Lancement du nouveau site du réseau Journalists in Distress

25 mai 2022 dans Sécurité physique et numérique
Casque "presse"

Au cours de l'année écoulée, la reconquête de l'Afghanistan par les talibans et l'invasion de l'Ukraine par la Russie ont mis les journalistes en grand danger. Dans le même temps, la liberté de la presse est aujourd'hui jugée "très mauvaise" dans un nombre record de 28 pays, selon le Classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF). Les régimes autoritaires de Chine, d'Iran et de Biélorussie, pour n'en citer que quelques-uns, continuent d'étouffer la liberté d'expression et les médias indépendants.

Parallèlement à ces évolutions, la sécurité des journalistes est de plus en plus menacée. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a recensé 541 journalistes tués et 1 123 autres emprisonnés dans le monde entier au cours de la seule dernière décennie.

Le Réseau Journalists in Distress (JiD) cherche à tendre la main aux journalistes en danger. Formé en 2006, le JiD comprend 23 organisations dans le monde, chacune offrant des moyens d'assistance différents.

Le CPJ, par exemple, propose un financement aux journalistes qui fuient les zones de conflit, ainsi qu'une aide non financière, comme des lettres de soutien pour les visas et une formation à la sécurité numérique. Le Rory Peck Trust propose des formations et des programmes d’aide aux journalistes pour améliorer leurs compétences en matière de sécurité numérique et physique.

Grâce à des initiatives de réponse d'urgence individuelles et conjointes, les organisations- membres ont aidé des milliers de journalistes, selon Johanna Pisco, responsable des programmes du Rory Peck Trust. "La coordination entre les organisations qui sont en mesure de fournir des ressources aux journalistes qui ont besoin de soutien, dans des moments comme ceux que nous avons connus récemment, [est importante]. Cela permet de leur donner les moyens d'agir et de renforcer leur résilience tout en continuant à faire leur travail à la valeur inestimable : demander des comptes au pouvoir", raconte Mme Pisco.

Le Rory Peck Trust et le CPJ gèrent JiD en collaboration avec Free Press Unlimited. Ils font la liaison avec les autres membres pour mettre en relation les journalistes avec l'aide dont ils ont besoin.

Les organisations-membres veulent non seulement aider les journalistes lorsqu'ils sont en danger, mais aussi leur fournir la formation et les ressources nécessaires pour éviter ou réduire les risques en amont. "[Les journalistes] doivent se préparer. Il y a tellement de ressources en ligne grâce auxquelles vous pouvez vous préparer et faire des évaluations des risques. Les formations en sécurité sont indispensables", souligne Catalina Cortés, coordinatrice de l'assistance aux journalistes au CPJ.

Dans les zones de conflit, le reportage sur le terrain est particulièrement vital. Cependant, les journalistes peuvent être pris pour cible dans toute situation de l'exercice de leurs fonctions. Il est essentiel que les reporters sachent comment se protéger dans ces cas. "Assurez-vous qu'ils sont équipés de tout ce dont ils ont besoin. S'ils ne savent pas ce dont ils ont besoin, adressez-vous à une organisation pour une évaluation des risques", conseille Mme Pisco.

JiD a lancé un nouveau site Web au début de l'année, permettant aux journalistes de parcourir ses organisations membres pour identifier celles qui sont le plus à même de les aider. Cette initiative s'inscrit dans le cadre des efforts déployés pour répondre aux nombreuses demandes d'assistance reçues au cours des crises de l'année dernière.

Lorsque les États-Unis se sont retirés d'Afghanistan à l'été 2021, par exemple, JiD a été submergé de demandes d'aide émanant de journalistes et de professionnels des médias de la région. La gestion des attentes a été difficile car de nombreuses personnes en quête d'aide pensaient que les organisations membres étaient en mesure d’aider davantage qu'elles ne le pouvaient en réalité.

JiD espère également que son nouveau site mette au clair certaines idées reçues sur le réseau. Par exemple, l'adhésion : les journalistes ne "rejoignent" pas le réseau, ce sont les organisations qui le font. Les journalistes peuvent trouver des liens vers la page d'accueil d'une organisation membre sur la page d'accueil de JiD, mais ils doivent s'adresser à elle séparément pour obtenir de l'aide. "JiD n'est pas une organisation, c'est un réseau informel composé de différentes structures", explique Mme Cortés. "Nous ne disposons pas de financement. Chaque organisation a son propre mandat."

Tout au long de l'histoire, les journalistes ont été chargés de rapporter la vérité. C'est une entreprise qui n'a jamais été exempte de risques, car les journalistes ont trop souvent été la cible de violences ou de représailles en raison de leur travail. Rien que cette année, l'invasion de l'Ukraine par la Russie a entraîné la mort de 18 journalistes, et récemment, l'éminente journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh a été tuée dans l'exercice de ses fonctions.

Il est important que les journalistes gardent à l'esprit que leur sécurité doit toujours être la priorité absolue. Avant tout, Mmes Pisco et Cortés souhaitent que les journalistes soient préparés avant de se rendre dans des zones de conflit et qu'ils soient aidés lorsqu'ils se trouvent en danger.

Comme le dit Mme Pisco, "Le travail que nous faisons en tant que journalistes, le point de départ, c'est de laisser notre empreinte sur l'histoire. Mais un article ne vaut pas notre vie."


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