Beaucoup de pays à travers le monde et surtout sur le continent africain veulent bien voir leurs démocraties émerger et changer la vie des concitoyens. Cela ne se réalise pas de façon magique. Pour atteindre cette ambition, le journaliste est l’un des acteurs clés. Son rôle demeure crucial afin que cette filière démocratique se développe et que les effets se sentent petit à petit.
Claude Mumpa et Sylvain Muyansi, experts en développement en RDC, soutiennent que les sociétés démocratiques protègent le droit des citoyens d'exprimer librement leurs opinions sans être inquiétés ; ces sociétés défendent aussi l'État de droit, appliquent des règles qui demandent aux gouvernants de bien prévoir et contrôler des actions qu’ils mènent, d’organiser régulièrement des élections transparentes et de soutenir la presse indépendante.
IJNet se propose donc de donner quatre conseils clés que les journalistes et autres professionnels des médias à travers le monde peuvent appliquer afin que la situation démocratique et ses différents piliers aillent de l’avant.
1. Couvrir les manifestations publiques comme l’une des expressions de la démocratie
Pour qu’une démocratie devienne forte et ait un impact sur la vie des concitoyens, les manifestations publiques demeurent incontournables. Lorsque de tels événements se déroulent dans un coin du monde, le journaliste est appelé à les couvrir en toute liberté, de façon professionnelle, tout en étant prudent et protégé.
« Quand tous les médias (radios, télévisions, journaux, sites d’informations ainsi que plusieurs autres canaux) en parlent régulièrement, cela incite généralement les dirigeants à améliorer leurs décisions ou leur façon de travailler pour le bien des populations. Cela respecte également le droit du public d’être informé. La démocratie par ricochet émerge », indique Maître Valentin Mbalanda, un des activistes des droits humains en République démocratique du Congo (RDC).
Le Conseil de l’Europe le rappelle : « Couvrir des rassemblements publics, y compris des manifestations, qui sont d’intérêt général est fondamental. Ce qui est en jeu ici, c’est le droit de recevoir ou de communiquer des informations. Les journalistes jouent un rôle capital en rendant compte en toute indépendance de réunions publiques et en donnant des informations sur la manière dont les autorités gèrent les manifestations et répriment les troubles éventuels ».
2. Multiplier des reportages relatifs aux différents piliers de la démocratie
Les « piliers de la démocratie » sont les traits caractéristiques par lesquels on reconnaît une démocratie dans un pays. Parmi ces piliers il y a, par exemple, l’Etat de droit, la société civile active, la transparence dans la façon de gouverner, une presse indépendante, des élections transparentes et régulières, la liberté d’expression, une opposition républicaine, le respect des droits humains.
Multiplier des reportages concernant les différents piliers de la démocratie offre une facette pédagogique qui enseigne même tous les méandres de la démocratie à toutes les catégories des gens que compte la société.
« Multiplier des reportages présente plusieurs avantages significatifs : - L’approfondissement de la compréhension du sujet ; - La diversité des perspectives ; - La sensibilisation et l’éducation sur une situation ; - La vérification des faits ; - L’engagement du public… En somme, multiplier des reportages sur un même sujet est essentiel pour garantir une information riche, nuancée et accessible, favorisant ainsi un débat public éclairé », explique Jean Mankondo, journaliste à Newsblogworld.info
3. Bien maîtriser et appliquer les différentes lois en vigueur et en participant à leurs vulgarisations
La démocratie va de pair avec les lois d’une nation. Les journalistes ou les médias se doivent de maîtriser toutes les lois en vigueur et participer activement à leur vulgarisation. «Une démocratie est forte si les lois sont fortes, convenablement appliquées, et si la justice fait convenablement son travail, de façon indépendante», soutient Floribert Kiama, directeur adjoint du Centre culturel Mwinda, une des structures de la société civile basée à Kikwit, ville économico-politique de la province du Kwilu dans le sud-ouest de la RDC.
Toutefois, « lorsqu’un président de la République promulgue une ou deux lois qui sont contraire à la démocratie ou qui renforce la dictature, la démocratie est en danger, car le démantèlement de la démocratie se fait souvent via de mauvaises lois. Le journaliste doit inviter les juristes et les activistes des droits humains pour faire le décryptage et dénoncer ces lois afin d’inciter le président de la République à abroger ces lois anti-démocratiques », déclare Me Valentin Mbalanda, juriste et activiste des droits humains.
Il ajoute que parmi les lois prioritaires à maîtriser, il y a la constitution du pays ; les déclarations, les traités ou lois qui parlent des droits humains.
4. Enquêter sur des sujets qui ont trait à la violation des droits humains
Les droits humains sont des besoins innés inaliénables de tous les êtres humains.
Ces droits humains restent un des piliers majeurs de la démocratie dans un pays. C’est pourquoi les journalistes et les activistes s’efforcent de participer à la promotion et à la vulgarisation de ces droits universellement reconnus.
En cas de violation d’un ou de plusieurs droits humains pour les autorités compétentes, les journalistes peuvent enquêter afin de faire des révélations et de décourager les prédateurs.
« Le journalisme et l’enquête jouent un rôle crucial dans la manière dont les informations sont recherchées et présentées au public. Ces pratiques permettent de découvrir des vérités cachées et de tenir le public informé des questions importantes », note Godefroid Lulendoka, un des journalistes indépendants en RDC.
Photo de João Marcelo Martins sur Unsplash