Le leadership féminin se développe dans les médias en RDC

2 juil 2020 dans Sujets spécialisés
Des femmes en haut d'une montagne

Actions à impacts visibles, engagement, intelligence d’influencer, esprit d’initiative et d’organisation, capacités de diriger et d’orienter, vigueur de persuasion… Autant de stratégies et qualités dont sont dotées les femmes journalistes en République démocratique du Congo (RDC), en Afrique centrale. Elles développent leur leadership dans les médias. Certaines d’entre elles ont créé des journaux en ligne, des magazines, occupent des postes de direction, ou chapeautent des desks.

Assise dans son bureau, Gandie Molisho est actuellement directrice de la Radio Sangomalamu, l'une des radios communautaires et associatives basée à Kikwit, ville économico-politique de la province du Kwilu dans le sud-ouest de la RDC.

Elle planifie des activités hebdomadaires, donne des orientations à plus de 10 agents qu’elle gère et assure le contrôle du travail.

"Avant d’occuper ce poste, j’avais commencé comme chantre à la radio en 2002, puis j'ai été recrutée comme réceptionniste la même année. Attirée par le métier de journaliste, j’ai appris à monter des sons en studio. Je me suis engagée entièrement et j’ai développé, petit à petit  le courage, l’esprit d’initiative...La formation a suivi. Les résultats de mes travaux ont persuadé ma hiérarchie. C’est pourquoi, après deux ans d’intérim comme directrice, cette hiérarchie, en 2013, m’a confirmée directrice de cette radio", témoigne-t-elle.  

Elle affirme qu’elle n’a jamais été complexée devant les hommes des médias et projette de mettre en place plusieurs autres initiatives pour le développement de cette radio dont le bâtiment a été construit grâce à ses efforts.

"[...] Les difficultés ne me décourageaient pas du tout"

Même cas dans la même ville où Espérance Nzila, une autre femme leader, est directrice des programmes à la Radio-télévision La Voix de l’aigle, un média confessionnel et communautaire.

Elle déclare avoir aborcé ce métier en 2011 comme animatrice de l’émission ‘’Thérapeutique musicale’’, une tranche réservée aux musiciens religieux.

"Après cette émission, je suis devenue opératrice de prise de sons et j’agissais en toute responsabilité. J’ai appliqué la stratégie de compétence et de concentration, malgré les difficultés, qui ne me décourageaient pas du tout", indique-t-elle à IJNet.  

De son côté, Maguy Mbuku évolue à Kinshasa, la capitale de la RDC. Elle a créé il y a plus de deux ans un média en ligne, baptisé pouelle.info, dont la ligne éditoriale est consacrée à l’actualité et au développement des femmes en RDC et partout dans le monde.

"C’est depuis 2005 que j’ai commencé à travailler comme journaliste professionnelle à la RTAE, la chaîne chrétienne du pasteur Sony Kafuta pendant une année. Puis j'ai intégré Mirador TV comme reporter", raconte-telle.

"En 2007 j’ai été engagé à la RTGA (Radio-télévision groupe l’avenir) jusqu’en 2017 comme reporter, présentatrice du journal télévisé et animatrice de l’émission ‘’Femina’’ consacrée aux femmes. C’est ce qui m’a poussée à créer le premier média en ligne consacré aux femmes", affirme-t-elle après avoir mis en application des stratégies mêlant passion, détermination, créativité et autodiscipline.

Une structure qui promeut les droits des femmes à travers les médias

Anna Mayimona est également à Kinshasa. Grâce à son leadership, elle a créé, en 1997,  L'Union congolaise des femmes des médias (UCOFEM), une structure qui assure la protection, la promotion et la défense des droits des femmes à travers les médias.

Mêmement avec Christine Ekambo qui a créé journaldesnations.net pour les actualités du pays et dans le monde.

A Lubumbashi, province du Haut Katanga, dans le sud-est du pays, c’est Godelive Nyemba qui, en 2016, a été à l'origine de La Guardia, un magazine d’actualités.

Molisho, Nzila, Mbuku…sont parmi les femmes journalistes en RDC qui ont réalisé un parcours des combattantes pour atteindre un véritable leadership. Elles évoluent dans un contexte caractérisé par un environnement médiatique très politique. Depuis le déclenchement du processus de la démocratisation en 1990, ce secteur a pris de l’envol.

A ce jour, le pays compte plus de 80 chaînes de télévision dont la majorité est concentrée à Kinshasa. Environ 270 radios, pour la plupart communautaires, ainsi qu’une centaine de journaux dont une vingtaine paraissent en ligne.

"Nous encourageons et accompagnons les femmes journalistes [...]"

Selon une récente étude publiée par l’UCOFEM consacrée à l’image de la femme dans les médias en RDC, le leadership féminin dans les médias est de 17 % dans le pays.

Cette structure s’emploie depuis quelques années à organiser des séances de formation et des plaidoyers pour la promotion du genre dans les médias.

Dans un document intitulé ‘’Leader, avez-vous ce qu’il faut’’, John C. Maxwell, reconnu comme l’expert américain du leadership, note : "Une part importante du développement de tout leader provient de l’apprentissage des lois de leadership, car ce sont là les atouts qui enseignent les bases du fonctionnement de leadership".

"Nous encourageons et accompagnons les femmes journalistes qui développent ces atouts même s'il y a encore beaucoup à faire. Elles sont dans leurs droits reconnus par plusieurs instruments tant nationaux qu’internationaux", déclare Laurent Bwenia, un des activistes des droits humains au pays.


Badylon Kawanda est journaliste, rédacteur en chef de la radio diocésaine Tomisa à Kikwit, en République démocratique du Congo ; Il est également depuis 1995 directeur du Centre culturel Mwinda.


Photo sous licence CC : Karl Magnuson via Unsplash