Le 16 mars dernier, la troisième des cinq sessions de formation du programme Empowering the Truth a eu lieu sur le Forum francophone Pamela Howard de l'ICFJ sur les crises mondiales. Le thème du jour : "Des outils pour une écriture innovante et des stratégies pour atteindre une grande audience".
Rappelons que les journalistes participants à ces webinaires pourront postuler pour des bourses, afin de financer leur projet de lutte contre la désinformation.
Kossi Balao, responsable du Forum francophone, a reçu comme formateur Patrick White, professeur de journalisme et responsable du programme en journalisme à l’Université du Québec à Montréal au Canada, fondateur du Huffington Post Québec, auteur de plusieurs livres.
Il a livré aux participants de nombreux conseils.
Bon découpage de l’article, choix du bon réseau social comme canal de distribution et collaboration pour étendre la visibilité des contenus sont quelques astuces permettant d’atteindre une grande audience, de l’avis de Patrick White.
La technologie a évolué avec l’arrivée des réseaux sociaux. "Le journaliste a donc besoin de moyens puissants et efficaces pour atteindre un public plus large et diversifié. (…) La fin des journaux papier est en vue, au profit des supports numériques (site web applications, alertes mobiles, tablettes, etc.)", tranche Patrick White.
Les gens n’ont pas assez de temps, en même temps ils veulent être informés. Cette réalité s’est emparée de tout le monde.
En termes de contenus qu'il juge qualitatifs, Patrick White cite plusieurs exemples à retenir, comme celui de Radio Canada et ses récits numériques très visuels pour les dossiers.
Le fondateur du Huffington Post Québec rappelle aussi : "il faut saisir les opportunités, bien comprendre l’impact de l’intelligence artificielle, mais l’être humain demeure au centre. Il y a beaucoup d’avenir pour le métier de journaliste".
Présentation visuelle de l'article
Suffit-il alors qu’un journal se mette en mode numérique pour être captivant ? Selon le formateur, il faut également penser à la présentation visuelle de l’article pour que le lecteur, qui utilise sa tablette ou son téléphone portable et qui n’a que 10 secondes d'attention à y consacrer, vous lise. Une approche, indique-t-il, déjà exploitée avec succès par le média canadien Urbania. Pour cela, explique-t-il :
- l’article doit être découpé en extraits pas très longs, sous-titrés, pour des téléphones en mode mute (sourdine),
- le contenu doit être accompagné de galeries photos, de vidéos, éventuellement d'extraits audio, de podcasts (balado au Canada),
- il ne faut pas négliger la visualisation de données,
- et enfin, bien penser à intégrer les hyperliens.
Patrick White a également listé de nombreux outils utilisant l'IA permettant d'améliorer le travail des journalistes :
- Sophi.io, pour automatiser le contenu sa homepage,
- Trint et My Good Tape, pour de la transcription écrite à partir d'audio et vidéo (pour Trint),
- Audemic : pour le processus de collecte d'informations et de reportage,
- Eleven Labs, permet de convertir un texte écrit en paroles,
- Pour la veille journalistique : Parse.ly, DataMinr, NewsWhip, Flint, Waverly, Artifact.
- Descript pour supprimer tous les tics audio dans vos interviews ou vos podcasts (les "euh", "ahh")
Développer la collaboration, au sens large
Il faut développer la collaboration entre journalistes et avec les équipes au sens large, explique le journaliste. L'idée est que les reporters, les photographes, les vidéastes, les ingénieurs, les responsables du marketing et de la publicité puissent se retrouver régulièrement, pour que tous puissent travailler main dans la main pour des stratégies d'audience communes et plus d'impact pour les reportages.
Patrick White a rappelé également l'importance des consortiums de journalistes à l'international, comme ICIJ et GIJN.
Photo : Arlington Research, via Unsplash.