En mars, Dylan Carson, 18 ans, commençait un stage au sein de News Decoder, un service de presse mondial à destination de la jeunesse. Au cours du mois, les mesures de confinement contre le COVID-19 se sont multipliées à travers l'Europe. L'entreprise, basée en France, a demandé à son personnel de travailler de chez lui.
Peu de temps après, News Decoder rejoignait le Teenage Reporting Project COVID-19, une plateforme créée pour que les adolescents reporters du monde entier puissent partager leurs papiers sur les engagements d'autres jeunes comme eux durant cette pandémie. Une initiative qui va à l'encontre des idées reçues sur ces jeunes, souvent perçus comme indisciplinés et apathiques.
“Tellement de jeunes mènent des actions à impact positif,” raconte M. Carlson. “Je pense que même entre nous, nous avions intégré cette idée que beaucoup d'adolescents ne s'intéressaient pas à ces problèmes ou ne s'engageaient pas.”
Le Teenage Reporting Project COVID-19 a publié une première salve d'articles au début du mois de mai. Les articles mettent en avant des projets variés comme des campagnes de levée de fonds menées par des lycéens, le prototype d'un outil tueur de microbes créé par un jeune Indien, ou encore une initiative menée en Inde pour nourrir les chiens errants pendant la pandémie.
News Decoder est le partenaire média principal de ce projet qui rassemble des organes de presse étudiante de plus de 15 pays dont la Chine, l'Afrique du Sud et les Etats-Unis.
La genèse du projet
Dr. Aralynn McMane a souhaité lancer cette initiative à force de ne voir que des descriptions négatives de jeunes refusant de respecter la distanciation sociale.
“Il me semble important de faire entendre d'une manière forte et claire la voix de ces jeunes qui changent les choses. Qui de mieux placé pour le faire que leurs pairs journalistes partout dans le monde ?" s'est dit Mme McMane.
Mme McMane est une des administratrices de News Decoder et la directrice du prix Global Youth & News Media. Elle a contacté les personnes qu'elle connaissait à travers cette compétition pour réunir les premiers membres du Teenage Reporting Project.
L'Eagle Eye, le magazine du lycée Marjory Stoneman Douglas en Floride, était un des premiers titres étudiants à rejoindre le projet. En 2018, L'Eagle Eye a remporté le tout premier prix Global Youth & News Media, pour son travail de reportage sur la "March for Our Lives," une manifestation organisée par les élèves suite à la fusillade qui a eu lieu dans leur établissement cette année-là.
Young Reporters for the Environment au Danemark et le Student View au Royaume-Uni, deux autres lauréats du prix Global Youth & News Media, ont depuis rejoint le Teenage Reporting Project.
Mme McMane a fait grandir ce réseau grâce aux réseaux sociaux et au bouche à oreille. Plus de 20 structures étudiantes y participent aujourd'hui, réparties entre 15 pays. Les portes du projet restent ouvertes à celles qui souhaiteraient encore le rejoindre.
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Des moments forts pour ces jeunes journalistes
M. Carlson a écrit deux papiers pour la plateforme pour l'instant. Son premier article met en lumière une jeune femme et sa famille au Kenya qui créent des masques de protection à partir de tapis de yoga pour les donner aux professionnels de santé du quartier. Il a eu vent de cette histoire via de nouvelles connaissances faites sur la page Facebook de sa future promotion à l'Université de Yale, qu'il intégrera à la rentrée.
“Je ne cherchais pas de sujet au départ, je voulais juste savoir comment je pouvais aider”, explique-t-il. “Puis j'ai vu toutes les réponses et je me suis dit, ‘Bon, il faut faire connaître cette histoire.’”
M. Carlson a commencé son parcours de journaliste au sein du journal de son lycée d'Upper Arlington dans l'Ohio. Il a terminé le lycée en 2019, puis a décidé de prendre une année sabbatique pour vivre en France, où il est maintenant stagiaire pour News Decoder.
“Je suis curieux de nature. Cela me facilite le contact avec les gens pour leur parler et en apprendre plus sur leurs vies,” dit-il.
M. Carlson est très attaché au journalisme étudiant car il permet de sortir les jeunes de leur zone de confort afin de poursuivre et raconter des récits d'envergure.
“Je trouve ça super qu'il puisse y avoir une plateforme internationale pour mettre en avant ces sujets et ces auteurs aux profils différents,” se réjouit-il.
Dara Rosen, en terminale au lycée Marjory Stoneman Douglas, a également été inspirée par le rôle du journalisme dans la société. “J'ai été témoin de l'importance et du pouvoir du journalisme et j'ai décidé d'en faire mon métier,” explique-t-elle. Elle a rejoint l'Eagle Eye en classe de seconde.
Se souvenant du prix remporté par le magazine en 2018, contacter l'Eagle Eye afin qu'il rejoigne le Teenage Reporting Project était une évidence pour Mme McMane. “Avant ce projet, nous couvrions l'aspect politique du COVID-19, les décisions prises par l'école, les opinions et réactions des élèves, les difficultés de l'enseignement en ligne. Nous publiions aussi beaucoup de tribunes sur les thématiques arts, culture et loisirs,” raconte Mme Rosen, une des cheffes de rubrique de l'Eagle Eye du haut de ses 18 ans. “Mais depuis que nous faisons partie de ce projet, nous avons pu mettre en valeur les choses incroyables accomplies par certains élèves de notre communauté.”
Mme Rosen ira à l'Université de Florida Gulf Coast à l'automne, pour se former au journalisme. “En vrai, j’espère”, ajoute-t-elle.
De jeunes journalistes à travers la planète continuent à soumettre leurs articles au Teenage Reporting Project COVID-19. De nouveaux papiers ont été publiés le 20 mai et le 7 juin.
Image principale créée par Laura Makaltses pour United Nations COVID-19 Response.
Sous licence CC par Unsplash.