Chaque semaine, dans le cadre du Forum de reportage sur la crise sanitaire mondiale, des webinaires et formations vous sont proposés. Rejoignez-le pour étendre votre réseau et vos connaissances sur la pandémie.
Phénomène global et complexe, considéré par beaucoup comme le sujet le plus important du 21e siècle, dont les conséquences vont au-delà des simples données d’atmosphère et de température, les changements climatiques suscitent autant passions que critiques, conjectures et controverses, en même que des plans mondiaux, plus ou moins ambitieux, pour leur faire face.
Signe que l’enjeu est de taille, la question a rassemblé plusieurs pays du monde sur nombre d’années, notamment aux Conférence des Parties (COP). Lors de la dernière réunion du G7, le sujet était une fois encore au cœur des discussions, à côté de la relance post-COVID-19, c'est dire l’importance qu’elle revêt non seulement dans les discours des politiques, mais aussi dans les planifications stratégiques et des politiques publiques.
Pour son 53e webinaire de formation, le Forum de Reportage sur la Crise Sanitaire Mondiale s’est justement concentré sur ce sujet devenu central, en compagnie de trois voix aguerries : Ndiol Maka Seck, journaliste, chef de bureau du quotidien Le Soleil, Rolande Aziaka, directrice du média Eco Conscience TV et David Akana, responsable de la communication et du marketing du Conseil Ouest et Centre africain pour la Recherche et le Développement agricoles (CORAF).
La rencontre a été modérée par Kossi Elom Balao, journaliste et responsable du Forum Francophone de reportage sur la crise sanitaire mondiale.
Alors, comment améliorer la couverture médiatique du changement climatique?
Au fil des échanges, six piliers majeurs se sont dégagés pour permettre au journaliste d’améliorer ses reportages ou articles.
Maîtriser le sujet et se documenter
Il faut avant tout se documenter autant que possible sur la question, consulter les rapports d’experts, des conférences, les notes officielles des organismes compétents comme le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat ), l’ONU, le Club de Rome, etc…
Selon Ndiol Maka Seck, il faut ainsi comprendre d'abord avant de pouvoir expliquer. De même, pour David Akana, les faits sont extrêmement importants, et "il faut continuer à innover pour pouvoir communiquer tout ce qui est lié au changement climatique. Nous ne pouvons pas communiquer sur le sujet changement climatique comme le sujet sportif ou le sujet politique."
On ne peut expliquer ce qu’on ne comprend pas soi-même.
Embrasser la complexité
"Le changement climatique, c'est la politique, c'est le business, c'est la santé", illustre David Akana.
Il ne faut donc pas se limiter aux strictes questions scientifiques, mais faire des connexions avec les autres sujets de société : notamment, la sécurité, l'agriculture, l'économie.
Les changements climatiques ramifient à tous les niveaux de la vie des pays et des communautés.
En s'appuyant sur ses connaissances acquises (au premier point), il peut mieux expliquer à son public l’ampleur du défi, et ses nombreuses interconnexions. Montrer le lien, quand il existe, entre le climat et l’assiette du lecteur, ou sa facture d’eau et d'électricité.
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Faire simple
"Le journaliste doit être capable de capter l'essentiel qui est important pour son public", précise tout de go la journaliste Rolande Aziaka.
Trop de données rendent un reportage confus. Or, le journaliste doit justement d’expliquer, simplement que possible. Pour cela, il peut faire semblant de ne rien connaître sur la question, et (se) poser autant de questions que possible : c’est ainsi qu’il parviendra à répondre à celles du lecteur ou du public.
De même, la simplicité passe par le fait de parler le langage du lecteur, parfois littéralement.
"Comment traduire l’expression “changement climatique” dans nos langues [locales] respectives? [Il faut] trouver l'équivalent dans la langue de communication, et identifier cela avec la réalité contextuelle", propose ainsi David Akana. En ajoutant que, “les lecteurs sont souvent ceux qui ne maîtrisent pas le langage scientifique. Il faut donc se demander à qui s'adresse le contenu ?”.
Trouver des exemples locaux
Les articles et reportages qui parleront le plus à un public sont ceux dans lesquels il peut se reconnaître. C’est d’autant plus important pour des régions comme l’Afrique, qui n'ont pas tous les focus nécessaires, alors qu’elles font partie des plus affectées par la défi climatique.
Pour se démarquer et marquer, il s’agit donc de produire des contenus locaux, à travers ses propres enquêtes, aussi modestes soient-elles.
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Identifier les sources d'interférence
Il faut rester objectif et honnête avec les faits, comme l’ajoute l'un des panélistes. Car le climat concentre d'importants enjeux énergétiques, économiques, politiques et environnementaux, aux pressions de certains lobbies (pro-climat ou climato-sceptiques, etc…).
Le journaliste, aussi passionné soit-il, doit par exemple se “méfier” de “l’expert” aux affirmations péremptoires et non sourcées, et de la recherche de sensationnel.
Mettre l'accent sur les solutions : la résilience des communautés
Enfin, il s’agit de mettre la lumière sur les solutions, autant que possible.
"La couverture médiatique du changement climatique influence l'opinion publique sur le sujet", insiste Rolande Aziaka. C’est donc vers un journalisme de solutions qu’il faut se tourner, pour ne pas laisser le public avec un sentiment d'impuissance, mais plutôt mettre en lumière les solutions pratiques, les success stories et la résilience des communautés.
Ecrivain, poète et essayiste togolais, Ayi Renaud Dossavi est actuellement journaliste économique à l’Agence Ecofin et pour le média Togo First. Auteur de cinq ouvrages, il est lauréat de nombreux prix littéraires et d’écriture dans son pays et à l’international, notamment avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement.
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