Comment construire votre plan de carrière en journalisme ? Tel était le thème du webinaire 121, initié par le Forum Pamela Howard sur les crises mondiales du Centre International pour les journalistes ( ICJF) basé à Washington. Au cours de ce webinaire, deux journalistes émérites au parcours inspirant ont été conviés pour édifier les participants et partager leurs expériences de plan de carrière en journalisme, en proposant des idées et conseils sur comment construire une carrière solide dans le journalisme.
La profession de journaliste fait toujours autant rêver, à en croire les chiffres des candidatures aux écoles de journalisme, même si la carrière d’un journaliste ne dure en moyenne que 15 ans, selon le le sociologue des médias Jean-Marie Charon.
De plus en plus, les jeunes journalistes se sentent désabusés, épuisés, déçus.
Voici les éléments-clefs à retenir de ce webinaire.
Comment imprimer sa marque dans la profession ?
Stéphane Benoit-Godet, journaliste à Genève, exerce la profession depuis une trentaine d'années. Ancien rédacteur en chef du Temps, de L’Illustré et du magazine économique Bilan, il a fait partie du panel invité par le directeur du forum, Kossi Balao, pour ce webinaire. Il explique :
"Il n’est jamais trop tard pour construire une carrière en journalisme, et il est important de se lancer en journalisme en ayant de l’ambition de progresser dans le métier."
"Quand j’arrive dans une rédaction, je fais en sorte que l’équipe en place apprenne des choses en produisant de bons articles, et en faisant de bonnes recherches. Le but étant la formation continue tout en faisant le job. Il n’est pas bon en tant que rédacteur en chef d’arriver dans une équipe et d’y repartir sans laisser un héritage solide", poursuit Benoit Godet.
Le second invité à ce webinaire était Ousmane Dambadji, directeur de publication du journal l’Union au Niger, et président du Réseau ouest africain des journalistes pour l'eau, l'hygiène et l'assainissement. Selon lui, une carrière réussie en journalisme peut se définir en plusieurs points :
- Savoir pourquoi on veut être journaliste (conviction personnelle),
- Comprendre l’environnement dans lequel on exerce son métier (qu’est ce que j’apporte à la société dans laquelle j’exerce mon métier),
- Définir l’environnement où l'on exerce son métier : est-t-il propice ?
- Connaître la santé économique du secteur (économie des médias),
- Rechercher des opportunités : formations, séminaires, voyages pour conférences.
Ousmane Dambadji, souligne que "[...] nos institutions, pour communiquer, préfèrent les médias internationaux au détriment des locaux. Et le plus difficile, c'est la protection sociale. Tout ceci amène les professionnels du secteur jeunes comme anciens à se décourager".
Quelques difficultés et beaucoup de passion
Pourquoi faire ce métier ? Quelles sont les curiosités qui pousseraient un jeune à choisir cette profession ?
Se sont autant de questions qu’il faut se poser dès lors que l’on envisage d'embrasser la carrière de journaliste, explique Stéphane Benoît Godet.
"Il y a vraiment matière à se poser des questions. Cela ne doit pas être une envie superficielle. Il faut savoir ce que l’on veut apporter dans l’exercice du métier. Qu’est ce qu’on veut changer. Quelle spécialité embrasser ; faire du journalisme culturel, politique, de solutions, sportif...On a besoin de toutes ces visions du monde qui se croisent au départ de la profession."
Il poursuit : "Après, le 'comment' s’invite, comme la formation, et les aides au développement personnel. La gestion du progrès s’invite également, parce que certains journalistes ont du mal à travailler en équipe, surtout ceux de la presse écrite, d’où l’importance aujourd’hui de faire du transmédia. Travailler avec des personnes différentes au sein d’une structure, ce qui est souvent très rare".
Le directeur de publication du journal l’Union du Niger reste sceptique sur le paysage médiatique forme africaine et forme occidentale. Pour lui, ce n’est pas la même réalité. "Les journalistes du continent ont du boulot au-delà de la simple collecte, du traitement et de la diffusion de l’information. Ils doivent y associer du développement, étant dans un espace où tout est en chantier. Aujourd'hui en Afrique, un journaliste doit en même temps être journaliste d’investigation et de développement".
Comment gérer les progrès ?
Il est important de gérer les progrès selon Benoit-Godet. "Les jeunes cadres dans les rédactions ne sont plus attirés par les postes à responsabilité par rapport à l’ancienne génération. [...] Beaucoup pensent à se reconvertir, et c’est également le moment de s’interroger sur la nature de la reconversion. À notre niveau nous demandons aux jeunes journalistes de monter des projets, ce qui est un levier à actionner."
Ousmane Dambadji pense plutôt que le profil-type d’un bon journaliste doit évoluer. Il doit se former, être passionné, se spécialiser afin d’exceller dans sa thématique. "Le métier de journaliste est un beau métier, il faut aider les jeunes à faire un choix stratégique pour leur orientation, leur trouver des opportunités qui peuvent faire décoller leur carrière."
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