Le journaliste pigiste nigérian Francis Salako n'est pas un étudiant en journalisme. Toutefois, il fait ses débuts dans le secteur de l'information en tant que membre du média étudiant, Union of Campus Journalists, University of Ilorin (UCJ UNILORIN). Aux côtés de 400 autres étudiants, il acquiert sur le tas des compétences essentielles en matière de reportage, ce qui l'aide à obtenir des commandes par des médias au-delà des frontières du Nigéria.
Fondé en 1996 par un groupe d'étudiants qui partageaient la même passion pour le journalisme, UCJ UNILORIN est le plus ancien organe de presse universitaire du Nigéria. Depuis sa création, il a servi de porte-parole aux étudiants tout en contribuant à établir les critères de professionnalisme des acteurs de l'information du pays. Il offre à des étudiants passionnés ayant peu ou pas d'expérience en journalisme l'occasion de développer leurs talents.
M. Salako a commencé à travailler pour l'Union au cours de sa deuxième année d'université. "L'UCJ est un endroit où les gens font de grandes choses", dit-il. "Les ateliers, les événements et les congrès sont les éléments cumulés qui ont permis que je fasse le type de journalisme que je fais aujourd'hui."
Qu'il s'agisse de rendre compte des événements qui se déroulent sur le campus ou de demander des comptes aux représentants étudiants, le média a permis aux étudiants-journalistes de comprendre ce qu'implique ce métier et comment s'y épanouir. "L'UCJ UNILORIN m'a apporté une communauté de personnes qui font partie intégrante de ma vie et qui ont beaucoup contribué à mes compétences", affirme M. Salako.
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En mars 2021, The Cable a organisé un atelier pour les journalistes du campus afin de les former aux principes fondamentaux du reportage. Des ateliers comme celui-ci, proposé par le Premium Times Centre for Investigative Journalism, aident les étudiants à faire éclore leur potentiel.
Le reporter nigérian Adejumo Kabir a commencé sa carrière en tant qu'étudiant-journaliste. Sa passion pour les droits humains l'a conduit à se lancer dans le journalisme sur le campus, en écrivant d'abord sur les manifestations étudiantes. "Sans le journalisme à l'université, j'aurais été un de ces journalistes qui se serait nourri ‘d'enveloppes brunes'", dit-il, faisant référence aux incitations ou aux pots-de-vin donnés aux journalistes par des politiciens lors de points de presse.
Les "enveloppes brunes" sont malheureusement monnaie courante au Nigéria. Elles sont souvent utilisées pour faire taire les journalistes, les dissuadant de publier des papiers qui ne sont pas favorables aux représentants du gouvernement. Comme beaucoup ont de faibles salaires, ils peuvent être tentés de les accepter. Pour lutter contre ce phénomène, l'Union s'efforce d'inculquer à ses membres l'objectivité et l'éthique du reportage comme valeurs fondamentales.
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Le fait d'avoir commencé leur carrière en tant qu'étudiants-reporters a permis à bon nombre des meilleurs journalistes nigérians de bien connaître la profession et d'acquérir les compétences nécessaires pour en faire une carrière. En écrivant pour les rédactions de tout le pays lorsqu'il était étudiant, M. Kabir a appris tout ce dont il avait besoin pour s'épanouir en tant que reporter.
L'UCJ UNILORIN organise également des formations pour doter les journalistes de connaissances en matière d'éthique, et enseigne à ses membres les bases du photojournalisme, de la vérification des faits, du reportage d'investigation et du journalisme de solutions.
L'UCJ UNILORIN a dû faire face à des représailles de la part d'autres étudiants pour ses reportages, dit l'ancien rédacteur en chef, Ridhwan Adetutu. Il raconte qu'il a été piégé une fois alors qu'il couvrait les suites d'un rapport d'enquête sur le président du conseil sénatorial du syndicat étudiant de l'époque, qui avait été inculpé pour corruption. Alors qu'il rentrait chez lui, il a été abordé par quelqu'un qui a menacé de le faire renvoyer de l'université. Il a laissé tomber le papier, craignant de perdre son statut d'étudiant.
L'actuel président de l'Union, Adedeji Quayyim, explique qu'il a pris des mesures pour contrer les tentatives visant à étouffer leurs reportages en créant un réseau avec des organisations, associations et médias en dehors du campus afin de protéger ses membres.
La devise de l'Union, "la liberté défendue par la plume", motive les étudiants à défendre avec force les valeurs fondamentales d'intégrité, de discipline et d'équité. Au lieu de laisser la répression rencontrée au fil des ans faire taire leurs voix, les étudiants-journalistes utilisent cette énergie pour améliorer la qualité de leurs reportages.
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Olayide Oluwafunmilayo Soaga est une journaliste en début de carrière passionnée par l'impact qu'elle peut avoir grâce à ces reportages.