En RDC, femmes et hommes font la promotion du genre dans les médias

Oct 2, 2020 em Sujets spécialisés
Un arbre à Kinshasa

Pour faire la promotion du genre dans les médias ou celle de l’égalité des sexes comme le recommande l’objectif 5 des ODD (Objectifs de développement durables) des Nations Unies, les femmes des médias en République démocratique du Congo (RDC) ne sont plus seules dans la lutte. Leurs partenaires hommes s’impliquent également. Une synergie qui porte déjà ses fruits dans plusieurs types de médias.

La Radio-télévision nationale congolaise (RTNC) station de Kikwit, province du Kwilu dans le sud-ouest du pays est dirigée par une femme, Hélène Sanduku. Celle-ci est secondée par un homme, Joseph Parfait Kipulu, comme directeur des programmes. Le genre est pris en compte selon la logique de 50-50 à ce poste de direction. 

"C’est avec assiduité que je participe à la défense et à la promotion de l’égalité des sexes, notamment dans les reportages que je réalise", témoigne Kipulu.

A Kinshasa la capitale, la même logique de 50-50 est visible à la rédaction de Mediacongo.net , l'un des médias en ligne en RDC. Ici, le rédacteur en chef est un homme, Arnaud Mangala. Il est secondé par une femme, Bell Amie. Les deux journalistes travaillent ensemble. 

Paulette Ntakara, elle, à Kisangani, province de la Tshopo dans l’Est, se réjouit du fait que ce soit un homme qui l’ait soutenu. Ainsi, elle présente un ‘’journal parlé’’ dans une radio : "N’eût-t-été les efforts de papa Claude Munkayita, l'un des anciens journalistes qui avait travaillé dans plus de trois radios dans l’est du pays, je n’allais pas maîtriser cet exercice".

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De son côté, Romain Masila, journaliste basé à Kananga au centre du pays ne croise pas les bras : "Pour participer à cette promotion, j’anime une émission concernant les droits humains, y compris le genre. Lorsqu’il y a deux invités, je reçois une femme et un homme", déclare-t-il. 

Idi Lisaka de la Radio communautaire message de l’Islam à l’ouest de la RDC fait de même : "Lorsque je descends sur le terrain, je prends soin d’interroger les hommes et les femmes de façon équitable", indique-t-il. 

La lutte se fait également à travers des plaidoyers. "Des confrères hommes nous ont accompagnées cette  année lors des séances de plaidoyers pour la promotion des femmes journalistes dans des entreprises de presse dans la province du Kwilu. Le résultat est que madame Thérèse Sakata est promue chef de bureau de l’ACP (Agence congolaise de presse) pour la ville de Bandundu dans le sud-ouest de la RDC", affirme Chantal Kindundu, journaliste et directrice de l’Union congolaise des femmes des medias (UCOFEM), l'une des structures qui assure la promotion du genre dans trois provinces (Kwilu, Kwango et Maï-Ndombe).  

Nana Bungu, journaliste dans la province du Kongo central dans l’ouest du pays collabore bien avec les partenaires hommes et précise : "nous couvrons des événements de la même façon que les hommes". 

La synergie entre les hommes et les femmes des médias en RDC se réalise dans un contexte d’une jeune démocratie qui mérite d’être consolidée. Ce travail suit la logique de la ‘’Politique nationale du genre’’ définie par le gouvernement congolais depuis plusieurs années. 

En 2015, le pays avait reçu le deuxième prix du Concours "Gender Links’’ de l’Afrique du sud suite aux efforts conjugués dans la promotion du genre dans les médias et la lutte contre les violences basées sur le genre.

"La Politique nationale Genre a pour finalité de contribuer à la réalisation de l’équité de genre et de l’égal accès des hommes et des femmes, des garçons et des filles aux ressources de la société", indique le document intitulé ‘’Politique nationale Genre et Plan d’action’’.

Des formations sur le genre dans les médias de RDC

L'un des modules de formation de l’UCOFEM (Union congolaise des femmes des médias) révèle : "Si on explore plus à fond les caractéristiques des femmes qui travaillent dans les médias, on observe que les chiffres favorables qu’on vient d’apprécier cachent quelques désavantages. A la télévision elles apparaissent en majorité (59 %) parmi les présentateurs des journaux. Une position où l’image et l’aspect physique jouent un rôle important. Elles se retrouvent à 41 % dans les postes de journalistes/Correspondant(e)s/Analystes/Envoyé(e)s basés davantage sur l’expérience et la compétence journalistiques". 

Depuis quelques années l’UCOFEM organise une série de formations à l’intention des femmes et des hommes des médias dans plusieurs provinces de la RDC. Cette structure parle de ‘’Médias sensibles au genre’’. Des matières développées gravitent autour de ‘’Genre et contenus médiatiques’’ ; ‘’Genre dans les organes de presse’’ ; ‘’Genre, éducation et formation’’ ; ‘’Généralités sur le genre’’ et ‘’Médias sensibles au genre’’. 

Les efforts conjugués vont également dans le sens de l’objectif 5 des ODD qui stipule : "parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles". 

L’article 14 de la Constitution de la RDC renchérit : "La femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales. L'Etat garantit la mise en œuvre de la parité homme-femme dans lesdites institutions. La loi fixe les modalités d'application de ces droits."


Badylon Kawanda est journaliste, rédacteur en chef de la radio diocésaine Tomisa à Kikwit, en République démocratique du Congo ; Il est également depuis 1995 directeur du Centre culturel Mwinda.


 Photo d'illustration sous licence CC Madeleine MBuyu via Unsplash