Les astuces pour lutter contre la désinformation dans les zones de conflits

28 sept 2023 dans Lutte contre la désinformation
Une femme travaille sur son ordinateur, en fond, une fenêtre entrouverte

La désinformation gagne du terrain avec l’émergence des réseaux sociaux, dans les zones de conflits par exemple, les auteurs sont souvent les rebelles qui préfèrent déjouer les attaques de l’armée. Malheureusement, certains journalistes tombent dans ce piège.

Dans cette réflexion, nous parlons du cas de la partie Est de la République démocratique du Congo, en proie aux conflits armés depuis plus de 20 ans perpétrés par plusieurs groupes armés, où la circulation des fausses alertes inquiète.

Voici le dégât d'une fausse information dans une zone de conflits

L’armée a été induite en erreur à cause de fausses informations relayées par les journalistes. Une désolation explique un porte-parole dans le Nord-Kivu.

"C’est arrivé au moins 12 fois, où l’armée arrive sur le terrain et se rend compte que les journalistes ont donné une fausse alerte et vous êtes pris par surprise par l’ennemi, or, à chaque descente, il y a la logistique qui est gaspillée, les troupes mobilisées", déplore-t-il.


La même source explique que certains médias ont vu leurs signaux être coupés à cause de la diffusion de fausses alertes.

Attention aux documents sur les réseaux sociaux

Les journalistes doivent être vigilants, alerte Sammy Mupfuni, responsable du média en ligne Congo check, spécialisé dans le fact-checking. "Il y a un document, je me souviens, sur le Rwanda, attribué au gouvernement et qui ne venait pas du gouvernement rwandais et ce document avait tendance à intensifier les tensions dans la région", témoigne-t-il.
Souvent, c’est par souci d’être le premier à diffuser l'information que les journalistes négligent d’autres étapes.

Voici quelques astuces pour lutter contre la désinformation dans les zones de conflits :

  • Faire particulièrement usage du recoupement : diversifier et confronter ses sources d’information, mener une recherche extrêmement poussée pour écarter le doute ;
  • Consulter toujours les sources officielles ;
  • La formation des journalistes en fact-checking, une arme susceptible de réduire la consommation des fausses informations. Aussi avoir une équipe des vérificateurs des faits au sein des rédactions ;
  • Contextualiser l’image à partir de sa source et voir si elle correspond à la légende, il peut s’agir d’une ancienne vidéo n’ayant aucun lien avec l’information. Au besoin, référez-vous aux moteurs de recherche d’images inversées comme Google Images ;
  • Arrêtez la course au scoop si vous avez un doute et pensez toujours en amont aux conséquences que cela peut engendrer, comme le cas expliqué précédemment par le capitaine dans l’Est de la RDC ;
  • L'importance de la collaboration entre journalistes "traditionnels" et organes de presse spécialisés dans le fact-checking ;
  • Se poser la question sur l'auteur de l’information et sa signature, au besoin, faire référence à ses autres écrits ; 
  • Toujours contextualiser le message de l’auteur : s'agit-il d’une opinion ou relaye-t-il le fait ? Savoir à quand remonte la date de la publication, car une information non contextualisée peut tromper le lecteur ;
  • Toujours vérifier la réputation du site, s’il a pour nature l’information. La présentation du site est un indicateur de la crédibilité des informations.

La liste de ces conseils n'est pas exhaustive. L'information en soi est un droit fondamental de l’homme. "Bien informés, les hommes sont des citoyens, mal informés, ils deviennent des sujets", disait Alfred Sauvy.


Photo : Thought Catalogue via Unsplash