Le jeudi 9 novembre s’est tenu le 124ème Webinaire initié par le Forum Pamela Howard sur les crises mondiales du Centre International pour les journalistes (ICJF) basé à Washington. Dans cette édition spéciale animée par le directeur du Forum, Kossi Balao, une question ultime s’est posée, à savoir, comment devenir un meilleur journaliste. C’est sous ce thème que le journaliste multi primé et ancien correspondant francophone du comité pour la protection des journalistes (CPJ) basé à New York nous a livré tous ses secrets pour devenir un meilleur dans ce métier.
« S’il est vrai qu’il existe des bons journalistes, il faut admettre qu’il en existe aussi qui ne font pas honneur à la profession ». C’est sur cette note qu’a débuté la formation animée par Kossi Balao. Il reconnaît-il qu’il n’y a que cette profession qui regorge des praticiens qui font mal leur métier. « Il en existe dans tous les corps de métiers.» Dans cette session qu’il anime exceptionnellement seul, il nous délivre des conseils utiles pour devenir un bon journaliste.
Amour du métier
Exerçant le métier de journaliste depuis plus d’une décennie, Kossi Balao, pense que l’amour du métier est le premier des critères que doit avoir un journaliste qui aspire à en devenir meilleur. Il ne faut pas simplement exercer le métier par passion, car cela ne suffit pas toujours. « On peut, si on se lance qu’avec de la passion, se retrouver très vite désillusionné, ou désenchanté, et avoir envie de faire autre chose que le journalisme », prévient-il.
Pour faire du journalisme, il faut être armé d’une assez grande motivation pour pouvoir défier les déconvenues qu’on pourrait être amené à rencontrer au cours de l’exercice du métier. Il faut être en mesure de répondre à la question : « Est-ce un métier que je désire exercer toute ma vie ? Est-il fait pour moi ? », conseille le journaliste multiprimé, qui est convaincu qu’il n’est pas facile de demeurer journaliste.
Être porteur d’un idéal
On ne devient pas journaliste pour gagner de l’argent car ce métier ne permet pas de s’enrichir. C’est pourquoi le journaliste doit être porteur d’un idéal. Autrement dit, il doit avoir une volonté de servir l’intérêt général, l’utilité publique. Il doit être au service de la vérité, être honnête et partisan de la démocratie. Le bon journaliste selon lui, c’est celui qui est porteur des valeurs « d’honnêteté, d’intégrité, de transparence, de loyauté envers son public et qui se montre fidèle dans la narration des faits, ne cherchant pas à mentir, ni à induire en erreur ou à travestir les faits ».
Le bon journaliste doit, par ailleurs être courageux. Du courage, il en faut, beaucoup. Au risque, pour le journaliste, de s’éviter l’autocensure. La peur n’est pas un bon allié pour les journalistes. La peur peut conduire à éviter de « poser des questions qui fâchent, ne pas se rendre sur le terrain, ne pas vouloir déplaire son employeur ou une entité quelconque ». Il peut s’agir parfois, de la peur de se retrouver au chômage et de perdre son salaire ». Ces défis, le journaliste doit toujours être capable de les surmonter.
Développer un esprit critique
Un bon journaliste est celui qui a une bonne capacité de réflexion, d’écoute et d’analyse car le journalisme est un travail purement intellectuel. Il faut être capable de remettre en doute ses propres croyances et accepter de se remettre en cause. « Si votre désir est d’exceller dans ce métier, vous devez vous cultiver et développez un esprit critique. Vous devez être de fins critiques de l’actualité. Vous ne devez pas tout prendre comme parole d’évangile », prévient le directeur du Forum Pamela Howard sur les crises mondiales.
Aussi, il invite les journalistes à se trouver des modèles, à suivre des journalistes qui ont impacté positivement le métier grâce à leurs travaux. Il a cité plusieurs exemples comme Albert Camus, Albert Londres, Joseph Pulitzer, ou Nobert Zongo qui ont su marquer leur époque grâce à la qualité de leurs travaux. Il estime essentiel de « se trouver un modèle pour s’en inspirer afin de tracer son propre chemin et sa propre inventivité ».
Savoir raconter une histoire
Le bon journaliste est celui qui est capable de rendre les sujets importants, intéressants et pertinents. Il sait comment raconter de manière compréhensible pour surprendre son public. Il sait mettre « mettre au cœur du récit, l’élément humain. C’est-à-dire privilégier les histoires qui ont un impact sur la vie des gens », rappelle-t-il.
Avant de conclure la formation, le fondateur et rédacteur en chef du journal en ligne The Confidential Report, appelle ses confrères à vérifier les informations avant de les partager. « Le journaliste doit tout vérifier systématiquement et tout remettre en cause ». Il doit être rigoureux et exigeant. Il doit toujours chercher la vérité et apporter des réponses car c’est en cela que consiste le métier de journaliste. Et ce n’est que de cette façon qu’on devient un meilleur journaliste.
Photo de Denissa Devy sur Unsplash
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