Dans un contexte où le secteur des médias au Congo-Brazzaville fait face à des défis immenses, l'association Journalisme Éthique Congo (JEC) s'impose comme un acteur incontournable. Pour JEC, le journalisme éthique repose sur la vérification rigoureuse des faits, le respect des principes déontologiques, et l'engagement envers une information impartiale et responsable.
Portant haut les valeurs de l'éthique et de la déontologie journalistique, JEC qui a vu le jour en 2022, s’est engagée à former les professionnels du secteur pour garantir un journalisme de qualité et lutter contre la désinformation, une menace omniprésente qui sape la crédibilité des médias et influence dangereusement l'opinion publique.
Mme Annie Ngandzali, journaliste à GO TV et GO RADIO, a bénéficié d’une des formations données par cette association en 2023. Elle témoigne de l’impact de la formation suivie, axée sur "Comment construire un reportage."
"Cette formation m'a appris comment réaliser un reportage de terrain. J'ai pu concrétiser ce savoir en produisant un dossier sur la pénurie d'eau à Mpissa et un documentaire sur l'historique de Linzolo," raconte-t-elle.
Les modules de formation de JEC, toujours en présentiel et d’une durée maximale de cinq jours, incluent des ateliers pratiques et des exercices interactifs. Concernant la construction d’un reportage, les participants apprennent à structurer leurs sujets, collecter les témoignages, et réaliser un travail approfondi de recherche sur le terrain.
De même, JEC propose des formations spécifiques à des périodes sensibles, comme la couverture des élections. Les journalistes y apprennent à éviter de diffuser des informations non vérifiées, à respecter les règles déontologiques, et à maîtriser les lois électorales. Ces modules combinent études de cas, mises en situation et discussions sur les pratiques professionnelles éthiques.
Consciente de la valeur des compétences reçues, Mme Ngandzali a décidé d'adhérer à JEC, malgré le fait que l’ahésion soit payante dans un contexte économique assez difficile pour les journalistes et médias. Un investissement qu’elle considère comme nécessaire pour sa carrière.
Pour beaucoup de journalistes, le JEC représente bien plus qu’une simple association. Mme Aboyo Issami Gavmelle Kostelie, journaliste freelance, affirme que les formations du JEC ont été une chance inestimable.
"JEC est une association sérieuse qui enseigne la déontologie et l’éthique, renforçant ainsi les capacités des journalistes pour mieux exercer ce métier risqué," souligne-t-elle. Selon elle, l'application des techniques et méthodes de reportage apprises a transformé son approche professionnelle et ajouté une plus grande rigueur à ses reportages quotidiens.
Le JEC, dirigé par Arsène Severin Ngouela son directeur exécutif, ne ménage aucun effort pour promouvoir un journalisme éthique.
"Nous formons des journalistes professionnels pour qu’ils saisissent l’importance des bonnes pratiques éthiques et puissent changer les choses de l’intérieur," explique-t-il. Ces formations ne se limitent pas aux bases : elles couvrent des sujets essentiels, tels que la vérification des faits ou encore la couverture des élections, où les journalistes sont invités à vérifier scrupuleusement leurs informations et à maîtriser la législation électorale.
Les initiatives de JEC s’étendent également à des thématiques comme les questions environnementales. L'association ne se contente pas de former, mais se montre proactive en rappelant régulièrement aux rédactions l'importance du respect des règles éthiques.
"Nous alertons les responsables des médias dès que nous sommes informés d’une pratique contre l’éthique," assure le directeur exécutif. Ce suivi permanent et cette vigilance renforcent le climat de responsabilité dans le paysage médiatique congolais.
Le travail des journalistes au Congo-Brazzaville reste semé d'embûches. La loi 08-2001 garantit certes la liberté d'expression, mais le climat politique tendu crée une atmosphère hostile, où les acteurs politiques, qu’ils soient de l’opposition ou de la majorité, exercent des pressions silencieuses. "Les prédateurs de la liberté de la presse agissent de diverses manières : des pressions au téléphone, des menaces à peine voilées, et parfois l’usage de la police pour intimider," témoigne Arsène Severin Ngouela.
Face à ces menaces, JEC s’efforce de rappeler aux journalistes l’importance de rester professionnels, de ne pas céder aux pressions économiques et de se détacher des engagements politiques. "Les pressions surviennent souvent lorsque les journalistes deviennent négligents, se positionnant comme des activistes politiques ou des lanceurs d’alerte," précise-t-il. JEC plaide donc pour un retour aux bases : un journalisme rigoureux, centré sur les faits et la vérification des faits.
Au-delà de la formation, JEC inspire et motive les journalistes, surtout les femmes, à s’investir dans ce métier difficile mais noble. Avec plus de 50 journalistes formés à la couverture des élections et une vingtaine de femmes renforcées dans leurs capacités à traiter les grandes questions de société, depuis sa création, l’impact de JEC est indéniable.
Le travail de JEC reste un modèle prometteur dans un environnement complexe. En effet, Journalisme Éthique Congo incarne une réponse locale puissante et innovante, pour un avenir où l'éthique, la responsabilité et la vérité seront les fondements d’un journalisme durable en République du Congo.
Crédit photo principale : JEC
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