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Le journalisme de solutions : comment et pourquoi s'y mettre ?

May 7, 2021 发表在 Sujets spécialisés
Des ampoules se reflètent

Qualifié tantôt de journalisme de réponse, d'impact ou de journalisme constructif, le journalisme de solutions et ses approches représentent une méthode de journalisme qui analyse une situation et ses problématiques.

Comment s’y mettre, en quoi consiste t-il véritablement ? Quels sont les canaux et les règles de ce style de journalisme ? Des questions qui ont trouvé des réponses lors du webinaire du 30 avril dernier initié par le Forum de reportage sur la crise sanitaire mondiale.

Le journalisme de solutions se développe de plus en plus dans les rédactions. Il devient de plus en plus la méthode appropriée pour rendre compte des problèmes voire apporter des éléments de réponses. Le journalisme de solutions s’adapte à tous types de sujets.

 

 

Pauline Amiel a animé cette formation. Elle est la directrice adjointe de l’école de Journalisme et de communication d’Aix-Marseille. Responsable du Master journalisme, chercheuse à l’IMSIC. Elle est l'auteure du livre intitulé Le journalisme de solutions, paru aux Presses Universitaires de Grenoble.

La spécialiste du journalisme de solutions a expliqué que de plus en plus de journalistes optent aujoud'hui pour cette méthode. Loin de la communication, faire du journalisme de solutions, c’est en un sens éviter de toujours peindre les choses en noir.

Selon elle, depuis quelques années, les utilisateurs de cette méthode se rendent compte que celle-ci permet de plus en plus de recréer des liens en partie avec les publics et surtout propose une autre forme de journalisme qui redonne goût à l’actualité.

Pour information, le Solutions Journalism Network a commandé une étude qui montre que dans plusieurs cas, le public préfère un article utilisant le journalisme de solutions à une publication dite traditionnelle.

Qu’est ce que le journalisme de solutions ?

Pauline Amiel nous informe que le journalisme de solutions découvert dans les années 90 est un concept professionnel créé par des journalistes aux Etats-Unis. Il se base sur la rigueur et les techniques de l’investigation et a pour objectif de poser des solutions potentielles pour résoudre des problèmes de société présentés.

Peut-être peut-on le qualifier de journalisme positif puisqu’il tourne généralement autour du triptyque : rigueur, enquête, propositions de solutions. Mais il faut préciser qu’il ne s’agit pas ici de faire du positivisme gratuit, mais de proposer un rééquilibrage de l’actualité.

Un journalisme qui se réconcilie avec son public

Les journalistes ont besoin de se réconcilier avec leur public. Cette nouvelle approche médiatique est donc née de cette défiance grandissante du public envers les médias, d’où le fait de faire revenir celui-ci à l’actualité, la bonne, la sensible, qui fait s’interroger le lecteur.

En somme, faire paraître aux yeux du monde des initiatives qui apportent réellement des éléments de réponses à des problèmes, des difficultés qui se posent à des individus, aux communautés et dans la société.  

[Lire aussi : Comment créer plus d'engagement et promouvoir le journalisme de solutions]

Problèmes, solutions

La rédaction du journal le Seattles Times a developpé il y a quelques années le concept "Education lab". Une cellule pour traiter spécifiquement des questions d’éducation, grâce aux journalisme de solutions. Au préalable, ces journalistes n’étaient pas satisfaits de leur façon de traiter l’éducation, ils ont donc decidé de changer l’angle de traitement de ce sujet.

Des communautés ont été créées autour des différents sujets éducatifs, et grâce à ce nouveau traitement de l’information les pouvoirs politiques avaient changé leur point de vue et leur regard sur ce thème.

En huit ans, ces journalistes ont amélioré le traitement informatif sur l’éducation. L’impact autour de la communauté éducative s’est fait ressentir. Les pouvoirs publics et les politiques se sont réappropriés la question. Grâce à cette inititiative, une grande fondation a financé le projet "Education lab".

Financièrement, l’entreprise s’est y retrouvée. On peut donc conclure que les bases de travail d’un bon reportage en pratiquant le journalisme de solutions se résument à :

  • Identifier le problème de société,
  • Se poser la question de savoir quels aspects ne sont pas pris en compte dans le débat public,
  • Y a t-il des solutions dignes dédiées à ce débat,
  • Evaluer la solution,
  • Faire le travail "classique" du journaliste,
  • Mettre sur papier à la fois la description du problème de société, de la solution et de ses limites. 
  • Au final, faire connaître son travail. 

Il faut signaler ici qu'il y a beaucoup de journalistes qui pratiquent le journalisme de solutions sans mettre le mot dessus. Par contre, il faut retenir que la pratique du journalisme de solutions est assez récente.

Elle prend de l’ampleur depuis une quinzaine d’années, ce qui représente peu de temps en journalisme. Il y a également certains détails à savoir pour pratiquer le journalisme de solutions : 

  • Il ne fait pas l’apologie d’une initiative,
  • Il ne s’apparente pas à de la publicité ou de la communication,
  • Il est loin du journalisme naïf et théoriquement, il n’est pas engagé ou encore militant. Il est souhaitable d'essayer d’être toujours neutre, de ne pas dépeindre un portrait élogieux d’une personne.

Evaluer les solutions

En matière de journalisme de solutions, on peut se poser quelques questions qui nous permettent d’évaluer la solution.

  • Le sujet a t-il fait ses preuves ?
  • Dans quelles mesures fonctionne  t-il ?
  • L’initiative choisie existerait-elle sans son créateur ?
  • A t-elle un impact sur l’environnement ?
  • Sur quels critères se basent les chiffres de réussite récupérés ?
  • Quelles populations sont touchées par cette initiative ?

Voilà les questions à se poser pour traiter ou évaluer les solutions.


L'une des questions soulevée par les participants a été : est-ce que le journalisme de solutions rapporte de l’argent aux médias ?

Une étude américaine montre que le journalisme de solutions attire les lecteurs, ils sont plus attentifs, prêts à financer ou s’abonner aux médias qui le pratiquent, oui on peut dire que cette méthode du journalisme peut à la longue rapporter de l'argent aux médias qui s’y investissent. Ce style de journalisme très prisé aujourd'hui peut être un moyen d’attirer plus d’audience et pourquoi pas des financements.


Edithe Valerie Nguekam est journaliste reporter. Elle a travaillé pour plusieurs de médias de presse écrite au Cameroun et est actuellement basée en Côte d'Ivoire, où elle est représentante du magazine Objectif.

Photo Dragos Gontariu, pour Unsplash, licence CC

Pour plus d'informations sur le journalisme de solutions, connectez-vous au site internet du Solutions Journalism Network. Sur Youtube, retrouvez le webinaire de Nina Fasciaux, la représentante en Europe du SJN.