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Paroles d'experts : quelle place pour l'inclusion et la diversité dans le journalisme ?

Dec 15, 2022 发表在 Diversité et inclusion
Des parapluies de toutes les couleurs

Au-delà des questions purement techniques qui restent des défis perpétuels du monde du journalisme en général, les professionnels de l’information de certaines couches sociales parfois moins représentées, sont aussi confrontés à la problématique de la faible côte part dans les entreprises médiatiques.  

On peut aussi, sans une dépense d’énergie conséquente, remarquer des formes de stigmatisation, même dans le traitement de l’information ayant rapport aux personnes en situation de vulnérabilité.

Cette problématique sensible et parfois oubliée, est celle sur laquelle s’est penchée le numéro 107 du webinaire hebdomadaire organisé par le Forum Pamela Howard de l'ICFJ sur le Reportage des Crises Mondiales à l’endroit des journalistes.

Pour tenter d’analyser la place de l’inclusion et de la diversité dans le monde du journalisme, Kossi Balao, directeur du Forum francophone de l'ICFJ, a reçu ce 8 décembre dernier Dorice Djeton Goudou, experte genre et médias, coordonnatrice du programme ‘’Women Journalists for investigation’’, mais aussi ancienne directrice de publication du journal Le Révélateur, ainsi que Eugénie Gadedjisso Tossou, directrice de publication d’Afrikelles Média. 

 

 

Voici ce qu'il faut retenir de leur intervention.

La discrimination, une réalité dans le monde du journalisme

Se basant sur leurs riches expériences respectives, sanctionnées d’ailleurs par des prix, les deux femmes journalistes s’accordent sur le fait que la discrimination, notamment celle ayant pour cible les femmes, est un fait.

Des préjugés, aux manières déplacées des personnes ressources lors des interviews, en passant la pression dans les interactions avec les collègues, et la liste n’est pas exhaustive, le phénomène est présent.

La réalité partagée de plusieurs rédactions est le très large écart entre l’effectif des femmes et celui des hommes. Le média d’Eugenie Gadedjisso Tossou n’est pas une exception, car déclare-t-elle, "à la rédaction, nous sommes deux femmes sur la dizaine de personnes (y travaillant)".

Les questions de harcèlement, de précarité, les conditions de travail très peu flexibles expliquent aussi la parfois faible et brève présence des femmes dans le monde du journalisme.

Cultiver la résilience

S’il est vrai que le fléau de la stigmatisation, parce qu’il faut l’appeler ainsi, doit être combattu, il n’inhibe pas pour autant l’ardeur et la détermination des femmes par exemple. Pour Dorice Jeton Goudou, qui "n’en fait pas des situations de découragement", il faut recadrer les interactions dans le cadre professionnel.

Au-delà des propos touchants et qui tendent à susciter du découragement, il est important de garder la tête haute.

Dédier une rubrique spéciale

Le traitement des sujets ayant trait aux personnes marginalisées est un levier pour assurer plus de diversité et d’inclusion. Ainsi, dans les médias, selon Dorice Goudou, il est nécessaire non seulement d'installer "systématiquement une rubrique dédiée à ces questions", mais aussi d’y mettre des journalistes qui s’y consacrent.

Cultiver la réticence face aux inégalités

L'ancrage de la réticence face aux inégalités est fondamentale pour plus d’inclusion. L’ancienne directrice de la publication du journal Le Révélateur pense qu’il faut adapter les analyses des problématiques au prisme des inégalités.

Quel que soit le sujet à traiter, ce regard au prisme des inégalités permet de toujours identifier un aspect touchant aux couches de la population en situation de vulnérabilité.

Miser sur du journalisme collaboratif

Il faudrait unir les forces en tant que journalistes de différents horizons, à travers le journalisme collaboratif. Les réalités n’étant pas les mêmes, des collaborations de ce type pourront permettre d’obtenir une diversité, mais aussi d’attirer l’attention des politiques publiques.

Consacrer des financements aux questions touchant aux personnes en situation de vulnérabilité

Pour mieux positionner les sujets parfois oubliés et permettre plus d’inclusion, il faut que les pouvoirs publics et autres organisations mettent du financement à disposition pour ces questions, afin d’appuyer les médias intéressés par celles-ci. Et cela, les organisations faîtières peuvent y contribuer en utilisant leur crédibilité.

En ce qui concerne les journalistes en situation de handicap, "les médias devraient adopter des politiques visant à prévoir des locaux avec des spécificités pour permettre aux journalistes dans ce genre de circonstance, de pouvoir venir et travailler tout en s’épanouissant", explique Dorice Djeton Goudou.

En tant que personne, source, s'ouvrir aux médias

La volonté des journalistes et des médias de traiter les problématiques liées aux personnes marginalisées aurait du sens si les concernées avaient plus de prédisposition à s’exprimer. Il faut alors que ces personnes s’ouvrent davantage aux médias, parce qu’aujourd’hui, constate Eugénie Gadedjisso Tossou, les femmes, ainsi que les personnes en situation de handicap, par exemple, éprouvent souvent de la difficulté à interagir avec les médias.

Sensibiliser les populations

Il s’agit de faire comprendre aux populations que la diversité est la base d’un monde riche. La société africaine conservatrice, a du mal à accepter certaines pratiques et cela alimente la réticence des professionnels de l’information vis-à-vis de certains sujets, a fait remarquer Eugénie Gadedjisso Tossou. Cependant, il faudrait que les uns et les autres aient une culture plus accentuée de l’acceptation de la différence.


Photo : Olivier Piquer, via Unsplash