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Face à la pandémie de COVID-19 qui a décimé des âmes à travers le monde, les médias de la République démocratique du Congo (RDC) – radios, TV, presse écrite et en ligne – se sont impliqués de façon particulière dans la sensibilisation afin de pousser la population à la prévention, au respect des mesures barrières et au changement des comportements. Les cas confirmés de COVID-19 reculent petit à petit, le gouvernement a levé ‘’l’Etat d’urgence sanitaire’’ et plusieurs activités sont de nouveau sur les rails.
Plusieurs radios et télévisions du pays, par exemple, ont commencé par bouleverser ou revoir leurs grilles de programmes pour s’impliquer dans la lutte.
C’est le cas de la Radio Tomisa, du diocèse de Kikwit, l'une des radios communautaires de la province du Kwilu dans le sud-ouest de RDC. Pendant les mois de mars, avril, mai, juin et juillet, 60 % d’émissions ordinaires étaient suspendues, le temps d’antenne pour diffuser les quelques émissions restées était réduit.
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"Cette virulente pandémie nous interpelle tous, y compris les médias. Tomisa, comme radio communautaire qui est proche de la population ne peut que s'impliquer dans une forte sensibilisation", déclare l’Abbé Guy Masieta, directeur de la radio.
Il ajoute que les mêmes messages, c’est-à-dire le respect des mesures barrières, continuent à être diffusés dans toutes les langues vernaculaires parlées dans ce coin du pays.
Même réalité avec la radio-télévision Venus de la même ville. Son directeur, Gloire Munungi, fait savoir que de temps en temps la station fait appel aux spécialistes de la santé pour parler de la pandémie.
A Kinshasa, Radio Okapi, radio onusienne, comme plusieurs autres radios de la capitale congolaise, ont également revu leurs grilles d’émissions. Okapi a même créé une émission spéciale dénommée ‘’Coronavirus, parlons-en’’ animée chaque jour par Jean-Pierre Eulalie.
La RTNC (Radiotélévision nationale congolaise), média public du pays, à l’instar d’autres TV du pays, diffusent régulièrement des messages de lutte contre la pandémie.
A Kinshasa comme en province, les responsables audiovisuels ont monté des spots de deux minutes en plusieurs langues et ils continuent à être diffusés.
La presse écrite et en ligne ne sont pas en marge
Le site Politico publie en ligne chaque jour les statistiques de la pandémie qui viennent des institutions compétentes afin d’interpeller les lecteurs. Media congo, le Journal des nations, actualite.cd , actu30.cd etc. publient régulièrement des papiers sur la pandémie de COVID-19.
Mêmement avec les journaux papiers comme La Prospérité, La Référence plus, L’Observateur, Le Potentiel, L’Avenir, La Nouvelle République, Forum des As, La voix du paysan congolais etc.
Tous les médias, quelle que soit leur nature, continuent à réaliser des reportages, des magazines ; à dénoncer les mauvais gestes de nature à favoriser la propagation de la maladie.
"Il y a des moments, nous faisons des reportages conjoints avec d’autres confrères ou consœurs", témoigne Louis Muntuku, un des journalistes basé à Lubumbashi, province du Haut-Katanga dans le sud-est du pays.
Toutes les structures et tous les services, y compris le ‘’Secrétariat technique’,’ impliqués dans la lutte, recourent toujours aux médias pour faire passer leurs messages de sensibilisations ou livrer des informations concernant des actions qu’ils mènent sur le terrain.
Les directives du CSAC
Pour réaliser ces actions, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), l’organe de régulation des médias du pays, a, dans un communiqué de presse publié le 27 mars 2020, formulé des directives et recommandations aux médias et aux acteurs politiques.
Le CSAC a invité les journalistes et les médias à privilégier la bonne information et à éviter la course au scoop ; à privilégier l’information officielle venant du gouvernement, de l’OMS, du Secrétariat Permanent de Riposte contre le COVID-19 et d’autres services compétents.
Il leur a été demandé de ne publier le nombre de nouveaux cas et décès que lorsqu’ils étaient confirmés par les services compétents.
Le premier cas de COVID-19 en RDC a été confirmé le 10 mars 2020. Au fur et à mesure que les jours passaient le nombre des cas augmentait et la situation sanitaire devenait de plus en plus délicate.
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Devant cette situation, le président de la République, Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, avait, le 24 mars dernier, décrété ‘’l’Etat d’urgence sanitaire’’. Ecoles, instituts supérieurs, bars, restaurants, églises, lieux de cultes, stades etc. étaient fermés. Des rencontres de plus de 20 personnes interdites sur toute l’étendue du pays.
Une institution technique de lutte dénommée ‘’Comité multisectoriel de Riposte’’ (CMR) était mise sur pied et qui continue aussi à publier, de façon quotidienne, des nouvelles concernant la pandémie de ce pays via un bulletin.
Au 8 juin 2020 par exemple, en plein état d’urgence, le bulletin N°77 notait 153 nouveaux cas confirmés et 179 cas suspects détectés après investigations. La commune de la Gombe, épicentre de la maladie, était dans le confinement.
Mais à partir de juillet 2020, grâce aux travaux des médias, aux efforts du CMR et des autres personnes impliquées, le nombre de cas confirmés a commencé à diminuer.
Au 19e jour du même mois, le bulletin numéro 177 révélait 40 nouveaux cas confirmés, situation différente par rapport à la réalité antérieure.
Et au 10 novembre 2020, le bulletin numéro 231, le plus récent, indique 14 cas confirmés sur 202 échantillons testés. C’est un recul.
Déjà, au 21 juillet 2020, à minuit, prend fin l‘état d’urgence proclamé le 24 mars pour faire face à l‘épidémie de COVID-19, et renouvelé à six reprises.
Le président Tshisekedi avait levé cette mesure a insisté que la fin de l’Etat d’urgence ne veut pas dire la fin de l’épidémie.
Toutes les activités ont repris de façon progressive
"Depuis son apparition, le COVID-19 occupe une place importante au sein de l’espace public et fait l’objet d’une forte médiatisation notamment au niveau des médias classiques (radio, télévision, presse écrite …), a reconnu le site Calenda.org dans un article intitulé ‘’Médias, réseaux socio-numériques et COVID-19 en Afrique’’.
Même si le nombre des cas confirmés reculent, la pandémie, elle, n’est pas terminée.
De son côté, le bulletin du CMR numéro 231 du 10 novembre 2020 informe que depuis le début de l’épidémie déclarée le 10 mars 2020, le cumul des cas est de 10 656, dont 10 655 cas confirmés et 1 cas probable. Au total, il y a eu 316 décès (315 cas confirmés et 1 cas probable) et 10 963 personnes guéries.
Photo d'illustration sous licence CC Chapman Chow via Unsplash
Badylon Kawanda est journaliste, rédacteur en chef de la radio diocésaine Tomisa à Kikwit, en République démocratique du Congo ; Il est également depuis 1995 directeur du Centre culturel Mwinda.