Quatre tendances du journalisme en 2023

10 févr 2023 dans Bases du journalisme
Un groupe de personnes travaille sur leur ordinateur

Avec l’avènement du numérique, le journalisme a beaucoup évolué et a connu des bouleversements. En cette année 2023, le secteur doit encore se préparer à affronter d’autres tendances, perspectives et prédictions. 

Ces tendances qui se situent soit au niveau professionnel, individuel, du contenu ou de la technologie et de l’économie, ont fait l’objet du webinaire 109 du mardi 31 janvier du Forum Pamela Howard de l'ICFJ sur le Reportage des Crises Mondiales

Le panéliste invité pour ce webinaire est Cyrille Frank, directeur de formation et de la transformation numérique chez CosaVostra et formateur pour de nombreux médias. Il a commencé son intervention en souhaitant que la presse en cette année 2023 soit "plus indépendante, florissante, diversifiée, pluraliste, vive, créative… Une presse en bonne santé". 

 

 

Voici ce qu'il faut retenir de ce webinaire.

L'urgence d'une prise en compte des sujets liés au climat

C'est vital, à la fois pour les citoyens, l’ensemble des habitants, ainsi que pour les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs. "Cela veut dire qu’il y a une intégration de plus en plus forte de cette 'contrainte' dans les lignes éditoriales des journaux, magazines… ", indique Cyrille Frank. 

Ces sujets autour des questions climatiques et environnementales ne seront plus cantonnés dans une seule rubrique. Les médias doivent aller vers l’intégration horizontale de ces thématiques :

"Le journaliste doit être capable de proposer et d’aller chercher des initiatives qui traitent à la fois de l’économie et de l’écologie, car il est parfois difficile de vouloir séparer les deux domaines". 

Les journalistes doivent monter en compétence 

Dans cette perspective, les journalistes ont besoin de monter en compétence et le niveau de qualité doit aussi augmenter. "Il faudra qu’ils se forment d’une manière ou d’une autre. Ça peut être au travers de webinaires, des séminaires, des formations…". 

Cela permet de comprendre ce qui est de l’ordre du fantasme ou de l’erreur, ce qui est possible de faire, les risques avérés, ce qui est certain et dont on peut douter, là où il y a une montée en compétence nécessaire sur le plan scientifique. "C’est un besoin de mieux comprendre comment fonctionne la science, comment on établit aujourd’hui la preuve sanitaire, les risques climatiques, les risques environnementaux, comment on trouve des solutions aussi et ne pas désespérer les citoyens". 

On voit par exemple en France émerger des initiatives dans ce sens, notamment la Charte du journalisme à la hauteur de l’urgence climatique, développée par un groupement des journalistes pour mieux traiter des sujets liés à cette thématique.

L’intégration de l’intelligence artificielle 

L’autre tendance à retenir, c’est l’avènement de l’intelligence artificielle ou le Machine Learning, qui va avoir un impact sur la production des contenus et sur les revenus des médias. Par exemple, ChatGPT, qui pourrait être utilisé pour automatiser la production des contenus. "Il permettrait de faire des économies sur certains postes, notamment celui de desk et de synthèse qui n’apportent pas trop de valeur ajoutée sur le fond de l’information." 

Il y a aussi risque de duplication, de réplication et de redondance qui peut renforcer une forme de vide et de tautologie. "On a encore plus besoin de sincérité, d’authenticité et de vérification à mesure que ces outils vont produire des contenus à faible valeur ajoutée", explique Cyrille Frank. 

Sur le plan des revenus des médias, il faut privilégier des modèles économiques qui combinent à la fois la publicité, des abonnements, des revenus additionnels avec le e-commerce, le "membership" ou le financement citoyen et participatif...

"La diversification en amont des revenus des médias met fin à l’utopie de l’abonnement comme seule et unique voie de financement de l’information."

Essoufflement des médias sociaux généralistes 

Pour étendre leurs couvertures, les médias recourent davantage aux réseaux sociaux. Ils permettent d’aller chercher le lecteur dans ses pratiques, dans sa communauté, à l’aide des conversations et autres publications. Mais, la tendance est à la baisse en termes d’interactions, surtout sur les réseaux sociaux généralistes comme Facebook.

"Les conversations se déplacent de plus en plus vers des supports plus interpersonnels, comme les messageries WhatsApp, Messenger". 

Ainsi, les médias ont l’opportunité de créer de l’espace au sein de leurs rédactions pour répondre à ce besoin de conversation. "C’est le cœur de la machine. L’information, le news, c’est le carburant social qui aide les gens à se relier entre eux". 


Photo : Sigmund via Unsplash