Il y a plus d'un mois, le Hamas a lancé des attaques contre Israël, provoquant la mort de plus de 1 200 personnes et la prise en otage de plus de 200 autres, selon les estimations officielles israéliennes. En réponse, Israël a déclaré la guerre au Hamas, engagé une campagne de bombardements et lancé une invasion terrestre du nord de Gaza, entraînant plus de 11 000 morts, selon les données du ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas.
Au fur et à mesure que le conflit continue, les journalistes doivent être prêts à rendre compte de son évolution de manière éthique et précise.
Lors d'un récent webinaire organisé par le Forum sur le reportage des crises mondiales de l'ICFJ et parrainé par la Dow Jones Fondation, Michael Lipin, responsable éditorial relais de Voice of America, et Steven Youngblood, directeur du Center for Global Peace Journalism à l'université Park dans le Missouri, ont partagé des conseils avec les journalistes couvrant la guerre entre Israël et le Hamas.
1) Reconnaître les perspectives mondiales et les préjugés personnels
En raison de l'ampleur de l'attention mondiale portée au conflit et de ses implications géopolitiques, il est important de reconnaître les diverses positions adoptées par les pays, allant au-delà des États-Unis. "D'autres puissances mondiales ont un point de vue différent [de celui des États-Unis] sur le conflit", déclare M. Lipin.
Il est impératif de présenter directement les points de vue et les réponses de chaque nation impliquée. Michael Lipin souligne cette nécessité en ajoutant : "Il s'agit de dire, 'voici la position de la Russie. Voici celle de la Chine,' en s'en tenant toujours aux faits dans ses articles."
Il est tout aussi important que les journalistes tiennent compte de leur contexte régional pour assurer une couverture impartiale du conflit. Par exemple, un journaliste américain doit reconnaître que sa perception et son compte rendu du conflit peuvent différer de ceux d'un journaliste israélien ou palestinien. Steven Youngblood souligne cette conscientisation en affirmant : "Nous devons être constamment conscients de ces préjugés et faire notre possible pour atténuer leur impact."
2) Tenir compte de l'impact du langage et des images
Les journalistes doivent faire attention au langage et aux images qu'ils utilisent dans leurs reportages, en particulier lorsqu'ils traitent des survivants et des traumatismes. Dans la mesure du possible, optez pour des mots neutres plutôt que pour des termes chargés d'émotion, comme "bain de sang" ou "massacre".
M. Youngblood suggère des questions clés que les journalistes devraient se poser lorsqu'ils sélectionnent des images à inclure dans leurs articles : "Les images sanglantes et horribles sont-elles utilisées parce qu'elles sont nécessaires pour raconter l'histoire ? Ou sont-elles utilisées comme appât à clics ? Sont-elles utilisées dans un but purement sensationnel ? Les images et la narration exploitent-elles les émotions ?” dit-il.
Lorsqu'ils présentent des survivants et des victimes de traumatismes, les journalistes doivent être attentifs au type de questions qu'ils posent lors des interviews afin d'éviter de traumatiser à nouveau les victimes, ajoute M. Youngblood.
Veillez à l'exactitude des désignations : tenez compte des définitions juridiques et des réactions émotionnelles que les termes peuvent susciter avant d’utiliser des désignations telles que "terroristes" ou "génocide".
3) Diversifier les sources
Pendant le conflit, des tonnes d'informations, factuelles ou non, se sont rapidement répandues en ligne. Les réseaux sociaux, en particulier, ont facilité la diffusion rapide tant d'informations fiables que de fausses informations au fur et à mesure de l'évolution de la situation.
Avant de tirer des conclusions immédiates, assurez-vous d'obtenir des informations de plusieurs sources crédibles à inclure dans votre reportage, recommande M. Lipin.
Par exemple, dans son article sur la possibilité que l'Iran se soit coordonné avec le Hamas avant l'attaque de ce dernier, M. Lipin a recueilli des informations auprès de nombreuses sources. Cela lui a permis de mieux comprendre les détails d'un sujet aux multiples facettes et en évolution rapide. En s'entretenant avec des sources crédibles, notamment divers responsables gouvernementaux et experts en politique étrangère de la région, il a pu rassembler les faits et vérifier les informations.
Les journalistes devraient s'entretenir avec au moins deux sources soigneusement sélectionnées lorsqu'ils réalisent leurs reportages, déclare M. Lipin.
M. Youngblood conclut en rappelant aux journalistes et au public de reconnaître l'impact de leur couverture : le public percevra et comprendra le conflit en fonction de la manière dont il est rapporté.
Photo de Mohammed Ibrahim sur Unsplash.
Cet article a été mis à jour le 14 novembre avec des détails concernant les estimations officielles israéliennes.