Justina Asishana n'est pas seulement passionnée par le journalisme. Elle tient à ce que tous les journalistes aient accès aux mêmes opportunités, où qu'ils exercent.
Justina Asishana est originaire de Minna, une ville de l'État de Niger, au Nigeria, que peu de gens connaissent : "lorsqu'on parle des journalistes qui ont un impact dans le pays, on se concentre généralement sur les grandes villes comme Lagos, Abuja et Port Harcourt."
Mme Asishana veut changer cela. Elle a commencé sa carrière de journaliste comme stagiaire à The Nation en 2011, après avoir étudié à Nasarawa State Polytechnic. Elle a ensuite travaillé pour le New Nigerian Newspaper et Newswatch avant de revenir à The Nation en 2015.
Aujourd'hui, Asishana est la correspondante de The Nation pour l'État de Niger et une lauréate du African Women Journalism Project (AWJP), une organisation fondée par Catherine Gicheru, l'une des lauréates du programme Knight de l'ICFJ . Elle est également la fondatrice du Media Mentors Network, une initiative qui vise à créer un réseau de mentorat au Nigeria. Le MMN organise des formations, des séminaires et des missions de conseil pour traiter des questions urgentes dans le monde des médias, telles que les reportages sur les vaccins ou une campagne visant à mettre fin à la précarité menstruelle des filles et des femmes dans l'État de Niger.
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"L'objectif [de cette initiative] est d'aborder la question du mentorat dans les médias et de favoriser la montée en compétences des journalistes", explique-t-elle. "En particulier les journalistes émergents au Nigeria, notamment dans l'État de Niger."
Mme Asishana suit également en ce moment une formation sur la désinformation proposée par l'Africa Resilience Network, qui fait partie de l'Institute for War & Peace Reporting.
Tout au long de sa carrière, elle a trouvé, par l'intermédiaire d'IJNet, des conférences, des formations et des ateliers auxquels assister, au Nigeria et à l'étranger, afin de développer d'importantes compétences en journalisme. En 2017, elle a assisté à la 10e conférence mondiale sur le journalisme d'investigation, organisée par le Global Investigative Journalism Network en Afrique du Sud. En 2018, elle a reçu une bourse de journalisme pour assister à la conférence ICFJ Road Safety en Thaïlande. En 2020, elle a reçu une bourse pour assister à la Conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière en Suède.
Mme Asishana produit des reportages sur une variété de sujets mais elle souhaite se concentrer sur les questions de santé, de genre et de jeunesse. "Bien que je couvre tous les secteurs, je suis passionnée par les questions relatives à la santé des femmes et des enfants, aux droits de l'enfant, à l'éducation, au développement de la santé rurale, à l'autonomisation des jeunes et à l'égalité des droits entre les sexes", précise-t-elle.
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L'État de Niger n'est pas connu pour sa "prouesse journalistique", déplore Mme Asishana : "Le plus souvent, les journalistes de l'État et d'autres villes plus petites ont l'impression de n'avoir rien à offrir car ils pensent qu'ils ne seront pas reconnus, même s'ils font des efforts."
Cependant, Mme Asishana s'est sentie fière de représenter sa ville natale lors de conférences, de formations et d'autres événements dans le monde entier. "J'ai décidé intentionnellement que je serai aussi bonne que n'importe quel autre journaliste de n'importe quelle ville. J'ai fait de mon mieux pour que mon travail reflète cela."
L'histoire de Mme Asishana est synonyme de résilience, et c'est une histoire qu'elle aimerait partager avec d'autres journalistes. "Ce que j'entends par résilience, c'est la capacité à résister et à rebondir après chaque déception", dit-elle. "Parfois, on postule et on met tant d'espoir dans une candidature en espérant décrocher une bourse, un prix ou une subvention. Mais au bout du compte, on ne l'obtient pas."
Elle appelle les personnes qui se sont trouvées dans des situations similaires à ne pas se laisser abattre. "Il faut continuer de postuler aux annonces qui nous correspondent, malgré les déceptions passées", insiste-t-elle. "Il y a toujours une lumière au bout du tunnel. Un jour, vous obtiendrez une opportunité qui récompensera vos efforts."
Lydia Antonio-Vila est assistante de programmes au sein de l'ICFJ.
Images fournies par Justina Asishana.