Comment réussir les concours des écoles de journalisme ?

Nov 8, 2021 en Bases du journalisme
Des étudiants

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Métier de passion, le journalisme ne cesse d’attirer. Pourtant, le milieu demeure très concurrentiel. Pour mettre toutes les chances de son côté, la case école de journalisme devient de plus en plus indispensable. 

En France, 14 écoles sont reconnues par la Commission paritaire nationale de l'emploi des Journalistes (CPNEJ). Ces formations sont accessibles sur concours. Les prétendants sont très nombreux, les élus très peu. Qu’enseigne-t-on dans ces écoles ? Comment se préparer aux concours ? Sur quels critères est-on sélectionné ? 

Ces questions ont fait l'objet le 21 octobre du webinaire n°66 du Forum de reportage sur la crise sanitaire mondiale. Un webinaire avec Pierre Savary, directeur général de l’École supérieure de journalisme de Lille. L’ESJ Lille propose un master 2 en journalisme, auquel s’ajoutent d’autres formations comme une licence en journalisme multimédia, entièrement à distance, à destination de publics francophones. 

 

N’est pas journaliste qui veut

Le journalisme requiert certaines qualités. La curiosité ainsi que la capacité à questionner et de se questionner en sont les principales. Il faut aussi un certain nombre de compétences. "On est tous capable de raconter ce qu’on vient de voir, mais on n’est pas pour autant journaliste", explique Pierre Savary. Si certains confrères sont d’excellents journalistes ayant appris leur métier sur le tas, "être journaliste demande des techniques et une compréhension qui doivent s’acquérir et s’apprendre dans les centres de formation ou écoles". 

Deux types de compétences sont apprises dans les écoles :

  • un socle de connaissances techniques. Par exemple en journalisme audiovisuel, les étudiants apprennent à manier le matériel, filmer, monter, enregistrer ;
  • une méthodologie pour être capable de rechercher les informations, les recouper, les contextualiser, les utiliser au bon moment. C’est un bloc plus large et plus complexe, qui inclut la déontologie et l’éthique.

Les centres de formations permettent aux étudiants de multiplier les cas d’école. L’école se révèle ainsi un accélérateur de maturité. Elle favorise aussi les temps de réflexion et de partage avec les camarades.

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Les avantages d’une école reconnue

La formation est un facteur déterminant dans la réussite d’une carrière lorsque l’on débute. Les écoles garantissent aux employeurs des candidats compétents et opérationnels. "De plus, même avec 10, 15, 20 ou 30 ans d’expérience, le socle de la formation reste", assure Pierre Savary. 

Par ailleurs, à poste égal, les candidats qui sortent d’une école reconnue gagnent mieux leur vie. Autre avantage : le taux d’insertion professionnelle des anciens élèves est plus élevé. D’ailleurs, certains médias ne recrutent que dans les écoles reconnues. À l’ESJ Lille, 100 % des étudiants ont un contrat rémunéré grâce à l’école à la fin de leur formation. Le directeur de l’école tient tout de même à nuancer ses propos : "Il ne s’agit pas de 100 % de CDI mais tous les étudiants ont un contrat d’été dans un média." L’année dernière, sur les 60 étudiants de la promo, quatre ont signé un CDI, une cinquantaine ont décroché des CDD de deux à six mois, et le reste s’est lancé dans la pige. 

Le concours d’entrée à l’ESJ Lille

Les concours d’entrée aux écoles de journalisme sont très sélectifs. L’ESJ Lille reçoit 1 000 candidatures au master 2 pour 50 places. Dans ces conditions, sur quels critères les candidats sont évalués ? Contrairement à ce que pensent les candidats, ce n’est pas la connaissance absolue de l’actualité qui est jugée. "On ne cherche pas à trouver des personnes qui savent déjà être des journalistes. Notre objectif est de découvrir un terreau fertile sur lequel on va poser des enseignements différents, la curiosité et l’envie de comprendre, ainsi que l’aptitude à se saisir d’un sujet y compris quand on ne le connaît pas", précise Pierre Savary. Le jury évalue donc les points suivants : 

  • une connaissance minimale de l’actualité ;
  • une bonne maîtrise du français ;
  • la connaissance de l’anglais ;
  • la capacité à raconter quelque chose, peu importe le support. 

Concernant les modalités pratiques, cette année, il n’y aura pas d’épreuves en ligne comme en 2020. Pour le master, le recrutement se fait d’abord sur dossier suivi d’un premier oral puis d’un second (à distance). Le mode de recrutement est identique (dossier puis épreuve orale) pour les candidats internationaux, mais ce concours ne dispose que de 10 places. L’appréciation du niveau de français n’est pas la même tout comme celle de l’actualité qui sera plutôt jugée sur le plan international.

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Comment se distinguer face au jury ?

La démarche du journaliste qui consiste à aller à la chasse aux infos et à les traiter s’adapte à presque tous les sujets. Il est par conséquent important d’être un bon journaliste généraliste. Si, en plus, vous avez une expertise dans un domaine, alors vous pouvez vous démarquer. 

Une expérience dans un média en ligne, en presse quotidienne régionale (PQR), dans l’animation d’un podcast ou la création d’un média s’avère intéressante si vous êtes capable d’expliquer au jury ce qu’elle vous a apporté. De la même manière, un stage peut éclairer sur votre intérêt pour le métier et ce que vous comprenez des problématiques du monde des médias.


En revanche, l’erreur à éviter est d’essayer de s’inventer un personnage. Le jury n’a pas de présupposé. Il a plutôt envie de comprendre qui vous êtes. En d’autres termes : "Soyez vous-même et soyez convaincant sur ce que vous avez envie de faire et pourquoi il est utile de passer par notre école pour le réaliser", conseille Pierre Savary. Et le directeur de conclure : "Bien qu’il soit difficilement accessible et que la précarité y est forte, le journalisme reste un métier fabuleux et d’une extrême importance dans une démocratie."


Journaliste franco-tchadienne, Chantal Baoutelman est membre du collectif Tu piges. Elle écrit sur l'Afrique, les questions de féminismes, la parentalité, le monde du travail et les droits humains. Elle a travaillé notamment pour RFI, Femina, Francophonies du sud, Bastamag et Causette.

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