Le titre est un élément clé d'un article de presse. C’est le premier contact du lecteur avec une production journalistique et le meilleur appât pour attirer le lecteur à se procurer un journal ou à cliquer sur un lien d'article publié sur un site d'information. Mais à quoi reconnaît-on un bon titre ? Est-ce facile de trouver un bon titre pour son reportage ou article ? Quelles sont les astuces pour rédiger un titre qui ne laissera pas son lectorat indifférent ?
Ces interrogations ont constitué le sujet principal du 131e webinaire organisé par le Forum Pamela Howard de l’ICFJ (International Center For Journalists) sur le reportage des crises mondiales.
Fabrice Rousselot, directeur de la rédaction de The Conversation France, avec Bigué Bob, rédactrice en chef du quotidien sénégalais EnQuête, et Jérôme Bouvier, ex-directeur de Radio France Internationale (RFI), ont donné plusieurs clés pour écrire un bon titre d’article au cours de ce webinaire animé par Kossi Elom Balao.
Trois qualités importantes
"C'est le titre qui va déterminer si une personne, oui ou non, va lire un article," confie Fabrice Rousselot de ces 25 années d’expérience passées au journal français Libération.
Il considère que pour qu'un titre d'article de presse attire les lecteurs, il doit posséder trois qualités fondamentales: être informatif, pertinent et susciter l’envie de lire.
Ainsi, un bon titre doit aussi intégrer des mots clés en lien avec le contenu de l'article. "Ce qui fait la pertinence d'un titre, c'est le fait d'être conforme à ce qu'il y a dans l'article. Aussi, un bon titre d’article ne devra pas poser de polémique ni être sujet à plusieurs interprétations ou nécessiter des explications," précise Bigué Bob.
Court et percutant
La longueur ou le nombre de mots que devrait comporter un bon titre d’article fait souvent débat. Même si un long titre n’est pas forcément mauvais, de l’avis de Bigué Bob, un bon titre est court et percutant.
L’atout d’un tel titre pour un article web, c’est qu’il tire profit du référencement. Il a plus de chance d’atteindre un plus grand nombre de lecteurs.
"Aujourd’hui, on réfléchit un peu à faire en sorte que les articles apparaissent en référencement assez haut sur les plateformes et donc qu’ils soient bien titrés. Sur ce critère, vous êtes obligés d'avoir des titres courts," explique-t-elle.
Toutefois, si un bon titre devrait être court, il doit être écrit avec des mots clés de l’article et des mots simples.
Éviter le sensationnel à la quête de l’incitatif
Un bon titre, celui qui incite à lire, n’est pas forcément celui qui est sensationnel. En faire une pratique et détourner les contenus par leurs titres relève de la malhonnêteté.
Un titre sensationnaliste pourrait même réduire largement la portée de l'information qu’il est censé diffuser.
« Nous devons faire attention à ne pas sombrer de la vérité au sensationnalisme, auquel cas ce serait plutôt négatif pour les titres et pour tout le monde. Cette pratique entraîne les journalistes vers les écueils de la désinformation », ont alerté les panelistes.
Des astuces
Pour écrire un bon titre d’article, il faut parfois prendre un peu de temps pour y parvenir. "Quand je cherche un titre, je prends le temps qu'il faut pour trouver le bon," partage la rédactrice en chef du journal EnQuête.
De fait, de l’avis des intervenants, pour trouver un bon titre, il ne faudrait pas l’écrire avant d’avoir bouclé l’article lui-même. "Un titre vient après l'étape de rédaction de l'article. C'est vraiment le principe de base," estime Fabrice Rousselot. L’autre astuce consiste à bien structurer son article. "À partir du moment où on écrit un bon article, c'est plus facile de trouver un bon titre."
L’autre astuce partagée par les panélistes est de faire apprécier le titre par les collègues journalistes de la rédaction et de l’adopter de manière collective.
Toujours pas facile
Malgré son importance, un bon titre pour un article de presse n’est pas si facile à trouver. Cette complexité à trouver un bon titre réside parfois dans la recherche de l’attraction du lecteur.
"Vouloir donner envie, c'est là où commencé la difficulté. La question de comment avoir un titre attractif tout en étant rigoureux et précis n’est pas facile. Le journaliste dans cette quête pourra être tenté de proposer des titres malhonnêtes," explique Jérôme Bouvier.
L’autre difficulté est liée au défi de toujours s’assurer que les lecteurs comprennent le titre peu importe les tournures adoptées et les mots utilisés.
En l'absence d'une formule magique, il est conseillé au journaliste qui souhaite avoir un bon titre d'éviter les imprécisions, de titrer juste en restant simple et créatif.
ChatGPT, la solution ?
L’intelligence artificielle bouleverse déjà le métier de journalisme et le fera davantage. Mais elle n’est pas la solution parfaite pour générer de bons titres.
"L'intelligence artificielle va pouvoir nous apporter des outils utiles mais à condition que ce soit toujours le journaliste décide au final. Donc, à la limite, un journaliste peut demander à ChatGPT des propositions de titres, pourquoi pas. Mais à la condition qu'il s'en inspire ou que derrière, ce soit lui et lui seul qui décide du titre pour ne pas risquer de laisser l’IA prendre le contrôle du journalisme", conclut Jérôme Bouvier.
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