Chaque semaine, le Forum de Reportage sur la Crise Sanitaire Mondiale lancé par le Centre international pour les journalistes (ICFJ) organise des rencontres en ligne qui visent à aider les journalistes dans leur couverture de la pandémie de COVID-19. N'hésitez pas à le rejoindre.
Le jeudi 25 février, Kossi Balao, le responsable du Forum, s’est entretenu avec le journaliste béninois Vincent Arnaud Deguenon et Anto Mulanga de la République Démocratique du Congo (RDC), lesquels font partie des lauréats du concours Covering COVID. Une compétition de reportage, organisée par l’ICFJ, dont vous pouvez retrouver le palmarès dans cinq langues ici.
Distingués dans la catégorie "Corruption et criminalité", ils ont produit chacun un reportage qui dénonce la corruption autour du COVID-19.
Leurs parcours
Vincent Arnaud Deguenon est reporter à Bénin Web TV depuis 2016. Web rédacteur et analyste économique, il parle de ses débuts de carrière. "Nous en sommes là juste par passion. Lorsque vous le faites par passion, dit-il, vous n’avez plus de contrainte, de barrière. Vous évoluez aisément".
Rédactrice en chef du magazine en ligne La Guardia, Anto Mulanga a pratiqué tous les formats du journalisme. Pour elle, "le journalisme est une passion innée. Une passion née depuis la petite enfance’’.
L’idée du reportage
Vincent est l’auteur du reportage Frontière bénino-togolaises : le scandaleux "COVID business" installé à Hilacondji. A l’en croire, l’idée est partie de témoignages. "Juste après la fermeture des frontières, des amis s'y sont rendus. Ils m'ont dit qu’elle est fermée officiellement mais c’est possible de passer. Je me suis demandé pourquoi ? Après leurs explications, je me suis intéressé au sujet", a-t-il fait savoir.
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La journaliste Anto Mulanga a produit un reportage intitulé RDC-COVID-19 : entre business et urgence sanitaire. Son enquête porte sur la gestion des fonds alloués à la riposte contre la pandémie en République Démocratique du Congo.
La rédactrice en chef raconte comment que son idée lui était venue, dès le déclenchement de la pandémie. ‘’Parce que déjà il y a des choses qui apparaissent louches auprès de la population. Il y a beaucoup d’argent qui a été déversé dans la lutte contre le COVID-19. Alors la population commençait à se demander où va cet argent ? Comment on le gère ?", a-t-elle expliqué.
Des techniques sur le terrain
Ils expliquent tous les deux avoir connu des difficultés d’accès à l’information lors de leurs enquêtes. Le reporter de Bénin TV explique que la sienne était liée à la présence des militaires alors qu’il se devait de prendre des photos pour illustrer son article. Heureusement, se réjouit-il, "j’ai pu trouver des personnes qui m’ont aidé".
Un constat corroboré par Anto Mulanga qui déclare que "l’accès aux sources comme pour toute information est vraiment un problème très sérieux en RDC", l’obligeant à faire appel à son savoir-faire et à plusieurs techniques pour recueillir l’information.
Conseils aux journalistes
Lors des échanges, ils ont reconnu que pratiquer le journalisme, notamment en Afrique, nécessite de relever de nombreux défis. Ils estiment que pour avancer dans ce métier, il faut s’armer de courage.
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"On n’écrit pas des articles pour gagner un prix. On le fait pour répondre à un besoin de la population, pour sensibiliser, pour informer, pour alerter", a rappelé le web rédacteur.
Avec plus de 10 ans d'expérience dans le journalisme, la rédactrice en chef du magazine La Guardia, Anto Mulanga, pour sa part, pense que "la passion seule ne suffit pas" pour exercer le métier de journaliste.
"Il y également la rigueur et le dévouement. Il faudrait s’armer aussi de beaucoup de volonté, de détermination. C’est au prix de sacrifices qu’on finit peut-être par être récompensé", a-t-elle renchéri.
Mawuédem Akotoh est journaliste à Lomé au Togo.
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