La Blue Radio au Kenya couvre l’économie bleue du pays

3 mars 2023 dans Reportage environnemental
Un homme sur un bateau

Le Kenya possède un riche écosystème marin qui est essentiel au bien-être économique de plus de 4 millions de personnes des communautés côtières du pays. On y trouve, entre autres écosystèmes : des forêts côtières, des mangroves, des herbiers marins, des récifs coralliens, des dunes et des plages de sable.

Par conséquent, l'économie bleue du pays, ou "l'utilisation durable des ressources océaniques pour la croissance économique, l'amélioration des moyens de subsistance et l'emploi, tout en préservant la santé de l'écosystème océanique", comme la définit la Banque mondiale, se structure. L'ONU-Habitat estime que les écosystèmes marins du Kenya représentent au moins 4 % du PIB du pays, soit l'équivalent de 2,5 milliards de dollars US par an.

Le gouvernement espère capitaliser sur ce secteur. En 2021, le Kenya a lancé GoBlue, un projet sur quatre ans visant à créer plus de 3 000 emplois pour les jeunes et les femmes dans les industries de l'économie bleue comme le recyclage, le tourisme et la pêche. Lorsque le président William Ruto a pris ses fonctions à la fin de l'année 2022, il a créé un ministère de l'économie bleue pour piloter le développement du secteur.

Cependant, les habitants des zones côtières sont encore loin de tirer pleinement parti de l'économie bleue. "Elle prend forme au Kenya, mais la communauté côtière kenyane n'en bénéficie pas encore pleinement. Cela est dû en partie au peu d'informations disponibles", explique Emmanuel Nzai, PDG de Jumuiya ya Kaunti za Pwani, un bloc économique comprenant six départements côtiers.

Conscients du manque d'informations publiques autour de l'économie bleue, deux jeunes diplômés en journalisme, Gilbert Were, 28 ans, et Johnson Muema, 25 ans, ont lancé Gilitics Media, une start-up média numérique dans la ville côtière de Mombasa.

"En 2019, nous avons participé à un défi d'incubation tech organisé par TechBridge Hub", raconte M. Were. "Nous avons remporté un prix financier de 100 000 shillings kényans (environ 735 euros), que nous avons utilisé pour enregistrer la société et lancer le site Web."

Gilitics Media s'est développée et a ensuite donné naissance à Blue Radio, un média d'éducation à l'économie bleue à destination des jeunes des communautés côtières du Kenya.

"Notre start-up radio numérique crée et diffuse des programmes éducatifs qui couvrent différents aspects de l'économie bleue : les pratiques de pêche durable, les efforts de préservation des océans, la valeur ajoutée et le développement des technologies de l'économie bleue", précise M. Were, ajoutant que son objectif premier est d'encourager les jeunes à saisir les opportunités d'emploi qu’offre l'économie bleue.

"Nous faisons venir des experts et des responsables maritimes du gouvernement dans le studio pour enseigner aux communautés et surtout aux jeunes les possibilités existantes et inexploitées que permet l'économie bleue", dit-il.

L'émission de radio met également en lumière des exemples de réussite de petits investisseurs dans le secteur de l'économie bleue. "En présentant des ‘success stories’ de gens ordinaires qui ont sauté le pas de l'investissement dans l'économie bleue, nous contribuons à influencer les autres à oser faire de même", affirme M. Were.

Blue Radio s'associe à des agences gouvernementales, à des ONG locales et à des experts pour organiser des échanges sur des questions liées à l'économie bleue. Elle a travaillé avec le Blue Economy Innovation Hub de l’Université technique de Mombasa pour développer des contenus éducatifs sur l'économie bleue.

Les reportages sont présentés sous forme de documentaires, d'articles de fond, d'articles Web et de livestreams. L’équipe utilise également les réseaux sociaux pour impliquer les jeunes.

"Nous avons décidé de nous intéresser à l'économie bleue parce que la communauté dispose de très peu d'informations à ce sujet, malgré la présence de l'océan Indien", explique M. Muema. "Beaucoup pensent que l'économie bleue ne concerne que la pêche, mais grâce à notre plateforme, nous leur faisons savoir que même le tourisme et la conservation marine font partie de cette économie."

Dans un exemple d'impact positif, les reportages de Blue Radio ont inspiré Mwakazi Ngala, un pêcheur et résident de Kwale, à devenir protecteur marin. "Les cours m'ont appris les dangers de la surpêche et de la pollution marine. En tant que pêcheur, j'ai compris que pour protéger mon activité, je devais préserver la vie marine et l'océan", raconte-t-il.

L'avenir est prometteur pour Blue Radio, estime M. Muema. "Notre objectif à long terme est de nous développer en intervenant davantage en tant que consultants pour des médias numériques, en étendant la portée de l'entreprise à travers le Kenya et, à terme, en lançant une chaîne de télévision numérique comme produit supplémentaire."


Photo de Ben Iwara sur Unsplash.