Les outils utilisés par des journalistes de la RDC pour lutter contre la désinformation

par Badylon Kawanda Bakiman
3 oct 2023 dans Lutte contre la désinformation
Photo by <a href="https://unsplash.com/@franganillo?utm_source=unsplash&utm_medium=referral&utm_content=creditCopyText">Jorge Franganillo</a> on <a href="https://unsplash.com/photos/34zq7tzqRSw?utm_source=unsplash&utm_medium=referral&utm_content=creditCopyText">Unsplash</a>

Pour lutter efficacement contre les fausses nouvelles et publier des informations fiables ou crédibles, des journalistes en République démocratique du Congo (RDC) recourent de plus en plus aux outils professionnels en ligne, et cela de façon rigoureuse. Une pratique qui suscite la confiance du public consommateur même si beaucoup reste encore à faire.

Grégoire Longo est journaliste à News Blog World dans la province du Kwilu dans le sud-ouest de la RDC. Il rédige un article concernant la guerre en Ukraine ainsi que ses impacts économiques sur le continent africain. Son plus grand souci : Ne pas tomber dans des ‘’Fake News’’ et publier un produit propre à consommer.

‘’Je reçois plusieurs informations à travers les réseaux sociaux. Pour lutter contre la désinformation, je recours à un outil en ligne appelé ‘’In VID Verification Plugin’’. Cet outil me permet d'obtenir rapidement des informations contextuelles sur les vidéos, Facebook et YouTube ; d'effectuer une recherche d'image inversée sur le moteur de recherche. Cet exercice écarte les désinformations», témoigne-t-il.

M. Longo explique que ‘’In VID Verification Plugin’’, comme boîte à outils, a été fournie, il y a quelque temps, par le projet européen InVID pour aider les journalistes à vérifier les contenus circulant sur les réseaux sociaux.

Quête d’efficacité

Quant à lui, Godé Pindi, journaliste-manager de la radio communautaire ‘’Kimvuka na Lutondo’’  basée  à Kenge (province du Kwango)  et Coordonnateur de l’Union des Radios de Proximité du Grand Bandundu (URPB), affirme qu’il rassure ses sources en veillant sur la crédibilité des sites ayant diffusé l’information.

‘’J’utilise souvent Google et yandex pour croiser les sources et faire les recoupements afin de vérifier l’information, anéantir les fake news et assurer la neutralité des sources’’, indique-t-il. M. Pindi élucide que s’il recourt souvent à ces deux outils c’est en raison de leur vitesse et leur pertinence de navigation autant que de leur sécurité.

À Kinshasa, la capitale, les journalistes sont nombreux à recourir aux outils professionnels pour se débarrasser des désinformations. 

C’est le cas, par exemple, de Marcel Ngoyi Ngoyi Kyengi, Editeur-Directeur général de ‘’La Prospérité’’, un quotidien paraissant à Kinshasa, créé le 7 février 2001.

Marcel Ngoyi Ngoyi note qu’à tout moment, avant toute publication des éditions, ‘’La Prospérité’’ procède aux croisements des sources, donc à la vérification des informations recueillies pour éviter de verser de l’huile sur le feu et d’alimenter l’intox.

‘’Tous les outils liés aux bienfaits de nouvelles technologies de l’information et de la communication sont utilisés. Allusion faite ici à la consultation des informations sur toutes les plateformes de téléchargement (WhatsApp, vidéo, photo, YouTube, Instagram, Pinterest, tic-toc, emails, skype, appels téléphoniques, et autres descentes sur le terrain’’, ajoute-t-il.

Toujours à Kinshasa, Monique Liwanga, journaliste à la Radio Muntu, affirme qu’elle recourt souvent à Bing et à hoabuster.com pour se rassurer des informations qu’elle traite et diffuse.

‘’Ces deux outils m’aident à faire une recherche inversée en important une image afin de trouver l’origine d’une photo et vérifier si elle ne provient pas d’un autre contexte ou événement plus ancien. L’idée est d’éviter la récupération d’un visuel pour tenter de crédibiliser les informations’’, soutient-elle.

Dans l’est du pays, précisément  à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, Papy Ongele, un freelance journaliste collaborant avec quelques sites d’informations, utilise des outils comme https://www.snopes.com/ et https://inteltechniques.com/tools/

«Grâce à ces outils, je vérifie  les mythes et les rumeurs.  Ces sites sont devenus des références faisant autorité pour démystifier les demi-vérités et les affirmations scandaleuses. Il y a des fois je recours à Chat GPT qui est une intelligence artificielle. J’avais commencé par créer  un compte», argumente-t-il.

Désinformation : une véritable épidémie ?

Tous ces journalistes mènent cette lutte dans un contexte particulier, car, depuis quelques années, plusieurs ‘’Fake News’’ (de fausses nouvelles ou des désinformations) circulent non seulement à travers des réseaux sociaux, mais également à travers d’autres médias (sites web non crédibles, radios, etc.) désorientant ainsi le public. Cette situation s’apparente à une sorte d’épidémie  ou de pandémie qui pollue des contenus médiatiques.

Concernant par exemple le contexte de la pandémie de Covid-19, plusieurs ‘’Fake News’’ avaient dérouté des communautés concernant la vaccination créant ainsi des résistances.

Le 3 mai 2023, à l’occasion de la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse, le président de la RDC, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a interpellé les journalistes et les entreprises  de presse sur « ce fléau qui menace notre société à l’heure du numérique ». Il s’agit du Fake News ou de fausses informations.

En juillet 2021, l’UNESCO avait organisé un forum à Kinshasa afin de lutter contre les désinformations. Pendant deux jours, journalistes, enseignants et représentants des organisations de défense des droits des journalistes ont discuté sur le Fake news. Il était question pour les participants de reconnaitre une fausse information, lutter contre sa vulgarisation, repérer et éviter l’information malveillante.

‘’J’encourage tous les journalistes de notre pays qui s’évertuent de lutter contre les Fake News, car la population a droit aux informations de qualité, vérifiées et crédibles’’, déclare Paul Dimpa, un activiste des droits humains en RDC.


Photo by Jorge Franganillo on Unsplash.