Atteindre le public souhaité, renforcer les liens, c’est l’objectif des newsletters d’Irawo, le média, lancé en 2016, qui souhaite mettre en avant les talents africains. Pour toutes ses newsletters, Mylène Flicka, fondatrice d’Irawo recherche une proximité avec son lectorat et tâche d’être avant tout utile. Rencontre.
Disposez-vous de newsletters automatiques et personnalisées ?
Toutes nos newsletters sont personnalisées. Nous avons deux newsletters pour la communauté générale et on a une newsletter spécifique qu’on envoie à une communauté plus restreinte, les membres de la Taka Tribe.
Quels sont vos objectifs et comment êtes-vous organisés ?
La première infolettre générale et ouverte à tous est intitulée La dope zone. C’est un condensé de l’actualité publiée sur Irawo news. C’est une curation d’articles que nous écrivons et qui est susceptible d’aider nos communautés. À cette curation, s’ajoute un espace où les abonné⸱es peuvent poser des questions aux membres de l’équipe. Enfin, nous proposons dans cette newsletter un espace réservé aux opportunités qui peuvent aider les abonné⸱e⸱s de manière très concrète. Ce sont souvent des offres d’emploi ou par exemple des programmes d’accompagnement.
Nous avons ensuite une deuxième newsletter publique qui s’adresse aux créatifs professionnels, des gens qui veulent propulser leur carrière. D’ailleurs, la newsletter s’appelle Propulse. Elle donne des astuces précises et l’intention derrière est de les aider à augmenter leur valeur sur le marché de l’emploi.
Je suis très attentive aux newsletters d’Irawo car c’est notre principal moyen de conversion. Concrètement cela veut dire que les gens nous découvrent via les réseaux sociaux, ensuite ils vont sur notre site et ils s’engagent avec nous en s’abonnant à nos newsletters et nous pouvons ainsi leurs proposer nos produits, les livres, les programmes, etc. Pour moi, c’est un connecteur logique de tous les contenus d’Irawo.
Cependant, nous avons très peu de retours et très peu d’échanges entre les abonnés de la newsletter. C’est ce que nous essayons d’intensifier aujourd’hui.
De manière pratique, il y a une personne dédiée à la rédaction de ces newsletters.
Pourquoi avoir choisi le mardi comme jour d’envoi ?
Alors simplement parce que lundi est déjà un jour très chargé pour plusieurs personnes. Nos mails débordent d'informations le lundi et nous sommes submergés par les contenus déjà très nombreux sur les réseaux sociaux. Le mardi nous semblait donc plus intéressant car le public est plus disposé à prendre le temps de lire. La Propulse part le vendredi car la cible à laquelle elle est adressée entre dans la semaine avec beaucoup de travail et on a souhaité l’envoyer le vendredi car c’est le début du weekend et pour les professionnels, ils commencent déjà à souffler. Ce sont d’ailleurs eux qui nous ont poussés à choisir ce jour. Idéalement, nous l’envoyons donc vendredi matin.
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Quels sont vos indicateurs de réussite ?
Ce qu’on regarde principalement, c’est le taux d’ouverture. Ensuite, nous nous concentrons sur un contenu qui sera lu jusqu’au bout par nos abonnés et qui leur permettra de s’engager dans des actions et aussi d'interagir avec nous à travers ces newsletters.
Vos newsletters sont-elles gratuites ou payantes ?
La Dope Zone et Propulse sont gratuites. Par contre la newsletter qui est dédiée aux membres de la communauté Taka tribe est proposée à ceux qui ont acheté le programme d’accompagnement ou le livre lié. L’accès à cette newsletter est sanctionnée par ces conditions préalables, mais ce n’est pas une monétisation directe de cette newsletter.
Combien de gens sont abonnés à vos newsletters ?
De manière globale, nous avons 4 559 inscrits avec un taux d’ouverture moyen de 30 %.
Sur la forme, quelles sont les particularités de vos newsletters ?
Déjà, nous avons un nom pour nos abonné⸱e⸱s. Pour La Dope Zone, par exemple, toutes les newsletters commencent par “Salut, camarades étoiles”. C’est devenu notre identité. La newsletter est une réponse aux questionnements des abonné⸱e⸱s. Elle permet de renforcer notre vision.
Envisagez-vous de monétiser toutes vos newsletters ?
Je pense que les gens payent pour des newsletters hyper spécialisées, qui apportent du contenu, de l’information précise dans un domaine bien spécifique. Il me semble que ce sera difficile de monétiser une newsletter dont l’objectif est de renforcer l’identité.
Comment avez-vous choisi votre outil d’envoi ?
Nous avions commencé par Mailchimp qui était assez cher et on a trouvé Mailerlite qui répond parfaitement à nos besoins. Le service client est très réactif quand il y a un problème. Nous avons près de 5 000 abonnés et cela nous revient à près de 40 dollars par mois car nous utilisons en plus leurs outils de création de site web. L’outil est très complet.
Quelle est votre stratégie d’acquisition ?
Elle repose sur les réseaux sociaux et sur les sites web mais aussi sur tous les concepts que nous lançons. Sur nos comptes sur Instagram ou Facebook, nous avons un Linktree avec des liens pour s’abonner à nos newsletters.
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Sur notre site web, quel que soit l’objet de la visite de l’internaute, qu’il s’agisse d’articles, d’ateliers, de challenges ou de programmes, on lui propose systématiquement la newsletter. La newsletter, c’est vraiment le point d’entrée dans la communauté, juste après les réseaux sociaux.
La recette pour lancer une newsletter africaine ?
La première question à se poser est de se demander si la cible qu’on veut toucher utilise régulièrement internet. Il faut savoir qu’il y a un certain nombre de personnes en Afrique qui utilisent régulièrement les réseaux sociaux mais très peu les mails. Ensuite, il faut travailler le copywriting, c’est vraiment la base de l’e-mailing et apporter de la valeur à chaque fois. Le titre détermine souvent l’ouverture du courriel.
Vos recommandations de newsletters ?
Pour un jeune qui habite à Cotonou et qui est passionné par l’actualité politique, je lui parlerais d’Africa Digest. Pour un jeune africain, passionné par la tech, je lui recommande La Baguette et pour quelqu'un qui veut vivre de son talent, je lui parlerais tout simplement de Propulse ou de La Dope Zone d’Irawo.
Photo sous licence CC Mathyas Kurmann via Unsplash
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Abèdjè Sinatou Saka est journaliste béninoise et cheffe de projet éditorial à RFI et France 24. Elle est notamment en charge du développement des podcasts des chaînes.
Elle est à l'origine du podcast Afrofuturismes, diffusé sur RFI en août 2019. Une création originale qui sonde l'histoire d'un mouvement né aux Etats-Unis et qui questionne les futurs africains.