Comment trouver un bon angle pour son sujet ?

17 sept 2024 dans Bases du journalisme
Table de travail d'un jounrliste comportant ordinateur, tablette, cahier de notes et cafe

 Lorsqu’ils décident de traiter un sujet, les journalistes font face au choix de l’angle. Combien d’entre eux auraient pu réaliser des enquêtes inédites, produire des écrits originaux, se démarquer par leur créativité, susciter l'intérêt du public, voire gagner des bourses de reportage, s’ils avaient su trouver un bon angle ?

L’angle est un choix journalistique important. Vous pouvez avoir un thème extraordinaire, mais si vous ne trouvez pas un bon angle, quels que soient vos qualités et vos talents journalistiques, vous ne ferez pas un bon sujet, et vous raterez l’occasion de raconter une belle histoire. L’angle détermine votre histoire.

C’est parce qu’on ne peut pas traiter un sujet et l'épuiser qu’on choisit un angle. Un angle permet de décliner votre sujet sur plusieurs choses. L’angle est différent du sujet. Mais certains journalistes confondent l’angle et le sujet et ne savent quelle est la meilleure méthode pour trouver un angle pertinent, original, singulier et captivant.

Voici quelques conseils offerts par Ousmane Ndiaye, journaliste, formateur, rédacteur en chef Afrique de TV5Monde, le 28 août, lors d’un webinaire du Forum Pamela Howard d’IJNet sur le reportage des crises.

https://youtu.be/7vCaP5StCi0

Qu’est-ce qu’un angle ?

L'angle, c’est un choix journalistique, un choix de traitement. Un choix en concertation avec sa rédaction. S’il n’y a pas de choix, énonce M. Ndiaye, il est impossible, lorsque vous traitez un sujet, de déterminer ce que vous cherchez. 

Ce choix suppose un travail de préparation.  Parce qu’un angle ne tombe pas du ciel, a-t-il ironisé.  “L’angle, c’est un travail maïeutique, comme diraient les philosophes. C’est un travail de questionnements. L’angle, c’est aussi un regard”.

Pourquoi un angle est-il important ?

Quand on doit traiter un sujet, l'idée n'est pas de l'épuiser. Ce n'est pas le boulot du journaliste. On ne fait pas un travail de chercheur. Notre boulot, c'est d'être précis. C’est l’une des choses qui fait qu'on doit choisir l'angle. ‘’L'angle est un outil de précision. C’est ce qui fait la différence entre les papiers et les reportages de tous les journalistes”, clarifie cet ancien collaborateur du journal Le Monde.

Selon M. Ndiaye, “plus une information est précise, plus elle a de chances d'être mieux traitée. Plus un angle est précis, plus il sera mieux traité. La précision est le préalable d'un bon traitement. Et pour être précis, il faut un angle.’’ 

Comment trouver un bon angle ?

Pour trouver un bon angle :

  • Il faut aller lire,
  • Lire ce que les confrères ont écrit,
  • Lire ce qui a été dit et ce qui se dit sur le sujet,
  • Faire une très bonne recherche documentaire,
  • S'imprégner, car c’est très important pour trouver un bon angle,
  • Parler autour de soi,
  • Être curieux, 
  • Être méthodologique,
  • Voir ce qui a déjà été fait comme sujet,
  • Et aussi aller voir ce qui se dit sur les réseaux sociaux.

Après ce préalable, la deuxième phase, c’est se questionner. M. Ndiaye rappelle qu’on fait un métier de questionnement. C’est à partir de ces questionnements qu’on peut trouver un bon angle.

Critères pour reconnaître un bon angle

Quand vous choisissez un bon angle, une des choses qui vous permet de savoir que c’est le bon, c’est de trouver l’histoire pour l’illustrer. Si vous avez un angle et que vous ne trouvez pas de cas pratique, une histoire pour l’illustrer, votre angle n’est pas bon. Si l’angle est bon, insiste le formateur, vous trouvez une histoire pour l’illustrer. 

Dopé d’une vingtaine d'années d'expérience, il est convaincu qu’un bon angle est illustratif et doit se traduire par des faits. Le rédacteur en chef de TV5Monde explique que quand vous vous lancez dans un sujet, que vous ne réussissez pas à aller jusqu’au bout, alors que vous êtes déterminé et que vous travaillez tous les jours, c’est que votre angle n’est pas bon, ‘‘cela veut dire qu’il y a quelque chose qui cloche’’.

La méthodologie d’angle

M. Ndiaye conseille qu'à partir du moment où vous choisissez un angle, il faut toujours prendre le temps soit d’en discuter en conférence de rédaction, soit avec les gens avec lesquels vous travaillez. ‘‘Ce travail vous permet de tester l’angle auprès des collègues qui maîtrisent le sujet. C'est un travail de maturation, de réflexion et de questionnement.’’

Il revient sur la méthodologie pour trouver un angle. Cette méthodologie est très précise, il faut d’abord faire un choix, questionner ce choix, se documenter, arrêter ce choix et puis en parler aux collègues. Chacune de ces étapes est importante.

On peut avoir plusieurs angles

L'angle donne la possibilité de traiter un sujet dans deux éditions différentes, dans deux numéros, dans plusieurs journaux. Donc l'angle, c'est aussi une forme de déclinaison, précise l'ancien chef de rubrique Afrique à Courrier international. En ce sens, rien ne vous interdit de traiter votre sujet sous deux angles différents : de proposer un des angles au journal du jour et le second au journal du lendemain. 

L’originalité d’un angle

Ce n’est pas le sujet qui fait l’originalité. Pour Ousmane Ndiaye, ce qui fait l’originalité, c’est l’histoire et l’angle. L’originalité n’est pas de faire un sujet que personne n’a jamais traité, c’est de trouver un angle qui n’a pas encore été choisi. 

L'originalité n’est pas d’aller dans des endroits où personne n’est jamais allé, mais c’est juste de trouver un regard, une singularité, une histoire qui n’a pas encore été racontée. Et ça, c’est toujours possible, rassure M. Ndiaye. 

Du fait qu'il y a sept milliards d’êtres humains, il y a sept milliards d’histoires possibles, sept milliards d'angles originaux possibles, parce que nous ne vivons pas les faits de la même manière. À chaque sujet, à chaque thématique, son questionnement.

“Lorsque vous traitez un sujet, l’angle vous permet de savoir si le sujet va impacter, que va-t-il devenir. C’est un boulot fastidieux, un travail d’orfèvre. Si votre angle est précis et fort, c’est très difficile de le changer en cours de route’’, résume M. Ndiaye.

 


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