Paroles d'experts : les erreurs courantes à ne pas commettre en journalisme radio

Feb 11, 2022 em Bases du journalisme
Une femme parle au micro

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Un webinaire animé le 27 janvier dernier dans le cadre du Forum Pamela Howard de Reportage sur les Crises Mondiales du Centre International pour les Journalistes (ICFJ) a permis de mettre en lumière certaines attitudes essentielles à adopter par les professionnels des médias pour ne pas commettre les erreurs courantes observées en journalisme radio.

Les intervenants étaient Walter Mulondi, journaliste radio depuis plus de 25 ans. Il a été plusieurs fois directeur de média. Il a piloté un programme de la Fondation Hirondelle et co-dirigé pendant 10 ans MINUSTAH FM, la radio de l’ONU en Haïti. Il a également travaillé au service francophone de la radio de l’ONU à New York et a collaboré avec le service swahili de Canal Afrique/ SABC, la BBC et la Deutsche Welle. 

Kossi Balao, le modérateur du webinaire, a également reçu Alphonse Ken Logo, journaliste plurimédia et ancien directeur des informations à la radio privée Kanal FM.

Etant donné que le journaliste radio propose à ses auditeurs une information rapide, tous les panélistes du webinaire sont persuadés qu’il faut avoir les qualités nécessaires pour s'exprimer au micro.

À la question posée par Kossi Balao, pour connaître les compétences requises pour exercer le journalisme radio, Walter Mulondi, explique que selon lui, l'exigence principale pour la radio "est d'avoir une belle voix et avoir la technicité de transmettre l'information de manière plus simple que possible."

"Il faut surtout avoir les compétences et être capable de garder la tête froide et son esprit tranquille dans l’exercice de son métier", a fait remarquer le panéliste.

Si les principes de base du journalisme radio exigent de privilégier un vocabulaire usuel et simple, Ken Logo affirme que l’habileté dans l’écriture radiophonique se mesure par une  technicité. L'objectif étant de transmettre l'information et relater l’événement de la manière la plus simple possible pour un auditeur lambda.

 

 

Voici les éléments-clefs à retenir de ce webinaire.

Analyser la grille des programmes

Avant de s’engager pour travailler à la radio, il faut surtout prendre le temps d'observer toute la grille : s'agit-il d'une station destinée à un public jeune ? Est-ce une radio grand public ? Quel est le créneau de la cible que vous voulez atteindre ?  

Par ailleurs, le panéliste recommande qu’après analyse de la grille éditoriale ou la grille des programmes, le journaliste doit ensuite proposer quelque chose de nouveau, parce qu'il faut aller de l'avant avec quelque chose de différent et un projet clair.

"Il ne faut pas venir et marcher sur les plates-bandes des autres confrères ou consœurs parce que les collègues qui vous ont précédé dans cette radio ont leur espace et ils ont prouvé leurs compétences. En tant que nouveau venu, vous n'allez pas venir bousculer ce qui était déjà établi", conseille Walter Mulondi.

Respecter la loi de la proximité

La hiérarchie de l’information, c’est le classement des informations effectué par la radio en ordonnant ces informations de la plus importante à la moins importante.

Ici, les panélistes ont souligné que respecter la loi de proximité reste primordial, en se focalisant sur les informations ayant le plus d'importance pour son audience.

"Chaque fois qu'on est derrière le micro, on ne doit pas chercher à se satisfaire soi- même, on est plutôt là pour satisfaire un public qui cherche à vous capter", a fait remarquer Ken Logo.

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Responsabilité sociale du journaliste

"Les auditeurs ont besoin d'une certification dans les esprits par rapport à un point de vue. Et quand le journaliste vient le confirmer en utilisant les méthodes professionnelles, cela permet à l'audience de se construire leur propre opinion", affirme Mulondi.

Abondant dans le même sens, son confrère Ken Logo du Togo affirme que cette responsabilité sociale du journaliste est lourde, que l'on doit chercher à savoir ou avoir la véracité des faits.

"Informer est considéré comme source de légitimité du journaliste devant la société", souligne-t-il.

Bannir le plagiat et le copier-coller

Il a été observé que la grande erreur chez la plupart des journalistes radio réside dans le fait de chercher à traiter l'actualité comme sur des stations de radio internationales alors qu’on n’a pas les mêmes histoires. 

"Les journalistes utilisent parfois des grands mots pour impressionner les auditeurs et certains vont jusqu'à lire un article qu'un média en ligne a diffusé, alors que nous avons besoin d'être concis et précis en utilisant des mots que tout le monde peut comprendre", affirme Mulondi.

Pour sa part, Ken Logo observe que parfois les journalistes commettent les mêmes erreurs "car ils sont simplement amoureux du son de leur voix".

"La plupart ne tiennent pas non plus compte du fait que leurs reportages vont avoir un impact sur les personnes qui sont en train de les écouter", souligne-t-il. 

Travail de l'émotion

"La voix, à la radio, représente un monde d’événements dont la présence se fait par le biais d’évocations produites par le son", explique Mulondi, alors que son confrère Ken Logo reconnaît que de par cette expérience, la radio est quelque chose qu'il ne faut pas laisser entre des mains inexpertes.

Mais si cette responsabilité sociale a échoué chez certains médias, les panélistes ont montré que le non-respect de l’éthique et de la déontologie, la précarité du métier de journaliste représentent quelques entraves intrinsèques pour exercer son métier avec professionnalisme.

Face au contexte actuel caractérisé, notamment par la course au scoop et la chasse aux perdiems pour certains journalistes, Mulondi estime que les professionnels des médias devraient adopter un comportement éthique et éviter d'être à la merci de ceux qui leur donnent de l'argent pour diffuser l’information.

"Les journalistes radiophoniques doivent refuser ces méthodes déloyales pour accéder à l'information", affirme Mulondi.


Photo sous licence CC via Unsplash, Soundtrap