Comment les journalistes peuvent (mieux) traiter les questions écologiques ?

Nov 10, 2022 em Reportage environnemental
Une photographe prend en photo un paysage

Les journalistes ont un rôle prépondérant à jouer face aux urgences climatiques auxquelles le monde est confronté. Il s’agit surtout d'offrir des informations vérifiées et utiles pour la société. Cependant, les journalistes sont-ils suffisamment outillés pour traiter les questions climatiques ? Comment doivent-t-ils s’y prendre ? Ces questions ont été abordées durant le webinaire du mercredi 19 octobre du Foum francophone de l'ICFJ, portant sur le thème "Comment pratiquer un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique ?".

Kossi Balao, directeur du Forum francophone Pamela Howard de l’ICFJ sur le Reportage des Crises Mondiales a reçu Anne-Sophie Novel, journaliste indépendante et spécialisée dans les alternatives écologiques et les médias. Elle enseigne le journalisme environnemental à l'École Supérieure de Journalisme de Lille ainsi qu'à l'Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine. Par ailleurs, Anne-Sophie Novel est l'une des instigatrices de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l'urgence écologique

Cette charte est un texte important issu d’un intense travail de collaboration entre de nombreuses rédactions. Elle est rédigée par une trentaine de journalistes et signée par plus d’un millier de journalistes. Elle nous invite à changer notre façon de travailler et surtout à couvrir les questions liées au climat. Elle interpelle aussi sur le rôle de chaque journaliste dans la marche pour la préservation de l’environnement, de l’écologie. 

 

 

Mieux, selon cette charte, il appartient à l’ensemble des journalistes d’être à la hauteur des défis que représente l’emballement du climat pour les générations actuelles et à venir. Composé de 13 articles, le texte invite également les journalistes à traiter le climat, le vivant et la justice sociale de manière transversale, pratiquer un journalisme bas carbone, ou encore enquêter sur les origines des bouleversements en cours. 

"La charte est née dans un contexte d’absence de cadre pour les journalistes"

Selon Anne-Sophie Novel, coordonnatrice des travaux de rédaction, la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique est arrivée dans un contexte d’absence de cadre pour les journalistes pour mieux traiter ces questions  écologiques.

"On a passé un bon nombre de réunions (ndlr : avec les confrères), on a insisté sur bon nombre de points indispensables", explique-t-elle. Elle ajoute que : "cette Charte participe d’une attente, aussi bien au sein de la profession que dans des organisations professionnelles ou au sein du public et c’est plutôt satisfaisait, parce que, dit-elle, on pense qu’on participe d’une certaine manière à l’évolution de la profession ou à une bascule de la profession. Même s’il va falloir un peu plus de temps pour que ça évolue", reconnaît-elle. 

Informer sur l’état du monde

"Y-a-t-il des excuses pour un journaliste qui ne comprend l’urgence écologique ? C’est compliqué aujourd’hui !", lance la journaliste. Selon la spécialiste, "il y a un public qui demande et notre métier est d’informer sur l’état du monde, donc si on ne comprend pas ce dont on parle, si on nie les faits, cela relève d’une faute professionnelle".

C’est à juste titre qu’il est important pour les journalistes de se former à ces questions spécifiques, comme le recommande la Charte en son article 9.

Comment pratiquer un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique ?

  • Étudier les 13 points de la Charte,
  • Proposer des outils, des illustrations qui respectent les points de la Charte,
  • Réaliser des enquêtes qui portent sur les enjeux environnementaux,
  • Suivre des tutoriels en ligne, des MOOC, fresque du climat, fresque de la biodiversité, qui permettent de bien comprendre les enjeux,
  • Savoir décortiquer les rapports scientifiques et les études qui sont publiés sur certaines thématiques,
  • Entretenir son réseau, lire énormément,
  • Choisir de bons "experts" pour répondre aux questions sur le climat (vérifier leurs diplômes, voir ce qu’ils publient, s’assurer que notre interlocuteur est vraiment mieux indiqué).

Bien choisir les termes dans la pratique journalistique

Il est important pour les journalistes qui couvrent les sujets climatiques d’avoir une connaissance des termes utilisés le plus souvent. Pour cela ils doivent veiller à :

  • questionner l’usage des termes dans les articles, les productions audiovisuelles,
  • utiliser des mots qui se sont imposés dans la sémantique, tout en sachant pourquoi on l’utilise, 
  • se demander en permanence si les termes employés sont adaptés.

Photo : Fidel Fernando via Unsplash, licence CC