La culture : un moyen pour combattre la désinformation

22 janv 2025 dans Sujets spécialisés
Homme qui lit devant son ordinateur

La culture façonne l’identité des peuples et donc la nation. Quand on dit un peuple, ce qui se cache derrière, c’est une identité culturelle. Elle joue un rôle important dans la lutte contre la désinformation.

« La culture joue un rôle essentiel dans la lutte contre la désinformation en favorisant une meilleure compréhension des valeurs, des contextes et des identités des individus et des communautés », explique le fact-checkeur camerounais Bienvenue Atchinale Adama. Dans la transmission des valeurs, il indique que « la culture véhicule des valeurs d’intégrité, de vérité et de respect qui, sensibilisent les citoyens à l’importance de rechercher des informations fiables ». Concernant l’éducation par les arts, notre interlocuteur affirme que « les formes d’expression culturelle comme le théâtre, le cinéma, la musique et la littérature peuvent éduquer sur les dangers de la désinformation et développer l’esprit critique ». Par exemple, dit-il, « des pièces de théâtre ou des  documentaires sur les impacts des fake news peuvent conscientiser les publics ».

« Il n’y a aucun domaine qui est mieux placé pour lutter contre les stéréotypes et la désinformation », indique, par ailleurs, Paul Pisseti Sagna, artiste et entrepreneur sénégalais. De son côté, Keving Young, directeur du Musée National de l’histoire de la culture afro-américaine, est convaincu que « les stéréotypes peuvent être abattus et la désinformation contrée ».

La culture, un moyen pour combattre la désinformation

« L’art et la culture en général peuvent être utilisés pour rallier les peuples et les communautés, tout en promouvant la compréhension et l’acceptation », explique Mbang Ngoutane, journaliste camerounaise résidant au Tchad. A l’en croire, « il est important de savoir utiliser cet outil puissant ».

Abondant dans le même sens, Bienvenue Atchinale déclare que « la culture encourage les interactions entre groupes et favorise des discussions ouvertes qui permettent de confronter des points de vue et de démystifier les rumeurs ».

Rôle des médias dans la lutte contre la désinformation

Dans un monde où les réseaux sociaux sont une source majeure d’information et de désinformation, savoir distinguer un fait d’un mensonge est un enjeu démocratique majeur. Dans ce travail d’éducation, les médias doivent prendre toute leur part. « Les médias sont des acteurs clés dans la lutte contre la désinformation, car ils ont une influence directe sur la façon dont les informations sont perçues et diffusées », dit le fact-checkeur camerounais Bienvenue Atchinale. « Les médias sensibilisent le public à décoder les informations, à comprendre les sources et à éviter de partager des contenus douteux », ajoute-t-il.

Pour l’analyste politique Ben Mactar Diop, « les médias ont un rôle prépondérant dans cette conception culturelle de l’information », en ce sens, dit-il, « les médias sont au cœur des sociétés, au cœur de l’humanité ». Selon lui, « les médias aiguillent, façonnent le monde ».

« Les médias doivent refléter la richesse des cultures locales et internationales pour réduire les stéréotypes qui alimentent souvent la désinformation » ajoute le fact-checkeur Bienvenue Atchinale. En étant des sources fiables, il indique que «  les médias renforcent la confiance des citoyens et les encouragent à s’informer auprès d’eux plutôt que sur des plateformes douteuses ».

Une nécessité de collaboration avec les acteurs culturels

« Les médias peuvent amplifier le message des artistes et des organisations culturelles qui sensibilisent à la désinformation », affirme le camerounais Bienvenue Atchinale. « Nous avons bien compris l’importance de la désinformation, mais, il y a beaucoup de choses qui se font au niveau des médias et nous travaillons main dans la main pour ainsi combattre la désinformation et déconstruire les préjugés », explique de son côté Yetide Badaki, écrivaine et actrice nigériane. Et d’ajouter : « les récits nous aident à mieux nous connaître nous-mêmes et quand on connait notre histoire, on pourra combattre les stéréotypes et la désinformation ».

Si la vérification des faits et des paroles devient progressivement une pratique ouverte au profane, du chemin reste à faire pour qu’elle soit intégrée à l’éducation générale des populations. D’autre part, dans de nombreux pays où l’information et les réseaux sociaux sont soigneusement surveillés, la limite entre contrôle de l’information et désinformation est très poreuse.

 


 

Photo de Emmanuel Ikwuegbu sur Unsplash