Comment proposer des sujets (pertinents) sur l’environnement

25 nov 2022 dans Reportage environnemental
Un feu à Portland, Oregon, USA

Comment s’assurer de proposer aux médias ou aux éditeurs de bons sujets d’articles (un reportage ou une enquête de qualité) sur l’environnement ? "Des sujets qui permettent au public de mieux comprendre l’urgence de la situation", précise Kossi Balao, le Directeur du Forum Pamela Howard de l’ICFJ sur le Reportage des Crises Mondiales

Le jeudi 10 novembre, lors du webinaire 104, il a reçu deux invités :

  • Augustine Kasambule, la coordinatrice régionale du Rainforest Journalism Fund pour le Bassin du Congo au Centre Pulitzer, 
  • Daouda Sow, il est rédacteur en chef de la télévision marocaine Medi1 TV pour le bureau de Dakar au Sénégal.

Les deux journalistes spécialistes de l’environnement ont partagé des conseils utiles pour dénicher de bons sujets d’articles. Des sujets qui peuvent parfois être financés par les organismes, comme le Centre Pulitzer.  

 

 

Faire des recherches 

L’environnement est un domaine vaste ayant un lien avec la santé, l’agriculture, le transport, etc., explique Augustine Kasambule. Selon elle, on ne peut pas manquer de sujets à force de chercher. 

"Quand on est journaliste, on doit lire. Non seulement lire des livres, mais lire aussi les articles des autres", recommande-t-elle. Elle ajoute : "En lisant par exemple un article produit par Kossi, je peux me rendre compte que Kossi a juste utilisé tel angle. Je peux découvrir l’angle qui a manqué ou que je peux exploiter à partir de l’article de son travail."

Elle pense également que les journalistes peuvent trouver de bons sujets en allant au-delà des conférences de presse ou des ateliers organisés par les scientifiques pour rendre publics leurs résultats issus des études, en cherchant les rapports d’enquêtes. 

"Dans l’atelier ils (les scientifiques, ndlr) vous donnent un résumé de leurs enquêtes. Ils ne vont pas revenir sur tous les détails. En lisant les rapports vous allez découvrir plusieurs sujets", insiste-t-elle. 

Le second invité de Kossi Balao, Monsieur Daouda Sow ajoute qu’il faut d’abord "identifier le sujet en appliquant le principe de la proximité géographique (…) En plus, essayer de voir ce qui a été déjà fait par les autres confrères sur la même question servira de base pour mieux préparer un sujet", note-t-il.  

S'intéresser à des sujets peu médiatisés

Augustine Kasambule coordonne pour sa zone les demandes de financement au sein du Pulitzer center. Selon elle, il est donc important que les journalistes viennent avec "des sujets qui sont peu reportés. C’est-à-dire peu médiatisés", suggère-t-elle. 

Elle ajoute aussi que les sujets doivent répondre aux "critères de subvention de l’organisme auquel le journaliste adresse sa demande de financement. Ces propositions auront beaucoup plus de chance d’être acceptées. Car à chaque organisme de financement son domaine d’intervention, ses critères de financement."

Pour ce faire, elle invite les journalistes à se référer au site Internet des différents organismes de financement de projets de reportage. 

Définir un bon angle de traitement 

La spécialiste prend comme exemple un éboulement de terrain sur un site minier. Alors que tout le monde a tendance à rapporter les faits, à parler du nombre de morts, etc., un autre journaliste, explique-t-elle, peut choisir de faire la différence en se posant ces questions :

"Y-a-t-il eu une entreprise minière qui a travaillé sur le site avant les exploitants artisanaux ? Est-ce qu’il y a eu des études des impacts environnementaux qui ont été réalisées ? Quelles sont les conséquences de cette activité sur les communautés ?", indique Augustine Kasambule. 

"Et lorsque je propose cet angle à un éditeur il ne va pas refuser", pense l’invitée de Kossi Balao.  

Utiliser les techniques du journalisme de solutions 

Daouda Sow précise qu’il "ne suffit pas seulement de parler des problèmes à chaque fois. Mais au-delà, montrer aussi les solutions qu’il y a", dit-il. 

Un point important, selon sa consœur de la République démocratique du Congo.  

"Nous avons eu des journalistes de la RDC, du Congo Brazzaville, du Cameroun qui ont accepté de se mettre ensemble pour travailler sur les forêts sacrées. C’est une thématique qui est purement traditionnelle, qui est propre à l’Afrique. Mais ces journalistes ont pu démontrer que seraient une solution en fait pour aider à la préservation de la forêt", relève Augustine Kasambule, qui coordonne les demandes de financement au sein du Pulitzer center.

Travailler en collaboration avec d'autres confrères   

Selon Augustine Kasambule, la collaboration constitue pour les journalistes une force. Cela produit beaucoup plus d’impact. 

"Je sais par exemple que Kossi est fort dans les données ou bien dans la cartographie ou encore dans les graphiques. Je vais travailler (avec lui). Parce que j’aimerais raconter mon histoire non seulement de façon simple, mais aussi évoquer des données. Et, celui qui peut aider pour que nos lecteurs puissent comprendre facilement ces données, c’est Kossi", conseille la journaliste congolaise. 

Aussi, recommande-t-elle, les journalistes peuvent se mettre ensemble sur des sujets au niveau non seulement local non mais aussi sur des sujets transfrontaliers. 

"Un travail collaboratif c’est la somme de plusieurs intelligences. L’impact est beaucoup grand que si l'on avait travaillé seul", insiste Mme Kasambule. 


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