Le journaliste du mois : Rafael Pinheiro

1 nov 2021 dans Journaliste du mois
Rafael

Rafael Pinheiro n'a pas encore reçu de prix. Il n'est ni célèbre, ni prestigieux. Mais il parle de ses reportages et de la façon dont il cherche constamment à en apprendre davantage avec enthousiasme. Il ne fait aucun doute qu'il finira par réussir.

M. Pinheiro n'a que 20 ans. Il est basé à Salinas, dans l'État du Minas Gerais, au sud-est du Brésil. Cette ville de 40 000 habitants est connue pour sa production de cachaça, un alcool distillé brésilien. Il vit avec ses parents et ses deux frères et sœurs.

Il n'y a pas d'école de journalisme à Salinas et M. Pinheiro n'a pas les moyens d'aller étudier ailleurs. Après avoir obtenu son baccalauréat il y a deux ans, il a décidé de faire carrière dans le journalisme.

C'est alors qu'il a lancé sa chaîne YouTube, TV Central N - Jornalismo. M. Pinheiro explique que "N" est l'abréviation de notícia [nouvelle en portugais]. Il en est l'animateur, avec l'aide de ses amis, tous passionnés de journalisme.

M. Pinheiro est un fan d'IJNet et un abonné actif de notre compte Instagram portugais. Il est particulièrement attentif aux opportunités et aux conseils que nous partageons afin de les mettre en pratique.

D'où vous vient votre passion pour le journalisme ?

Enfant, j'ai toujours préféré le crayon et le papier aux jouets. J'adorais raconter des histoires. À neuf ans, une amie m'a demandé ce que je voulais faire dans la vie et j'ai répondu : "Journaliste."

Elle se souvient encore du moment où j'ai créé un journal télévisé entier et que je le lui ai présenté. J'ai toujours aimé suivre l'actualité, regarder les journaux télévisés et savoir ce qui se passait dans le monde. Il y avait cette présentatrice de journal télévisé qui était vraiment remarquable pendant mon enfance, Laura Lima, et je voulais être comme elle. L'un des avantages des réseaux sociaux aujourd'hui est que je peux être en contact avec de nombreux journalistes et leur soumettre des idées.

À quoi ressemble votre routine quotidienne ?

Je suis l'animateur d'une émission musicale quotidienne sur une station de radio et je trouve toujours un moyen d'y partager les nouvelles que j'obtiens. Quant à la chaîne YouTube, même si je ne gagne pas d'argent avec, je la prends très au sérieux. Nous ne sommes pas en mesure de faire les choses comme nous le voudrions tous les jours. J'essaie de faire de mon mieux. L'audiovisuel est un travail d'équipe et on se sert les coudes.

Sans mes amis, en particulier Leonardo Henrique et Pedro Dutra, rien ne serait possible. Nous produisons Edição Brasil, un résumé quotidien des principaux événements politiques et économiques du Brésil. Nous diffusons les actualités locales et des dépêches, entre autres. Nous sommes très fiers d'avoir pu couvrir un moment clef de la pandémie au Brésil, à savoir les auditions de la Commission d'enquête parlementaire sur le COVID-19 au Sénat.

[Retrouvez ici tous les Journalistes du mois publiés sur IJNet en français]

Comment réussissez-vous à faire vos reportages sans les ressources financières et techniques nécessaires ?

Produire du contenu n'est pas une tâche facile. Comme nous sommes un groupe de jeunes, et non une entreprise, les choses sont encore plus difficiles. Il faut faire preuve de créativité pour faire les choses comme nous le faisons.

Les défis sont nombreux, et l'un d'entre eux est le fait que nous ne disposons pas des ressources nécessaires. Nous faisons tout avec nos téléphones portables. D'ailleurs, récemment, mon téléphone s'est cassé et nous avons dû mettre nos activités en attente pendant un certain temps.

L'utilisation des photos est un problème. Comme nous ne sommes pas un organe de presse, il est difficile d'avoir accès à des images que nous sommes autorisés à utiliser. Cependant, nous avons beaucoup évolué en ce qui concerne les questions techniques, comme les intros et la musique. Avec un peu de chance, je vais trouver une solution au temps consacré au montage des vidéos. Je suis très attentif à la manière dont chaque présentateur communique avec ses téléspectateurs. J'aime qu'ils aient chacun leur façon de dire "bonjour", "bon après-midi" et "bonsoir". J'essaie de développer mon propre style en faisant de même.

[Lire aussi : Conseils aux journalistes débutants en temps de pandémie]

Comment IJNet vous a-t-il aidé dans votre carrière ?

Je suis abonné à la newsletter d'IJNet en portugais depuis quelques années déjà.

Elle m'a permis de découvrir les coulisses du secteur, la façon dont les gens font leur travail et les meilleurs outils disponibles. C'est très utile pour moi et je partage toujours le contenu avec des amis si cela peut aussi leur être utile. Récemment, j'ai terminé deux cours en ligne dispensés par Abraji, l'Association brésilienne de journalisme d'investigation, et j'ai également assisté à leur conférence.

Quel est votre plus grand rêve ?

Mon rêve est d'avoir un diplôme de journalisme. Même s'il n'est pas nécessaire d'avoir un diplôme pour travailler comme journaliste au Brésil, je ne me considère pas encore comme un journaliste. Je ne me verrai comme tel que le jour où j'aurai mon diplôme.

Actuellement, je dis que je suis un "communicant, animateur/diffuseur et futur journaliste". Le type de connaissances que l'on peut acquérir en allant à l'université est très important pour moi. J'aspire à surmonter les difficultés, principalement financières, et à devenir un journaliste diplômé, à travailler dans l'audiovisuel et à être l'animateur d'un journal télévisé dans une grande chaîne de télévision.

Je suis vraiment honoré d'être présenté sur IJNet. Je pense que j'ai été choisi pour représenter toute une génération de jeunes gens qui aiment le journalisme de qualité, qui souhaitent travailler dans ce secteur, des gens qui surmontent les obstacles et continuent à se battre.


Photo fournie par Rafael Pinheiro.

Cet article a d'abord été publié sur IJNet en portugais.

Fabiana Santos est la responsable éditoriale d'IJNet en portugais. Elle est basée à Washington, D.C. Elle est spécialiste de la télévision et des réseaux sociaux et poursuit actuellement un Master en Etudes interculturelles.