnons cinq qui, à nos yeux, sont faciles à appliquer. 

1. Observer systématiquement la société et les communautés

La vie humaine est une grande pièce de théâtre à plusieurs tableaux et scènes dans lesquelles de nombreux acteurs jouent dans plusieurs domaines.

En observant très attentivement au jour le jour (avec un œil  pointu), il se passe plusieurs événements et le journaliste découvre, comme témoin oculaire, plusieurs matières. 

Cette gamme de matières découvertes inspire le journaliste qui choisit un contenu et détermine l’angle de traitement ou l’orientation, en tenant compte de l’intérêt que le papier va susciter.

"Grâce à l’observation j’ai réalisé plusieurs reportages pendant plusieurs années dans divers domaines", a témoigné, il y a quelques années, Arsène Séverin, l’actuel correspondant de la Voix de l’Amérique basé au Congo Brazzaville (Afrique Centrale), lors d’un atelier de formation de trois jours, à Cotonou, capitale du Bénin (Afrique de l’Ouest) concernant l’entrepreneuriat des jeunes dans l’agriculture. Nous y étions grâce à IPS (Inter Press Service), une des agences de presse internationale. 

Gaspard Claude Bachet de Méziriac, l'un de plus grands humanistes français du XVIIe siècle reconnaît que "l’observation est utilisée pour recueillir des informations dans le cadre d’une enquête qualitative".

De son côté, Pascal Kisengimhaana, un des journalistes basé à Bujumbura, capitale du Burundi (Afrique de l’Est) affirme que chaque jour, même pendant des déplacements privés, il observe plusieurs scènes de la société.

"Je me promène toujours avec un enregistreur, un petit appareil photo ou un téléphone pour le travail et je déniche plusieurs sujets", indique-t-il. 

2. Lire régulièrement

"Dès que je me réveille chaque matin je commence par lire les actualités via mon téléphone portable. Plusieurs fois j’ai découvert des informations qui m’ont donné des idées d’articles de fond. Je réoriente les sujets pour creuser en contactant plusieurs sources", témoigne Raoul Biletshi,  rédacteur en chef de Syfia Grands Lacs et coordonnateur de Syfia International et Pax Infos à Kinshasa, capitale de la RDC. 

[Lire aussi : RDC : la générosité des auditeurs aide les radios pendant le COVID-19]

 

Un bon journaliste est aussi un grand lecteur, non seulement des journaux (format papier ou en ligne), mais aussi des rapports publiés par des Organisations non gouvernementales et  des gouvernements, des affiches, des communiqués de presse, des ouvrages, même scientifiques etc. Cela incite à l’inspiration. 

"La lecture est un vrai moyen de se sortir de sa vie pendant quelques heures et de découvrir, vivre des choses nouvelles à travers des personnages de fiction. ... Elle nous libère, tout comme elle nous enchaîne", soutient Doudou Musway, professeur ordinaire au département de français à l’Institut supérieur pédagogique de Kikwit dans le sud-ouest de la RDC.

"La lecture nous permet d’ouvrir notre esprit et d’étendre nos connaissances", peut-on lire sur http://coach-boullier.fr, un blog français de la vie au quotidien.

3. Etre un grand auditeur ou téléspectateur

A l’instar de la lecture, et de l’observation, écouter la radio ou regarder la télévision régulièrement permet également aux professionnels des médias, même aux autres citoyens, d’apprendre et de découvrir beaucoup de nouveautés.

Ayant découvert, le journaliste, lui, juge si la matière est intéressante ou pas pour le média auquel il va soumettre le sujet et son public. Il détermine la colonne vertébrale du papier et identifie les différentes sources.   

"En 2017, j’avais suivi, sur les antenne d’une radio locale, un petit reportage concernant les activités des femmes concernant l’agriculture et la politique. J’étais intéressée. Cela m’a donné une idée. J’ai réorienté le sujet pour parler de 'la part de la femme dans l’avancement de la démocratie dans un pays'. C’était intéressant", déclare Françoise Tambaka, journaliste à Mbuji-Mai, province de Kasaï oriental au centre de la RDC.

4. Avoir un réseau d’informateurs 

Cette stratégie consiste à identifier des personnes ressources crédibles dans plusieurs sites. Ces personnes doivent être capables de fournir des informations au journaliste (via des appels, groupes WhatsApp, SMS etc.) 

Il va appartenir donc au journaliste de creuser en faisant le recoupement des sources si le sujet et l’angle de traitement sont intéressants. 

[Lire aussi : Six conseils à suivre pour les journalistes d'investigation]

 

"Tous mes informateurs sont instruits. Quelques fois je leur envoie des crédits pour qu’ils appellent ou envoient des SMS. Je fais aussi partie de plusieurs ‘’Groupes WhatsApp’’ qui partagent des informations", a révélé Papy Kawata, journaliste spécialiste de l’environnement basé à Lubumbashi, dans le sud-est de la RDC. 

5. Assister régulièrement aux conférences ou à d’autres événements informels

A ce niveau, le journaliste n’attend pas qu’il soit nécessairement invité. Le professionnel des médias doit développer ‘’la curiosité journalistique’’ pour savoir ou apprendre ce qui se dit, ce qui se fait. 

Pour vous aider, IJNet en français publie chaque semaine des opportunités de formation, de conférences. Ne manquez pas de nous rejoindre sur les réseaux sociaux pour être tenu au courant de toutes les opportunités pour les journalistes francophones (Facebook & Twitter). 


Badylon Kawanda Bakiman est journaliste, rédacteur en chef de la radio diocésaine Tomisa à Kikwit, en République démocratique du Congo ; Il est également depuis 1995 directeur du Centre culturel Mwinda.


 Photo : Kristopher Roller via  Unsplash (licence CC)