Paroles d’experts : utilisez les bons outils pour vous informer sur le COVID-19

par Emmanuel Akakpo
2 sept 2020 dans Couvrir le COVID-19
Un téléphone

Chaque semaine, dans le cadre du Forum de reportage sur la crise sanitaire mondiale, un webinaire est organisé, avec l'aide de plusieurs experts. 

Aujourd’hui, nous voyons une prolifération d’outils favorables à la communication. Parmi ceux-ci, les plus usuels sont Whatsapp, Facebook, Twitter, Instagram, etc. Malheureusement, l’usage éthique de ces outils fait défaut, ce qui nécessite une forte responsabilité et un accompagnement, afin de participer beaucoup plus à une conscience universelle, tant chez les utilisateurs, que chez les journalistes qui sont en quête d'informations, surtout en cette période de crise sanitaire.

Comment y arriver ? Malick Faye et Nastasia Beauséjour, lors d’un webinaire en français organisé le jeudi 27 août par le Forum de reportage sur la crise sanitaire mondiale, conduit par son directeur Kossi Elom Balao, ont chacun donné certaines réponses. Le thème qui faisait objet des discussions était : "Quels sont les meilleurs outils pour s’informer sur le COVID-19? "

Malick Faye est un expert en système d’information. Il est gestionnaire de projet multimédia et marketing digital. Avec 12 ans d’expérience dans le domaine des technologies de l’information et en management des solutions informatiques, il accompagne également les grandes entreprises notamment dans les secteurs public et privé et les organisations non gouvernementales dans le déploiement des projets de technologie de l’information et de la communication. Panafricaniste, il promeut l’économie numérique au service exclusif du développement national à travers des usages innovant des TICs (technologies de l'information et de la communication).

Nastasia Beauséjour quant à elle, est journaliste à Berlin. Elle anime des ateliers sur le changement climatique et les fake news pour des étudiants internationaux, principalement en Iran en Bulgarie et en Lettonie avec Erasmus plus. Elle couvre les événements culturels tels que la "Berlinate" ou le Festival de Cannes. 

        [Lire aussi : La lutte contre les fake news, à l'heure du coronavirus]

Que ce soit sur les médias traditionnels (télé, radio, presse écrite), sur les réseaux sociaux (Whatsapp, Facebook, Twitter, Instagram, Telegram, etc.), les informations qui passent sur ces médias devraient en principe participer à une certaine réputation, tant sur le plan personnel que professionnel. Malheureusement le constat fait par les experts du monde du numérique est alarmant et nécessite une remise à niveau afin d’éduquer les professionnels sur l’usage de ces outils et ainsi les amener à partager du bon contenu, surtout des faits qui sont avérés et non des fake news.

Utilisez des outils de veille 

L’introduction massive des hautes technologies a considérablement impacté l’organisation de travail et les emplois depuis plusieurs années. Ainsi selon Malick Faye, formateur en système d’information et chef de projet multimédia, "la digitalisation ne date pas d’aujourd’hui. Depuis 2005 elle était vraiment à 360°. Et le COVID-19 entérine cet état de fait".

Selon ce dernier, il est important de maîtriser les outils de veille pour savoir comment trouver les informations, surtout en ligne. "Le journaliste doit être beaucoup plus présent sur les réseaux sociaux afin de se constituer un bon réseau", ajoute-t-il. Pour ce faire il conseille des plateformes qui permettent de centraliser l’ensemble des blogs à travers le monde. Il s’agit notamment de Google Alert, pour recevoir des informations sur certains domaines, afin d’être plus efficace, il y a également Inoreader, qui permet d’avoir les informations en temps réel.

De plus, il existe, selon lui, des outils collaboratifs qui "permettent de partager des notes et de les garder en temps réel". Pour ce faire plusieurs outils sont recommandés par le formateur en systèmes d’information. Parmi eux, Evernote, et Pocket, qui eux aussi permettent d’avoir des informations en temps réel.

Étant donné que chaque recherche nécessite une certaine confidentialité, les moteurs de recherche ne sont pas à exclure, et il faut savoir les utiliser. Ainsi, il suggère : Facebook focus, l’onglet de Firefox, qui selon lui permettent d’avoir des navigations privées. D’autres outils sont aussi conseillés afin de réaliser les interviews en ligne. Il s’agit notamment de l’application Zoom, les logiciels Teams de Microsoft, Meet de Facebook, Whatsapp, Zencastr, etc. "Ces applications sont en phase avec l’éthique. Elles permettent de collecter des informations, et respectent la dimension de la protection des données personnelles", a-t-il rappelé.

Nastasia Beauséjour précise tout de même que dans l’usage de ces outils, il faut faire attention aux fake news. Selon cette dernière, "avec la pandémie, le data-journalisme se développe beaucoup, parce que les journalistes travaillent beaucoup de chez eux". 

Évitez les risques lors des interviews par téléphone

Pour Malick Faye, trois paramètres sont à prendre en compte. Premièrement, il faut une préparation de l’ordre environnemental. Selon lui, "le journaliste se doit d’être dans l’écosystème sociologique de la personne à interviewer pour donc la préparer à trouver un agrément favorable".

