Au Togo, ces associations encouragent le journalisme environnemental

May 19, 2022 en Reportage environnemental
Globe, Afrique de l'Ouest

Face aux multiples défis liés à la crise climatique et à la dégradation de l’environnement, les journalistes et médias spécialisés ont un rôle déterminant à jouer ; celui d’informer, de sensibiliser et d’éduquer la population à un changement de comportement. 

Au Togo, la plupart des médias s’intéressent peu aux questions environnementales et les sujets évoquant des questions liées à l’environnement font rarement la une des journaux. Dans ce paysage médiatique, décrit par Reporters sans frontières comme "foisonnant" (234 titres, 94 radios et une dizaine de chaînes de télévision), ils sont peu nombreux à couvrir l'environnement à 100 %. Le journal Planète écologie est un de ceux-là.

Dans la sphère des médias en ligne, Vert Togo, E-PLUS MÉDIAS et ECOCONSCIENCE TV sont les seuls à traiter exclusivement des sujets relatifs à l’environnement et au changement climatique. Dans les programmes des radios, la réalisation et la diffusion des grands reportages ou investigations sur les sujets de l’environnement sont quasi-inexistants. 

À Lomé, la capitale, Pyramide Fm, est une des rares radios à consacrer environ deux heures d’émission par semaine aux sujets exclusivement environnementaux. Ce cliché de la faible couverture des sujets liés à l’environnement met aussi en lumière une faible spécialisation des journalistes. 

"Au Togo, les journalistes spécialistes des questions de l’environnement sont peu nombreux. Très peu de reporters s’intéressent à cette thématique. Les sujets politiques priment et la plupart de ceux qui veulent parler de l’environnement reste dans l’informatif", relève Hervé Adjaho, directeur de publication de E-PLUS MÉDIAS. 

L’autre handicap à la couverture des sujets environnementaux, notamment ceux évoquant la déforestation, la pollution et la gestion des déchets, reste le manque de compétence des journalistes. 

"La thématique de l’environnement est complexe. Les spécialistes veulent traiter avec des journalistes bien outillés, capables par exemple de poser des questions pertinentes. Ne l’ayant malheureusement pas étudié ou ne disposant pas d’informations-clefs, les journalistes traitent souvent mal ou très peu les sujets sur l’environnement", regrette Hector Nammangue, le directeur de publication de Vert Togo.

L’ATJ2E et WEMA, deux associations pour un but 

Le manque de qualification des journalistes traitant des questions environnementales et la faible diffusion des sujets dans les médias togolais a fait naître deux associations. Il s’agit de l’Association Togolaise des Journalistes Engagés pour l’Environnement (ATJ2E), et WEMA (Alliance des Médias pour l’Eau l’Assainissement et l’Environnement)

Depuis leur création, respectivement en 2019 et en 2020, les deux associations mènent des actions pour stimuler les journalistes déjà spécialisés à bien traiter leur sujet, et d’autres confrères à s’intéresser aux sujets environnementaux. Plusieurs formations ont été initiées dans ce sens à l’endroit des journalistes togolais. 

"Le Togo aujourd’hui ploie sous d’innombrables problèmes environnementaux et nous journalistes, avons la responsabilité de sensibiliser, de former et d’informer plus les populations à protéger davantage l’environnement. Pour cette énorme tâche, nous avons besoin de journalistes dotés des connaissances journalistiques et environnementales. C’est pour cela depuis le lancement de nos activités nous organisons des formations, et ateliers pratiques pour renforcer les capacités de nos membres", confie le président de l’ATJ2E, Hector Nammangue. 

Outre la formation, les deux associations mènent des visites et actions de terrain. "Pour susciter plus d’engagement auprès des confrères, nous organisons des activités avec d’autres associations et organisations engagées pour la cause environnementale, notamment des activités de reboisement, d’écojogging et de visite de terrain dans les zones ou localités victimes de catastrophes naturelles ou faisant face à des problèmes environnementaux", précise le leader de l’ATJ2E, qui compte à ce jour une vingtaine de membres. 

Pour plus d’impact, les deux associations ont aussi activé des partenariats avec d’autres organisations de la société civile et les structures de l’Etat. 

"Les journalistes ne peuvent pas à eux seuls bien identifier les sujets environnementaux et définir les angles de traitement impactants. Pour cela, nous avons opté pour des partenariats avec des ONG qui ont de l’expertise mais aussi qui ont des opportunités à nous offrir", confie Kodjo Kiki Tassi, président de WEMA et animateur de l’émission Agenda vert sur Pyramide Fm. 

Par ces partenariats, les journalistes ont facilement accès aux experts. En plus de leurs actions, WEMA et l’ATJ2E animent des émissions sur les radios et télévisions locales où ils évoquent la nécessité que les journalistes soient à l’avant-garde de l’information environnementale. 

Bien que la crise sanitaire actuelle liée au COVID-19 et les défis financiers mettent à mal l’implémentation des actions planifiées, les deux associations ne fléchissent pas devant leur ambition. Mieux, elles restent déterminées à booster le journalisme environnemental au Togo.

Ces deux associations envisagent entre autres une collaboration avec des associations de journalistes d’autres pays, des sorties de terrains, des ateliers de formation, des voyages d’études, et l’organisation d’un concours de meilleur journaliste environnemental au Togo.


Visuel, James Wiseman via Unsplash licence CC