Cinq conseils pratiques pour bien couvrir les questions électorales

Aug 9, 2021 в Sujets spécialisés
Des personnes glissent des bulletins de vote dans l'urne

Plusieurs journalistes à travers le monde éprouvent des difficultés pour collecter, traiter et diffuser des informations relatives aux élections, surtout en période électorale. Quelques fois certains parmi eux évitent de travailler sur de tels sujets, pourtant les médias et les journalistes jouent un grand rôle dans la réussite ou non des élections dans un pays et pour la consolidation de la démocratie. 

Un manuel de formation intitulé Monitoring des médias en période électorale martèle : "Les médias et les journalistes constituent un enjeu crucial dans la formation de l’opinion et dans la promotion de la participation publique au processus électoral. Ils jouent un rôle essentiel dans le déroulement d’une élection démocratique permettant l’accès des électeurs à toutes les informations indispensables pour faire un choix éclairé et conscient au moment du vote".

Or, en RDC par exemple, lors des dernières élections de décembre 2018, 15 journalistes de la province du Kwilu dans le sud-ouest du pays, avaient renoncé à couvrir ces sujets parce qu’ils étaient soit brutalisés par certains leaders des partis politiques les accusant d’être partiaux, soit chassés des bureaux ou centres de vote suite à la non maîtrise des matières y afférentes, indique un rapport du ‘’Club des journalistes de Kikwit pour les droits humains’’ (CJKDH), une ASBL (Association sans but lucratif) spécialisée dans les questions des droits de l’Homme. 

IJNet en français propose, via cet article, cinq conseils pratiques pour permettre aux professionnels des médias de bien couvrir des sujets en période électorale. 

1. Bien maîtriser la loi électorale du pays concerné

Pour bien couvrir des sujets liés aux élections, le journaliste ou le professionnel des médias doit avoir par cœur l’un des documents juridiques de base qui est la loi électorale. 

Cette maîtrise permettra à ce professionnel des médias d’être à la fois pertinent, efficace et sensibilisateur afin de rendre un travail de qualité susceptible d’atteindre les résultats escomptés. 

Selon Ace, un des réseaux du savoir électoral à travers le monde, "L'acte réglementaire principal est incontestablement la loi électorale, mais les situations varient sur ce point selon les pays qui ont fait l'objet de l'étude. On peut observer une certaine tendance à incorporer toute la réglementation régissant les processus électoraux à suffrage universel dans un code électoral unique". 

Le journaliste peut concevoir des sujets à partir de cet important document. 

2. Choisir et traiter des sujets dont on a les matières

À ce niveau, il est conseillé de ne pas s’embrouiller avec des sujets dont le leitmotiv n’est pas maîtrisé. Car il y aura des conséquences néfastes en termes de perte d’efficacité, de perte d’énergie et de temps. 

En d’autres mots, si les matières relatives aux sujets ne sont pas maîtrisées, ce sera  un travail risqué et sans issue. 

"La plus grande bêtise est d’emprunter ou d’aborder un chemin dont on ne connaît pas les tenants et les aboutissants", déclare Jean-Pierre Musotolo, un des chercheurs congolais. 

3. Contacter toutes les sensibilités et tous les acteurs électoraux 

Pour réaliser une bonne couverture pendant la période électorale, il est important de ne pas s’afficher comme un partisan d’un parti ou d’un regroupement politique. Le journaliste est invité à aborder tous les ténors impliqués dans le sujet choisi. 

Cet exercice permettra d’obtenir un papier équilibré, surtout concernant des ‘’sujets à controverse’’. Tout cela doit se faire dans le strict respect du ‘’Code d’éthique et de déontologie’’ du journaliste. 

4. Bien faire les portraits des candidats

Afin que les électeurs fassent un choix responsable le jour du vote dans l’isoloir pour l’avenir de leurs entités territoriales ou leurs pays, ils ont le droit d’être bien informés concernant tous les candidats qui sont dans la course. Sinon le vote ne sera pas utile.

Pour ce faire, il sied de bien s’informer sur le candidat à propos de son passé, sa personnalité, ses réalisations, ses études et ses différentes formations etc. Ce travail entre dans la logique de la responsabilité sociale du journaliste. 

"Le portrait dessine la personnalité de quelqu’un et met en valeur l’originalité de son parcours", révèle un manuel de formation publié par l’agence de presse Syfia Grands Lacs en juin 2009. 

5. Se documenter régulièrement  

Faire un travail sans documentation serait un produit sans qualité. C’est pourquoi le journaliste doit devenir un ‘’Rat de bibliothèque’’. "Un trésor est caché dedans", disait Jean de la Fontaine, un auteur français. 

En matière électorale, toutes les lois y afférentes, la constitution, des manuels de sensibilisation et de formation électorales, les documents publiés par la centrale électorale… sont utiles pour le travail du journaliste. 

"Il est significatif que le journaliste de presse quotidienne n'utilise que des documents d'information immédiate, et ponctuelle et ne s'intéresse pas ou peu aux sources d'information rétrospective", affirme Christine Leteinturier, maître de conférences à l'Institut français de presse, au sein de l'université Panthéon-Assas. 

Elle est spécialisée dans la sociographie des journalistes et la sociologie de l'innovation et des réseaux de communication. 


Badylon Kawanda Bakiman est journaliste, rédacteur en chef de la radio diocésaine Tomisa à Kikwit, en République démocratique du Congo ; Il est également depuis 1995 directeur du Centre culturel Mwinda.

Photo sous licence CC via Unsplash, Arnaud Jaegers