Deuxièmement, il faudra sensibiliser la personne à interviewer pour avoir les meilleurs résultats attendus. Dans ce cas ajoute-t-il, "il faut beaucoup sensibiliser sur les aspects techniques pour que l’interview ne soit pas coupée". Ainsi rappelle-t-il "tout ceci émane de la culture digitale du journaliste".

Troisièmement, il faut une maîtrise parfaite des logiciels de montage. Selon lui, il est nécessaire de savoir, utiliser Zencastr, un important outil pour faire des interviews à distance. Mais dans la mesure où cette application ne pourrait pas être utilisée, Whatsapp est là, pour faire cette interview, le journaliste doit donc bien maîtriser les techniques de montage pour savoir bien monter le son au point de pouvoir éliminer tous les éléments sonores qui ne sont pas conformes". Nastasia Beauséjour ajoute à son tour que l’application Signal est également, "un excellent outil de travail pour le journaliste, et permet d’envoyer des messages, passer des appels sans avoir ce souci de savoir si on peut être écouté ou traquer".

            [Lire aussi : Neuf conseils pour mener ses interviews à distance]

Choisissez des applications avec des chiffrements de bout en bout

En prenant l’Afrique comme exemple, le constat fait par Malick Faye est que "généralement, la plupart des jeunes sont sur Whatsapp. Mais, il y a également Telegram qui assure la sécurité et la confidentialité des données qu’on appelle la sécurité ou le chiffrement bout en bout, et  qui permet de sécuriser le canal de communication".

Selon lui, ces applications sont très accessibles car elles permettent aux journalistes de faire une interview avec une cible qui respecte la qualité de la connexion. Car ajoute-t-il "une autre dimension des outils digitaux, reste l’accessibilité et la connectivité, afin que les interviews se fassent dans les règles de l’art".

Pour Nastasia Beauséjour, "aujourd’hui, à l’ère de la communication multicanale, chacun veut accumuler le maximum de vues, ce qui fait que toutes les informations sont les bienvenues. Mais il faut faire attention, car beaucoup d’informations sont erronées". Malick Faye conseille donc aux journalistes, "de développer un centre qui collecte les bonnes informations. À défaut, chacun collecte son information et devient dans ce cas une source". 

"S'approprier ses médias sociaux pour mieux toucher sa cible"

Aujourd’hui la nouvelle donne de la communication c’est les médias sociaux selon Malick Faye. "Toute entreprise de communication, ainsi que les entreprises de presse doivent s’approprier des médias sociaux pour mieux toucher leur cible", a-t-il évoqué. Selon lui, il ne s’agit pas seulement de faire des publications classiques (TV, radio, presse-écrite), mais il faudra savoir quel type d’information le journaliste est sensé collecter et quels sont les outils appropriés. Le reste n’est qu’une question de pertinence et de qualité de l’information.

Les réseaux sociaux sont considérés comme des outils incontournables. Puisque selon Malick Faye, surtout en prenant le Sénégal comme exemple, "sur 12 millions de connectés, neuf millions sont toujours en ligne". Et pour toucher ses différentes cibles, il conseille "de développer une stratégie de communication digitale pour pouvoir donc sensibiliser les jeunes à travers les réseaux sociaux". 

La connexion internet, un défi en Afrique

La pandémie du coronavirus a poussé beaucoup de gens à migrer vers le numérique. Ceux qui étaient réticents, se sont finalement engagés à utiliser cet outil qui aujourd’hui est devenu indispensable. En Afrique l’un des défis à relever, reste, selon Malick Faye un défi de contenu.

Selon ce dernier pour utiliser le numérique afin d’être beaucoup plus présent sur internet, il faut du contenu, et surtout du contenu à forte valeur ajoutée. Mais il ne peut pas être créé si on n’a pas accès à une connexion de qualité. Ainsi conseille-t-il, "les journalistes, les utilisateurs, les universitaires, et les États doivent faire du mieux possible, afin de conduire cette politique,  histoire de sortir le continent dans le fossé qui bloque le développement économique".

Les bons réflexes avant de partager 

Il faut savoir vérifier, écouter, et être vigilant avant de partager les informations. Pour Malick Faye, il faut surtout réfléchir avant d’aimer les publications. Nastasia Beauséjour évoque pour sa part le data journalisme afin d’avoir les informations en temps réel. Selon cette dernière, "il faut être là où sont les gens pour pouvoir trouver les bonnes informations, les analyser, les traiter afin de pouvoir les partager".


Photo sous licence CC Freestocks via Unsplash


Emmanuel Kokou AKAKPO est un journaliste togolais. Il a travaillé pour la Télévision TV7 comme journaliste-rédacteur, puis en presse-écrite chez Golfe Info (qui traite des questions liées à l'économie). Il collabore également à deux sites d'information en ligne : www.vert-togo.com (spécialisé dans les questions de l'environnement, de la santé et de l'économie), et www.lenouveaureporter.com (presse généraliste).