Conseils aux journalistes pour gérer le stress et l'épuisement professionnel

31 mai 2025 dans Sécurité physique et numérique
Fournitures de bureau et papiers en boule sur un bureau avec le mot burnout au milieu

Les journalistes travaillent depuis longtemps dans des environnements de travail sous haute pression, avec des délais serrés et les exigences de  l’hyper-connectivité. Face à l'hostilité politique croissante, aux coupes budgétaires et à un paysage médiatique en rapide évolution, les professionnels des médias du monde entier luttent contre le stress et l'épuisement professionnel à un rythme alarmant. 

Selon The Self-Investigation, 60 % des professionnels des médias ont déclaré souffrir d'anxiété et 20 % ont révélé souffrir de dépression. Parallèlement, 50 % des journalistes ont envisagé de quitter leur emploi au cours de l'année écoulée et 38 % ont constaté une dégradation de leur santé mentale, selon le rapport 2025 de Muck Rack sur l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée dans le journalisme.

J'ai compilé ci-dessous des conseils pour les professionnels des médias qui cherchent à prendre soin de leur santé mentale, afin qu'ils puissent continuer à raconter les histoires dont le monde a le plus besoin. 

(1) Créez — ou rejoignez — un réseau de soutien avec des collègues

Les professionnels des médias qui recherchent un soutien en dehors des thérapies traditionnelles peuvent envisager de créer une liste de diffusion, ou un groupe Whatsapp/Signal/Telegram avec des collègues confrontés à des difficultés similaires. Si la coordination d'un groupe de soutien avec des collègues vous semble intimidante, envisagez plutôt de rejoindre un réseau de soutien journalistique existant. 

Créer ou rejoindre un réseau plus restreint offre aux journalistes l'occasion de partager leurs expériences dans un cadre plus privé. Ce réseau peut servir de canal de soutien pour permettre aux membres de faire le point sur les difficultés liées à la santé mentale et au stress permanent du travail médiatique. Des groupes de soutien efficaces offriront aux journalistes un espace pour discuter des facteurs de stress au travail dont ils ne peuvent parler avec leur famille ou leurs amis, et identifier les difficultés et les solutions courantes, permettant ainsi aux membres de se sentir moins seuls face à leurs problèmes de santé mentale.

Selon Change Mental Health, la pair-aidance eut être un élément stimulant d'une approche holistique des soins de santé mentale, grâce aux échanges fréquents avec des collègues confrontés au stress, à l'épuisement professionnel et à d'autres problèmes de santé mentale. Cet accompagnement communautaire peut également encourager les professionnels des médias à solliciter un soutien professionnel si nécessaire. 

(2) Pratiquez la pleine conscience

La pleine conscience, par exemple grâce à la méditation, peut être une approche stimulante pour réduire le stress. “La méditation en pleine conscience promet d'aider les journalistes à développer leur résilience face au stress post-traumatique”, peut-on lire dans une étude de 2019 du Centre de recherche sociale et culturelle de l'Université Griffith.

Un rapport de 2020 de CompareCamp a révélé que la méditation basée sur la pleine conscience réduit le trouble de stress post-traumatique jusqu'à 70 %, augmente la productivité des employés de 120 % et réduit l'absentéisme des employés de pas moins de 85 %. 

Des techniques simples, comme se concentrer sur sa respiration, peuvent vous aider à vous recentrer face au stress. Des sites comme Mindful.org proposent des guides complets aussi bien pour les débutants que pour les experts. 

(3) Efforcez-vous d’atteindre un équilibre sain entre vie professionnelle et vie privée

C'est plus facile à dire qu'à faire. Il peut sembler presque impossible d'échapper aux notifications et aux messages d'actualité du travail, mais fixer des limites saines, tant internes qu'externes, est important pour préserver son bien-être et, par conséquent, sa carrière. 

Commencez par fixer des limites personnelles. Définissez vos horaires de travail et respectez-les ! Cela peut signifier ne pas regarder d'écran au lit, ne pas regarder les informations après une certaine heure et ne plus consulter d'e-mails après votre déconnexion. Évaluez la façon dont vous dépassez ces limites, qui vous mènent au burn-out. 

Il peut être plus facile de fixer des limites externes avec vos collègues et vos employeurs lorsque vous maîtrisez mieux l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée et les limites que vous souhaitez respecter. Une fois ces limites fixées, vous pouvez informer vos collaborateurs que, par exemple, vous ne serez pas disponible le vendredi soir, mais que vous répondrez à tous les e-mails le lundi à 9h précises. 

“Presque tous les journalistes, soit 96 %, déclarent avoir du mal à se déconnecter du travail, au moins de temps en temps”, selon Muck Rack. Il s'agit d'un problème qui touche l'ensemble du secteur et dont collègues et employeurs pourraient prendre conscience, une fois que nous aurons appris à nous déconnecter. 

(4) Demandez l’aide d’un professionnel

Le recours exclusif aux soins communautaires et à la méditation peut laisser de nombreux problèmes de santé mentale non diagnostiqués et non traités. Quels que soient les conseils ci-dessus, le recours à un soutien professionnel en santé mentale ne doit pas être une solution de dernier recours. S'attaquer de front aux problèmes de santé mentale peut permettre aux professionnels des médias de retrouver leur enthousiasme pour leur métier, de remonter le moral et de préserver leur bien-être. 

Les professionnels de la santé mentale sont nombreux, allant des conseillers aux psychologues cliniciens et aux psychiatres. Même si votre santé mentale ne vous semble pas urgente et que vous avez simplement besoin de parler à quelqu'un, prenez rendez-vous avec un conseiller et laissez-le prendre les choses en main. Il vous fera des suggestions adaptées à vos besoins et préoccupations. 

Le coût d'une thérapie peut également être une source de stress, ce qui incite de nombreuses personnes à éviter d'y avoir recours. Des réseaux comme le Journalist Trauma Support Network proposent des annuaires de thérapeutes formés pour travailler avec les journalistes. Lors des sessions de formation active organisées par le réseau, une thérapie gratuite est proposée aux journalistes éligibles.

Le Journalist Trauma Support Network fournit également des annuaires de thérapeutes gratuits et à faible coût, ainsi que de professionnels de la santé mentale queer et trans-affirmatifs, couvrant un large éventail de préoccupations.

 


Photo de Tara Winstead via Pexels.