Les erreurs les plus courantes retrouvées dans les contenus journalistiques

17 mai 2024 dans Bases du journalisme
Personne qui prend des notes

Les journalistes peuvent être coupables d’erreurs factuelles, d’erreurs de conclusion, d’interprétation, d’erreurs sur les chiffres et les données. Ainsi, savoir se remettre en question, et surtout trouver comment les éviter et ne pas propager de fausses nouvelles ou contre-vérités est clé. Les panélistes du dernier webinaire du Forum IJNet de reportage sur les crises ont donc partagé leurs conseils pour aider les journalistes à rattraper certaines erreurs commises dans la production des contenus journalistiques.

Gérard Weissan est journaliste togolais, directeur de publication du journal Sika’a. Pour lui, c’est une bonne idée de parler des erreurs que les journalistes commettent lors de la production de leurs articles. C’est un signe de maturité, d’intelligence et de professionnalisme. Sally Bilaly Sow est co-fondateur et directeur de publication du journal GuinéeCheck.

Distinguer les erreurs et les fautes

M. Weissan, le directeur de publication de Sika’a, a tenu à apporter une petite précision sur la différence entre une faute et une erreur. Selon lui, une erreur est commise par mégarde, parfois par inattention. Or, souvent certains font de vraies fautes. "Par exemple, quand vous faites du plagiat, c’est une faute grave. Par contre, si j’utilise un mot qui n’est pas dans un bon contexte, on peut parler d’erreur. Un titre inadéquat, c’est une erreur. C’est important de marquer la différence." Il ajoute que, les erreurs peuvent être pardonnées, mais les fautes non, car, souvent, elles sont faites délibérément. 

Il déplore également la violence verbale qui s’est érigée en maître mot dans les contenus journalistiques. "La violence verbale que l’on retrouve souvent dans  nos articles, nos contenus radio et digitaux, nous a souvent conduit à des situations très catastrophiques. L’exemple de 94 au Rwanda : par la violence verbale, on peut faire sombrer tout un pays dans le KO. C’est pour cela que je trouve que nous devons tous combattre la violence dans les articles, parce qu’il y va de l’avenir de notre continent."

M. Sow déclare que plusieurs erreurs se font dans le métier, mais, les fautes sont à déplorer. "Quand nous regardons de façon générale la pratique journalistique, nous devrions contextualiser les choses. Surtout lorsque nous confondons faits et opinions. Il y a les faits factuels que l’on peut identifier, et si nous les mélangeons à nos opinions, c’est qu’il y a une intention délibérée et c’est une faute. L’opinion est personnelle or, en journalisme, on doit s’arrêter aux faits," souligne-t-il.

Aussi, en prenant l’exemple de la Guinée, il mentionne que certains journalistes ne font pas l’effort de suffisamment contextualiser les éléments du papier lors de la production des articles. Le sujet ne sera pas compris, parce que tout simplement il manque énormément d’éléments qui vont permettre à cette personne d’apprécier la thématique. 

Un manque de spécialisation

Le problème de manque de spécialisation comme facteur d’erreurs a également été mentionné. Pour M. Sow, si on essaye de tout couvrir, plusieurs compétences vont nous manquer. "Aujourd’hui, il y a énormément de discussions entre la désinformation et la manipulation de l’information ou fausse information. Ce sont des éléments de sémiologies qui méritent d’attirer notre attention, et c’est parfois dû à un manque de spécialisation," explique–t-il.

M. Weissan quand à lui, parle de carence. Il rappelle qu’ avant tout, un journaliste est quelqu’un qui  doit  avoir  une culture générale assez large et c’est cette capacité qui fait de lui un bon journaliste. Il doit être capable d’interviewer aujourd’hui un philosophe et demain un économiste avec autant d’aise. Il conseille aux journalistes de s’adonner à la lecture.

Les erreurs les plus courantes

Il peut arriver qu’une rédaction décide de ne pas aborder un sujet, parce que celle-ci a un avis tranché, un jugement qu'elle émet sur un fait ou une thématique donnée et décide de ne pas couvrir cet élément. Pourtant, le sujet peut intéresser des audiences. Cela peut-il être considéré comme une erreur ? Non, répond M. Sow. Selon lui, il serait préférable de chercher plutôt la cause du refus de traiter ce sujet. Parfois c’est une question d’intérêt dû à certains partenariats, qui appellent à émettre des réserves et peuvent jouer dans le devenir de l’entreprise. 

"Je crois que c’est un problème de vision," dit  M. Weissan, en prenant un exemple du racisme vu selon une personne noire ou une personne européenne blanche. "Parfois nous ignorons des sujets par intérêt."

Des conseils

Certains journalistes peuvent commettre une erreur lors d’une interview, ou encore sur un lieu de reportage. Pour les interviews, généralement, il y a un problème de compétence, explique M. Weissan. "Un journaliste qui est cultivé, s’il n’est pas corrompu, je ne trouve pas pourquoi il ferait une mauvaise interview s’il maitrise son sujet. Le tout se résume à la compétence en générale mais aussi, à cette fierté de faire ce métier sans complaisance."

Pour conclure, M. Sow rappelle que faire un stop sur nos erreurs c’est prendre du recul par rapport à notre travail, et savoir que nous sommes des humains, donc, appelés à commettre parfois des erreurs. Par contre, lorsque ces erreurs s’avèrent être des fautes délibérées, il y a un problème. Le métier de journaliste évolue, accepter de se mettre à jour, d’utiliser les vocables appropriés, de prendre du recul, de mettre en avant notre responsabilité sociale, et de dissocier les faits et des opinions sont les attitudes à adopter. 

 


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