Les journalistes écrivent-ils la plupart du temps pour les enfants ? Comment rendre l’actualité accessible aux tout-petits et leur permettre d’ouvrir leur regard sur le monde ?
Ces questions et bien d’autres ont été abordées lors du 106e webinaire du Forum francophone Pamela Howard de l’ICFJ (International Center For Journalists) sur le Reportage des Crises Mondiales, le mercredi 23 novembre, sous le thème "Comment les journalistes peuvent expliquer les enjeux mondiaux aux enfants ?". C’est Kossi Balao, son responsable, qui a assuré la modération.
Pour parler de ces sujets, il a reçu plusieurs invitées :
- Caroline Gaertner, responsable du Journal des Enfants en France,
- Laure Gnagbé Blédou, directrice éditoriale et marketing chez Bayard Afrique,
- Lamia Rassi, cofondatrice de Planete News, qui édite Kel Yom, journal à destination des enfants au Liban,
- Catherine Bahl, fondatrice de WoW News en France,
- Dr Aralynn McMane, présidente de Global Youth & News Media en France.
Voici ce qu'il fallait retenir de leurs échanges.
Pensez journalisme de solutions
Dr Aralynn McMane a insisté sur l'importance d'utiliser le journalisme de solutions dans l'actualité destinée aux plus jeunes : "il ne suffit pas seulement de parler des problèmes, il faut passer en outre aux solutions".
Dans le traitement d’une actualité de crise, le langage doit également être soigné pour offrir la possibilité aux enfants de poser des questions, ce qui est une nécessité, explique-t-elle.
"Les enfants ne vivent pas sur la planète Mars, ils ne peuvent pas éviter les informations qui les entourent, comme le disait François Dufour, l'un des fondateurs de Play bac presse [NDLR, qui édite par exemple Le Petit Quotidien]", renchérit-elle.
L’écriture adaptée pour les enfants
Caroline Gaertner, explique de son côté qu’il faut partir du principe de base suivant : "se dire que l'enfant ne connaît rien’’. Elle procède par un exemple, la guerre en Ukraine : "il n'est pas acquis pour un enfant que Poutine est le président de la Russie", d’où l’importance de revenir sur des éléments de contexte, faire découvrir le monde à l'enfant. L’écriture doit être simple et sans tabou, pour former les citoyens de demain.
Un point de vue partagé par Catherine Balle, fondatrice de WoW News en France. Elle avance que tous les sujets sont abordés sans tabou par son média à destination des enfants, en utilisant notamment le journalisme de solutions, comme en a fait mention Dr Aralynn McMane .
Comment aborder les sujets difficiles
La responsable du Journal des Enfants, Caroline Gaertner, pense que tous les sujets peuvent être abordés sans tabou. Il faut juste adapter le vocabulaire avec les bons mots. Par exemple, au lieu de parler d'un "massacre", on évoque "le grand nombre des victimes".
Savoir se mettre à la place des enfants
Caroline Gaertner pense également qu’il est toujours important de se mettre à la place des enfants et de renoncer aux jeux de mots pour faciliter la compréhension. En somme, revenir à la base du journalisme, qui est écrire pour être lu.
"Les enfants ne peuvent pas être pris pour des ignorants. Au sein de notre journal, certains envoient même les sujets qu'ils aimeraient nous voir aborder. [...]".
Comment donner le goût de lecture aux enfants ?
Donner le goût de la lecture aux enfants, les lier avec la réalité de ce qui se passe dans le monde fait partie des priorités du magazine Planète J'aime Lire, affirme la directrice éditoriale et marketing chez Bayard Afrique, Laure Gnagbé Blédou.
En outre, son magazine organise régulièrement des ateliers dans les écoles sur plusieurs sujets, dont la maltraitance.
Partageant son expérience, Lamia Rassi trouve que dans la culture méditerranéenne arabe, les adultes parlent des sujets graves, mais ne veulent pas en dire plus aux enfants lorsque ces derniers manifestent cette curiosité, d’où le besoin en tant que journaliste et éducatrice, de s’adresser à ces jeunes enfants à travers son magazine.
Photo : Benjamin Manley via Unsplash
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