Couvrir la santé et les soins de santé des personnes LGBTQ+

par Naseem S. Miller
15 juin 2023 dans Diversité et inclusion
Une femme repose sa tête sur l'épaule d'une autre personne

Lors d’une table ronde intitulée "Les sujets LGBTQ ont besoin de sources LGBTQ : Voici comment les trouver", qui s'est tenue le mois dernier à Saint-Louis dans le cadre de l’édition 2023 de la conférence de l’Association of Health Care Journalists, les intervenants ont partagé de précieux conseils et ressources pour les journalistes. 

Voici quelques-uns de ces conseils, ainsi que des ressources supplémentaires pour les reportages sur la santé des personnes LGBTQ+.

Utiliser les guides de style pour se servir d'un vocabulaire adéquat et à jour

"Lorsque vous faites partie d'une communauté minoritaire, le langage change constamment", déclare Jen Christensen, rédactrice, éditrice et productrice à l'unité médicale et climatique de CNN, ainsi que membre du conseil d'administration et présidente sortante de l’Association of LGBTQ+ Journalists (NLGJA).

Certaines évolutions linguistiques sont initiées par la communauté LGBTQ+, tandis que d'autres sont motivées par des personnes qui s'opposent aux droits des LGBTQ+ et cherchent à politiser la communauté. “Un langage offensant accompagne cette approche”, explique-t-elle. 

Pour cette raison, Mme Christensen recommande aux journalistes d'adopter le langage le moins politisé possible. Elle encourage l'utilisation de ressources telles que le guide éditorial de l’Association of LGBTQ+ Journalists’ Stylebook et celui de la Trans Journalists Association’s Style Guide.

La prise en compte de ces guides de style peut aider les journalistes à résoudre les conflits terminologiques. Par exemple, certains médias utilisent le terme "queer", un terme à l'origine péjoratif pour désigner les personnes homosexuelles, qui a été réapproprié et est désormais utilisé par de nombreuses personnes LGBTQ+ (le "Q" pouvant signifier "queer" ou "questioning"). Cependant, certaines personnes plus âgées de la communauté LGBTQ+ considèrent encore le terme "queer" comme une insulte, comme l'explique Mme Christensen. Par conséquent, si l'on souhaite utiliser le terme "queer", il est important d'expliquer la raison de son utilisation.

De plus, la NLGJA dispose de la Rapid Response Task Force, qui intervient en réponse aux plaintes concernant des reportages jugés injustes ou inexacts par le public et d'autres journalistes. Ce groupe de travail prend contact avec les rédactions pour discuter de la terminologie appropriée et des préjugés.

Établir des liens avec des organisations LGBTQ+

Selon Alex Sheldon, directeur exécutif par intérim de GLMA, anciennement connue sous le nom de Gay & Lesbian Medical Association, les personnes LGBTQ+ ont été mal ou injustement représentées dans les médias pendant de nombreuses décennies. Cette situation a entraîné une érosion de la confiance entre la communauté LGBTQ+ et les professionnels des médias.

"Il est donc essentiel d'établir cette confiance et de la renforcer afin de garantir l'exactitude de ces récits", souligne-t-il.

Alex Sheldon encourage les journalistes à établir des relations authentiques avec les organisations LGBTQ+. Selon lui, “cela permettrait non seulement d'obtenir davantage d'articles pertinents, mais aussi de s'assurer d'avoir accès aux bonnes sources d'information”. 

Il souligne qu'il existe des organisations LGBTQ+ dans diverses professions, citant l'exemple de la National Gay Pilots Association, qui rassemble des professionnels et des passionnés de l'aviation lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres du monde entier.

Pour améliorer la couverture des histoires LGBTQ+, M. Sheldon recommande plusieurs ressources et conférences, qui sont détaillées dans l'article original disponible sur The Journalist's Resource.

8 idées d'articles

Mme Christensen a partagé ces idées d'articles lors de sa présentation :

  • L'interdiction des soins d'affirmation de genre pour les jeunes : L'American Civil Liberties Union met à jour chaque lundi une carte répertoriant les développements dans chaque État et fournit une liste des projets de loi proposés à ce sujet.

  • La santé mentale des personnes LGBTQ+, notamment des jeunes. Une enquête nationale de 2022 sur la santé mentale des jeunes LGBTQ+ réalisée par The Trevor Project, une organisation à but non lucratif axée sur la prévention du suicide chez les jeunes LGBTQ+, a révélé que 58 % des personnes interrogées ont signalé des symptômes de dépression. Si vous faites un reportage ou écrivez sur ce sujet, Mme Christensen recommande d'inclure un encart d'informations avec des ressources en matière de santé mentale.

  • Les restrictions continues sur l'éducation sexuelle : "De nombreuses occasions de discuter de l'inclusion ou non de la communauté LGBTQ+ se présentent dans le cadre de l'éducation sexuelle", déclare Mme Christensen.

  • Les défis auxquels sont confrontées les personnes LGBTQ+ âgées : "Il y a tellement de couples qui n'ont pas d'enfants pour les aider à prendre soin d'eux", déclare Mme Christensen. Les problèmes à examiner comprennent la solitude, les soins en maison de retraite et la pauvreté. Il existe également des histoires de solutions. "De nombreuses nouvelles résidences spécialement conçues pour les personnes LGBTQ+ âgées sont en train d'être construites dans tout le pays, et il serait intéressant de parler à ceux qui s'engagent dans ces initiatives", ajoute-t-elle.

  • Le VIH, qui demeure un problème majeur de santé publique aux États-Unis et à travers le monde : "C'est un problème énorme dans notre pays, en particulier pour les communautés de couleur. Et pourtant, nous n'en parlons pas fréquemment", déclare Mme Christensen. Une autre idée d'article consiste à examiner les législatures des États envisageant l'abrogation des lois qui criminalisent l'exposition délibérée au VIH ou à d'autres infections sexuellement transmissibles. En octobre 2022, 35 États avaient des lois criminalisant l'exposition au VIH. L'utilisation et l'adoption de la PrEP (prophylaxie pré-exposition) sont également des sujets d'article à explorer.

  • Les communautés bisexuelles ont également besoin d'une plus grande couverture médiatique. Certaines études montrent que les personnes bisexuelles sont plus exposées à des problèmes de santé mentale par rapport à leurs homologues homosexuels et lesbiennes, en raison de facteurs tels que la stigmatisation et ce que les chercheurs appellent "l'invalidation de l'identité", qui désigne les expériences où l'identité d'une personne est niée ou refusée par les autres.

  • L'accès des personnes LGBTQ+ aux soins médicaux : Des études montrent qu'il existe des disparités dans l'accès aux soins parmi les personnes LGBTQ+ et qu'elles signalent plus fréquemment des problèmes de santé par rapport aux personnes non LGBTQ+. Les personnes LGBTQ+ signalent également une discrimination médicale plus fréquente.

  • Les troubles alimentaires : Des études montrent que les adultes et les jeunes LGBTQ+ sont plus susceptibles de souffrir de troubles alimentaires que leurs homologues hétérosexuels et cisgenres.

  • Racontez aussi des histoires positives : Ne vous contentez pas de raconter des histoires de douleur et de défi, mais aussi des histoires de "joie et de célébration queer", conseille M. Sheldon.

 


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Cet article a été initialement publié par The Journalist's Resource. Il a été republié sur IJNet avec une autorisation

Photo par Külli Kittus sur Unsplash.