COVID-19 : 8 conseils pour diffuser des informations sans susciter la panique

6 mai 2021 dans Couvrir le COVID-19
Une femme regarde par la fenêtre

Depuis des mois, plusieurs journalistes à travers le monde font face à l’avalanche d’informations anxiogènes sur la pandémie du COVID-19. Ainsi, le Forum de reportage sur la crise sanitaire mondiale a organisé un webinaire sur le sujet, le 42e, qui s’est déroulé le jeudi 22 avril.

Cette séance a gravité autour d’une question principale : "Comment informer sans semer la panique ?". D’autres questions secondaires ont été également posées afin d’enrichir les échanges : "les journalistes doivent-ils publier toutes les informations qu’ils reçoivent sur la maladie ?" ; "Comment mener des reportages sur la crise sans stresser les lecteurs ?", "Comment couvrir la pandémie de manière responsable ?"

Grâce à ces échanges, plusieurs conseils ont été prodigués par les panélistes en vue d’aider les journalistes à travers le monde à produire des travaux de qualité en évitant la panique auprès des auditeurs, lecteurs ou téléspectateurs. 

 

 

"Le devoir du journaliste est de faire des analyses, de donner des informations qui permettent aux publics ciblés de prendre des décisions responsables", a indiqué Nicolas Phythian, ancien directeur de rédaction de l’Agence Reuters pour l’Afrique de l’Ouest, ancien directeur de l’information politique et générale de Reuters pour l’Asie, consultant médias auprès de la Fondation Reuters, l’ONU, la Banque mondiale…

1. Bien filtrer les informations

Cette problématique rejoint la réalité selon laquelle le journaliste est le premier entonnoir qui doit, à son niveau, filtrer tout ce qu’il reçoit de diverses sources. 

Nicolas Phythian a expliqué qu'il faut "tenir compte des besoins du public. Il faut analyser les informations à travers une grille de lecture qui va permettre à tout un chacun de mieux comprendre cette crise sanitaire". 

2. Eviter le sensationnalisme 

Hervé Mugisha, journaliste reporter au groupe de presse IWACU’ de Bamako (Mali), estime que le sensationnalisme est un piège susceptible de semer la panique auprès du public. "Il faut l’éviter lors de la couverture de la crise sanitaire mondiale", a-t-il insisté. 

Ce conseil a été appuyé par Phythian. Ce dernier a renchéri affirmant que le sensationnalisme est appelé autrement ‘’Journalisme jaune’’, c’est-à-dire qui produit une forte impression, qui amène des appréhensions.

3. Lutter contre la désinformation 

A ce niveau, Mardochée Boli, journaliste scientifique et fact-checkeur, a souligné la nécessité, en tant que journaliste, de travailler efficacement pour balayer la désinformation qui, souvent, sème la panique.

[Lire aussi : Les astuces d'un fact checkeur pour traquer les fausses informations]

 

"Il faut donner la bonne information pour éviter des rumeurs. Pour cela, il sied de s’approcher des autorités sanitaires pour avoir cette bonne information. Cela permet de démentir ce que la rue fait circuler", a-t-il conseillé, tout en recommandant aux journalistes de rester dans l’essentiel. 

4. Recourir au journalisme de solution 

C’est Nicolas Phythian qui le prône : "On peut vivre une situation, mais il faut une solution à l’appui. Il ne faut pas nécessairement être un journaliste scientifique. Cela fait partie de la curiosité du journaliste", a-t-il souligné. 

5. Bien vivre l’événement pour bien le couvrir

A ce niveau, Nicolas Phythian a attiré l’attention des journalistes afin que ces journalistes soient des témoins oculaires des événements pour bien couvrir l'information.

"La couverture médiatique dépend également du vécu. Les journalistes doivent vivre les événements liés au COVID-19 pour bien les rendre. Pour cela il faut bien comprendre chaque action ou chaque situation", a-t-il insisté.  

6.  Bien choisir les mots lors du traitement

"Le journaliste a le devoir d’éviter des qualificatifs et des mots anxiogènes", a déclaré un autre panéliste en citant Karin Wahl, professeur de journalisme à l’Université de Cardiff.

"Ce professeur a, lors d’une étude concernant la couverture de la pandémie, découvert, dans des articles, des expressions anxiogènes comme 'virus tueur’ ; 'pandémie très mortelle' etc. Il faut donc les éviter", a-t-il fait savoir.

7. Montrer sans choquer

Le même panéliste a indiqué que cette pratique a pour but d’informer objectivement et non d’impressionner. 

"Pour cela, il faut éviter de rentrer dans les détails sordides et les images blessantes qui heurtent le lecteur, auditeur ou téléspectateur en faisant primer l’émotion. Evitez d’exagérer les faits", a-t-il expliqué.  

Il a également insisté sur l'importance de bien choisir l’angle de traitement qui facilite déjà le travail du journaliste. 

Selon lui, un papier sans angle est comme une maison sans structure.

"Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément", a-t-il ajouté. 

8. Bien analyser les faits en appliquant le principe de précaution

A ce niveau Nicolas Phythian a invité les journalistes du monde entier à bien pénétrer les faits, bien les analyser. 

"Le journaliste doit évaluer ce qui se passe, ce qui se dit, puis prendre une décision", a-t-il indiqué en partageant l’expérience de ce qui se passe au Royaume-Uni. 

Il a souhaité que les journalistes produisent des ‘’papiers courts’’ tout en appliquant le principe de la précaution. 


Badylon Kawanda est journaliste, rédacteur en chef de la radio diocésaine Tomisa à Kikwit, en République démocratique du Congo. Il est également depuis 1995 directeur du Centre culturel Mwinda.

Photo : hedgehog via Unsplash, licence CC

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