Depuis 1827, les journalistes et les journaux noirs ont été indispensables pour éclairer et informer les communautés noires. Grâce au point de vue unique de journalistes et rédacteurs en chef noirs, ces journaux offrent une représentation réaliste des personnes noires, mettent en valeur la culture noire et nourrissent la communauté noire. Qu'ils visent la justice sociale ou une prise de conscience sociale, ces journaux continuent de servir la communauté noire des États-Unis, la représentant dans toute son ampleur, sa diversité et à travers toutes ses évolutions.
En ce Black History Month, PEN America met en lumière la carrière d'auteurs noirs qui s'efforcent de mettre en avant la vérité sur la vie et la justice aux États-Unis. Ces publications sont essentielles au bon fonctionnement de la démocratie et à l'épanouissement de la culture nationale. Nous avons interrogé des journalistes noirs sur l'importance des médias détenus par des personnes noires, des récits de succès de personnes noires et du contexte historique de leur travail.
Le St. Louis American est la voix la plus reconnue de la communauté afro-américaine du Missouri depuis près de 100 ans. Une plateforme unique et respectée qui donne aux Afro-Américains une parole crédible, le St. Louis American, avec son volet multimédia étendu, est maintenant le plus grand journal hebdomadaire de tout l'État du Missouri.
Voici une interview de Karen Jacobs, journaliste économique au St. Louis American, membre des programmes Report for America et Type Investigations. L'interview a été condensée et modifiée pour plus de clarté.
Pourquoi avez-vous choisi de devenir journaliste et quel a été votre parcours ?
Je suis née et j'ai grandi à Chicago, qui, durant ma jeunesse, comptait au moins quatre quotidiens, dont je recevais la plupart chaque jour à la maison. Je viens donc d'une ville de journaux. J'ai étudié le journalisme au lycée, je me suis spécialisée en journalisme et en économie à l'Université de l'Illinois et j'ai consacré ma carrière à couvrir des sujets majeurs pour les communautés locales de Champaign, dans l’Illinois, de Milwaukee dans le Wisconsin, de Los Angeles, de Dallas et de St. Louis.
Avez-vous un article préféré que vous avez publié depuis que vous travaillez pour le St. Louis American ? Quel est-il et pourquoi l’aimez-vous autant ?
J'ai plusieurs articles dont je suis particulièrement fière. Outre Barren Mile, je suis fière des reportages que j'ai réalisés sur l'impact d'un projet gouvernemental de 1,7 milliard de dollars US sur les communautés de couleur et les communautés à faibles revenus. J'ai essayé de me concentrer sur la question suivante : que gagnent ces groupes grâce à cet accord ? J'ai posé des questions difficiles sur les dépenses passées et prévues, en veillant à ce que les besoins des groupes sous-représentés ne soient pas simplement balayés.
Pouvez-vous m’en dire plus sur le projet Barren Mile et votre couverture des pénuries alimentaires au sein des communautés noires durant la pandémie ?
Je suis au St. Louis American dans le cadre du programme national Report for America qui vise à placer des journalistes dans des communautés sous-représentées. À Barren Mile, quatre journaux noirs ont cherché à mettre en lumière l'insécurité alimentaire et d'autres problèmes d'injustice alimentaire aggravés par la pandémie. Le gouvernement et les organisations caritatives locales se sont mobilisés pour éviter ce qui aurait pu être une crise humanitaire. Mais les problèmes systémiques, notamment un désinvestissement grave dans les communautés de couleur, demeurent.
Pourquoi les journaux noirs sont-ils si importants ?
La mission de la presse noire n'a pas beaucoup changé depuis les premiers jours du Freedom’s Journal. Les succès et les réalisations des Noirs sont souvent négligés par les médias grand public, qui ne les jugent pas dignes d'intérêt. Cela conduit à une représentation inexacte des Noirs, qui sont essentiellement montrés comme des criminels et des personnes assistées. Le fait d'avoir des médias d’actualité qui se concentrent principalement sur des sujets à travers un prisme noir permet d'obtenir une image plus complète.
Comment peut-on soutenir au mieux le travail que vous effectuez ?
Les journaux locaux en général, et les titres détenus par des minorités en particulier, ont besoin non seulement de soutien financier mais aussi du soutien de personnes de couleur très en vue. Trop souvent, j'ai vu des célébrités ou personnes connues répondre à un appel des médias nationaux sans prendre la peine de me répondre. Il est clair que la portée des médias nationaux est plus large, mais souvent, les médias locaux et les médias des minorités étaient là avant que cette personne ne devienne si célèbre. Il est frustrant de constater que cela est si vite oublié.
Comment le St. Louis American fait-il pour rester pertinent auprès de ses lecteurs ?
L'un des défis auxquels la presse grand public a été confrontée est que le public traditionnel, à savoir les lecteurs éduqués à revenus moyens et élevés, a diminué, tandis que les jeunes et les personnes de couleur se tournent vers d'autres sources d'information. Pour la presse noire, notre principe directeur a toujours été de servir au mieux les communautés de couleur, à un niveau de détail qui n'est pas gérable pour la presse grand public. Nous publions des offres d'emplois, des concours d’entreprises et d'autres événements très importants pour les particuliers, mais qui semblent moins dignes d'intérêt pour un public plus large. Et le public du St. Louis American est extrêmement fidèle.
Cela dit, la quasi-totalité des médias ont du mal à rester ouverts. Nous avons laissé des emplois vacants et réduit le nombre de pigistes, même si la fondation du journal continue à offrir des bourses d'études.
Comme pour la plupart des médias, le numérique est extrêmement important pour notre avenir. Nous observons avec impatience l’écosystème pour voir qui proposera une stratégie numérique capable de renverser la tendance.
Cet article a d’abord été publié par le programme PEN Across America. Il a été republié ici avec leur accord.
Photo fournie par le programme PEN Across America.