TogoCheck combat la désinformation liée au genre sur Internet et hors ligne grâce à #Naka 

6 juin 2024 dans Lutte contre la désinformation
Un homme et une femme regardent leur téléphone

Les fausses informations liées au genre envahissent les plateformes numériques, réseaux sociaux mais aussi (malheureusement) les médias traditionnels, et s’invitent même dans des cadres de discussions formelles. Et le phénomène va grandissant, que ce soit au Togo, tout comme dans d’autres pays, malgré les efforts de lutte contre les fausses informations ou fake news en général. 

La désinformation genrée semble gagner du terrain

"Les fausses informations se propagent rapidement et les propos sexistes ou la désinformation sur le genre commence à gagner du terrain. Nous avons remarqué que beaucoup de femmes par leurs positions politiques sociales ou culturelles, leurs professions, leur conception du rôle de la femme, sont souvent victimes de propos sexistes ou de harcèlement en ligne," confie Sika Gnagniko-Bossou coordinatrice du média de vérification des faits Togocheck

Une désinformation genrée, précise-t-elle, est toute information fausse destinée à causer du tort et basée sur des récits sexistes qui perpétuent les stéréotypes de genre et les rôles dans la société. 

Ces fausses informations sont disséminées pour tromper, nuire ou manipuler, et consistent souvent à la diffusion de contenus qui propagent des stéréotypes négatifs sur les rôles et les capacités des femmes. Elles portent souvent sur la diffamation des défenseurs de l’égalité des sexes, la diffusion d'images à caractère sexuel truquées ou trafiquées, les rumeurs infondées ou des accusations mensongères dénigrant le caractère d’une femme. 

#Naka contre les fake news genrées 

Face à ce regain de fausses informations, Togocheck, un média de vérification des faits, indépendant, non partisan et autonome, basé à Lomé au Togo, en partenariat avec Africa Women Journalism Project (AWJP) a lancé en 2023, #Naka, un bot de messagerie Facebook dédié au suivi et à la vérification des contenus de désinformation basés sur le genre au Togo. 

Cette initiative qui s’intègre au projet "Tendances de la désinformation genrée dans les élections," vise à surmonter les obstacles à la participation des femmes aux processus électoraux et à lutter contre la désinformation genrée en ligne et hors ligne. 

"Naka est un outil innovant qui permet aux citoyens de soumettre des informations qu’ils soupçonnent d’être nuisibles ou trompeuses en politique, en leadership ou dans la communauté en général, et qui a trait au genre," précise, Noël Kokou Tadegnon, journaliste et co-fondateur de Togocheck. 

Ainsi, grâce à ce bot, l’équipe de Togocheck parvient à tracker les fausses informations basées sur le genre. 

"Naka, accompagné d’une équipe de journalistes et de vérificateurs de faits de l’équipe TogoCheck, est capable de recevoir des informations des citoyens sous forme de texte, d’audio et de vidéo, qu’il analyse ensuite, classe et vérifie pour générer des rapports qui nous aident à comprendre et à réduire ces récits nuisibles qui menacent la participation démocratique de chacun," précise Sika Gnagniko-Bossou. 

Pour accéder à Naka et soumettre une requête de vérification de faits ou pour partager une fausse information à vérifier, Togocheck a mis en place une messagerie Facebook, en plus de la possibilité de contacter l’équipe de vérification de fait via WhatsApp, le réseau social le plus accessible dans le pays. 

Eveiller toutes les couches sociales malgré des difficultés 

Pour vérifier les faits, ce média allie méthode, outils et plusieurs autres approches. "Togocheck s’est assigné comme mission de débusquer des fake news et de les placer si possible dans leurs contextes. Ce sont des principes de base, une méthode, des outils, mais aussi du bon sens et beaucoup de prudence," confie les premiers responsables de Togocheck. 

Elle vise à travers son initiative, au-delà de démonter les fake news, de faire prendre conscience à la population même rurale, de l’enjeu de la désinformation surtout genrée. 

"Nous espérons à travers notre mission de sensibilisation et d’éducation aux médias et à l’information, toucher toutes les couches sociales dans notre pays pour que chacun puisse cerner les enjeux de la diffusion des fausses informations," explique la manager de Togocheck. 

Dans cette perspective, ce média de vérification des faits met à contribution les médias accessibles dans les milieux ruraux et propose une diffusion des résultats de vérification des faits en langues locales. 

"Les partenariats avec des radios rurales dans les cinq régions du Togo pour la diffusion de nos productions en langues locales est déjà un pas et nous espérons faire plus. Ces médias locaux en plus des réseaux sociaux sont les canaux que nous utilisons pour diffuser les vrais faits et informations liés au genre à la population," confie Noël Kokou Tadegnon. 

Dans son initiative de démasquer les fausses informations liées au genre, Togocheck fait face à une difficulté récurrente. 

"L’accès aux sources rend parfois le travail difficile. La vérification des faits exige qu'on fasse intervenir des sources dans notre démarche de vérification. Il est parfois difficile d’avoir accès à des sources qui acceptent d’être citées. Mais cela ne nous décourage pas," confie Carole Viagbo, rédactrice et fact-checkeuse à Togocheck. 

 


Photo de Gnim Zabdiel Mignake sur Unsplash